Queenie est son prĂ©nom. Il lui a Ă©tĂ© donnĂ© par sa maman qui voyait dĂ©jĂ  en elle une « petite reine ». Après une aventure Ă  Star AcadĂ©mie, cette artiste originaire d’HaĂŻti, nĂ©e au QuĂ©bec et ayant vĂ©cu en Floride nous prĂ©sente son album Ă©ponyme, dans lequel elle chante en français, en anglais et en crĂ©ole. On y trouve de la pop, du RnB et mĂŞme un peu de reggae. Elle s’est jointe au label fĂ©minin Disques Juliette qui l’accompagne dans cette belle aventure. Notre journaliste Sandra Gasana s’est entretenue avec elle, alors qu’elle s’apprĂŞte Ă  vivre une nouvelle aventure dans une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e dans laquelle elle chante.

Modibo Keita a grandi Ă  MontrĂ©al, il est tromboniste de formation et joue autant qu’il peut lorsqu’il n’est pas programmateur au Festival international de jazz de MontrĂ©al. Depuis la mise en place de la nouvelle direction artistique de l’Ă©vĂ©nement, on voit que le jazz redevient une prioritĂ© dans la programmation extĂ©rieure, question de relancer l’intĂ©rĂŞt et Ă©ventuellement de faire passer en salles les artistes les plus fĂ©dĂ©rateurs. Aussi, l’Ă©quipe de programmation a recrutĂ© un vrai de vrai musicien de jazz, de surcroĂ®t un fin connaisseur de la tradition et de l’apport des nouvelles gĂ©nĂ©rationsen la personne de Modibo Keita. Il nous aide ici Ă  dĂ©busquer les musts de la programmation, en salle comme Ă  l’extĂ©rieur, bien au-delĂ  des Ă©vidences aussi mentionnĂ©es dans sa nomenclature. Alain Brunet l’a interviewĂ© pour PAN M 360.

BILLETS ET INFOS

Voici la seconde partie de l’interview de PAN M 360 rĂ©alisĂ©e par Alain Brunet avec le programmateur (et tromboniste) Modibo Keita, la meilleure tĂŞte de jazz dans l’Ă©quipe de programmation du Festival International de Jazz de MontrĂ©al (FIJM) 2025. Il poursuit la nomenclature des meilleures prises du festival parmi les plus ou moins 300 programmes prĂ©sentĂ©s cet Ă©tĂ©, soit du 26 juin au 5 juillet. Très instructif!

BILLETS ET INFOS

En avril 2024, la carrière de Carbonne a connu un tournant spectaculaire : son morceau Imagine est devenu viral sur les réseaux sociaux, rencontrant un succès monstre qui l’a propulsé au sommet des palmarès et sur les plus grandes scènes de France. Près d’un an plus tard, le natif de Montpellier traversait l’Atlantique pour réchauffer la scène des Francos avec ses hymnes ensoleillés.

Âgé de 28 ans, Carbonne, de son vrai nom Pierre Carbonne, propose un savant mélange d’influences méditerranéennes, d’éléments acoustiques et de textures électroniques. Guitare sèche, cajón et batterie sont au rendez-vous dans des titres accrocheurs qui donnent envie de bouger. Amour, chaleur et mélancolie s’entrelacent dans ses textes pour un cocktail solaire et entraînant.

De passage sur la grande scène des Francos la semaine dernière, le chanteur français s’est accordé parfaitement à l’ambiance estivale, transformant le Quartier des spectacles en véritable piste de danse. L’effervescence des Montréalais amassés devant la scène témoignait de l’ampleur de son succès ici : un an après sa sortie, Imagine cumule encore plus de 200 000 écoutes mensuelles au Canada.

Vous avez manqué son passage au Québec? Pas de souci : Carbonne sera de retour en spectacle à Montréal, au Studio TD, le 21 novembre prochain. Pour vos billets, c’est ici.

Avant de reprendre l’avion pour la France, PAN M 360 a jasé avec lui de son séjour québécois, de sa vie depuis le phénomène Imagine, de ses débuts en musique et bien plus encore.

PAN M 360 : Bienvenue au Québec! Votre séjour ici a été très chargé. Comment avez-vous vécu l’expérience?

CARBONNE : Oui, en effet, on est arrivés et on a joué au Festival Franco-Ontarien à Ottawa. Ensuite, on est allés à Montréal, et j’ai fait la première partie du concert de Fredz au MTELUS. Après, j’ai terminé le tout avec ma performance sur la Scène Rogers aux Francos. Ça s’est enchaîné, mais c’était très bien. C’était la première fois que mon équipe et moi venions ici.

PAN M 360 : Quel est votre ressenti par rapport Ă  votre passage ici?

CARBONNE : Franchement, c’était la folie. C’était incroyable. Mon dernier spectacle sur la grande scène des Francos était complètement fou. La foule était très impressionnante. J’ai eu la chance de me balader dans le Quartier des spectacles et j’ai pu essayer quelques restaurants, c’était trop bien. Ce qui m’a régalé au Québec, c’est à quel point les gens sont bienveillants. L’ambiance est géniale et agréable.

PAN M 360 : Lors de votre prestation sur la grande scène des Francos, vous disiez être fier et heureux que votre musique vous ait amené ici. Que représente cet accomplissement pour vous?

CARBONNE : C’est incroyable, ça démontre que notre musique traverse les frontières. Ça permet à mon équipe et moi de venir ici. Grâce à ça, on a vécu une superbe semaine.

PAN M 360 : Pour nos lecteurs qui ne sont pas familiers avec votre parcours : d’où venez-vous? Et votre passion pour la musique, c’est une histoire de famille, n’est-ce pas?

CARBONNE : Je viens de Montpellier, donc du sud de la France. J’ai commencé la musique à l’âge de 4 ou 5 ans. Comme je disais sur la scène des Francos, j’ai commencé par la batterie et mes premiers cours m’ont été enseignés par mon oncle. Maintenant, il est sur scène à la batterie avec mon équipe, c’est incroyable. J’ai joué de cet instrument pendant une dizaine d’années et, en parallèle, j’ai commencé à écrire mes premiers textes. Petit à petit, j’ai sorti mes premières vidéos à 18 et 19 ans. Cela m’a mené à où j’en suis aujourd’hui.

PAN M 360 : Vous l’avez mentionné, vous partagez la scène avec votre oncle. Que représente cela pour vous?

CARBONNE : Ça veut dire que les choses se sont bien faites et que tout prend son sens. Je pense que quand tu fais les choses sincèrement, au bout d’un moment, tout commence à prendre son sens. Mon oncle a déjà fait des tournées au cours de sa vie, c’était logique de l’avoir avec nous.

PAN M 360 : Qu’elles soient méditerranéennes, rap, électro ou hip-hop, vos influences sont multiples. Comment décririez-vous votre son?

CARBONNE : En effet, les influences méditerranéennes sont très présentes et il y a beaucoup d’éléments acoustiques; il y a beaucoup de guitare sèche et de cajón. En même temps, le tout est mélangé à des sonorités plus électroniques. Ça fait un mélange hybride de tout ça. En termes de mélodies, il y a un côté ensoleillé, mais sur fond de mélancolie. J’aime bien les contrastes. Au quotidien, j’écoute beaucoup de styles différents. J’écoute autant du reggae, de l’électro, du rap français et bien plus. C’est le mélange de tout ça qui m’inspire depuis toujours et qui fait ce que Carbonne est aujourd’hui.

PAN M 360 : Il y a un peu plus d’un an, la parution de votre titre Imagine a bouleversé votre vie en connaissant un succès monstre. Quel a été le plus beau moment depuis la sortie de cette pièce?

CARBONNE : Déjà, le fait de venir au Canada pour trois concerts, c’est incroyable. On a fait une soixantaine de dates en Europe depuis la sortie d’Imagine. C’est fou, j’ai eu la chance de jouer en première partie de Bigflo et Oli devant 30 000 personnes. De voir autant de gens chanter le morceau, c’était quelque chose. En tournée, on va à la rencontre du public et on réalise que cette chanson a permis à beaucoup de gens de nous découvrir.

PAN M 360 : Quelques semaines avant Imagine, vous avez sorti un morceau intitulé Tout va changer. Vous avez vraisemblablement un don pour prédire l’avenir! Dans cet ordre d’idée, quel sera le nom de votre prochain titre?

CARBONNE : Franchement, je ne sais pas du tout, je vais me laisser me prononcer à travers ma musique. En tout cas, c’est vrai qu’on a sorti Tout va changer le 4 avril et la vidéo d’Imagine a percé sur les réseaux sociaux le 17 avril. C’est fou!

PAN M 360 : Comment votre équipe et vous avez-vous vécu le fait de voir le nombre de vues grimper de manière phénoménale sur l’extrait d’Imagine publié avant la sortie du morceau? La chanson était-elle complétée lorsque la vidéo est devenue virale?

CARBONNE : Ça fait longtemps qu’on fait de la musique, donc cela ne nous a pas effrayés. Par contre, il fallait rester concentrés et surfer le plus loin possible sur cette vague. C’est pour ça qu’on a directement enchaîné avec une tournée.

Non, je n’avais que le refrain, elle n’était vraiment pas terminée. Ça a été fait très rapidement, dans la précipitation même, mais une bonne précipitation. Le résultat était à la hauteur.

PAN M 360 : Dans votre plus récent EP Par nous-mêmes, Música évoque un moment où vous étiez à la croisée des chemins et remettiez en question votre carrière musicale. Comment est né ce morceau?

CARBONNE : J’ai écrit ce morceau en décembre 2023 et janvier 2024. Ça faisait des années que je sortais de la musique et que j’étais déterminé. À un certain moment, j’ai commencé à me dire : « Bon, c’est bien, tu vis un peu de la musique, mais peut-être qu’il faudrait que tu ailles te trouver un travail plus stable ». Dans cette chanson, je m’adresse à la musique, et 3 ou 4 mois après, il s’est passé ce qu’il s’est passé avec Imagine. Ça démontre qu’il ne faut jamais abandonner et qu’au bout d’un moment, on récolte le fruit de notre travail.

PAN M 360 : Vous avez votre propre structure musicale, appelée PNM Production, et vous avez d’ailleurs sorti la majorité de votre matériel sous cette étiquette. Quelle est l’importance de ce projet pour vous?

CARBONNE : Ça permet de décider vraiment de ce que tu veux faire, d’aller loin dans ton propos et qu’il ne soit pas biaisé. Ça permet aussi de choisir les partenaires avec qui tu travailles. Éventuellement, j’aimerais avoir d’autres artistes sous cette étiquette. Le but, c’est de continuer d’avancer et de faire vivre le tout.

PAN M 360 : Quelle est la prochaine étape pour Carbonne?

CARBONNE : Je suis déjà en train d’œuvrer sur un long et nouveau projet. Nous n’avons pas encore de date de sortie pour le moment, mais c’est en préparation. Restez à l’affût!

Classe de maĂ®tre le 2 juillet avec le coach vocal Claude Webster. L’audition le 13 juillet, Le Gala d’opĂ©ra le 24 juillet. La flĂ»te enchantĂ©e de Mozart le 27 juillet. VoilĂ  autant de programme allĂ©chants pour les fans d’art lyrique, Les rendez-vous estivaux fixĂ©s par l’Institut canadien d’art vocal (ICAV) le sont depuis 21 ans, voilĂ  une autre occasion de plonger dans ses 4 programmes de juillet. Directeur de l’ICAV et pilote de cette programmation, Marc-Antoine d’Aragon fournit toutes les explications nĂ©cessaires Ă  notre prĂ©paration au Festival d’art vocal de MontrĂ©al.

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Avec des racines Ă  Beyrouth et une carrière partagĂ©e entre MontrĂ©al et New York, Nadim Maghzal est l’une des forces motrices de Laylit, un collectif et une sĂ©rie d’Ă©vĂ©nements mettant en lumière la musique de la rĂ©gion SWANA (Asie du Sud-Ouest et Afrique du Nord) et au-delĂ . Également connu comme l’une des moitiĂ©s du duo Wake Island, Nadim est un producteur, un DJ et un biologiste molĂ©culaire qui consacre dĂ©sormais son Ă©nergie Ă  la musique Ă  plein temps. Nous l’avons rencontrĂ© avant son passage au Piknic Électronik, oĂą il jouera aux cĂ´tĂ©s de Casa Kobrae, Manalou et MNSA, pour parler de son parcours, des origines de la Laylit et du mouvement culturel qui la sous-tend.

PAN M 360: Tout d’abord, comment vous prĂ©senteriez-vous ?

Nadim Maghzal : Je suis un artiste originaire du Liban, musicien, producteur et DJ. Je suis maintenant basé à Montréal.

PAN M 360 : Avez-vous toujours été un artiste et un musicien ?

Nadim Maghzal : Mon parcours est un peu complexe. J’ai toujours fait de la musique depuis que je suis jeune, mais lorsque je suis arrivĂ© Ă  MontrĂ©al au dĂ©but des annĂ©es 2000, j’Ă©tudiais la biologie Ă  l’UniversitĂ© McGill. Je suis allĂ©e loin, j’ai obtenu un doctorat en biologie molĂ©culaire et j’ai Ă©tĂ© diplĂ´mĂ©e en 2013, mais j’ai continuĂ© Ă  faire de la recherche et Ă  enseigner. Je suis donc aussi un scientifique, mais la musique a toujours Ă©tĂ© ma plus grande passion. Avant Laylit, j’Ă©tais impliquĂ© dans de nombreux groupes Ă  MontrĂ©al, comme des groupes de rock, des groupes punk, de la musique live. Très DIY. Tout s’est fait avec Phil, mon partenaire de Laylit. Nous avons créé Wake Island Ă  MontrĂ©al et avons parcouru le monde avec ce projet qui a Ă©voluĂ© au fil des ans, passant du rock Ă  la musique Ă©lectronique et, plus rĂ©cemment, Ă  la musique expĂ©rimentale ambiante. Alors oui, la musique a toujours Ă©tĂ© au centre de mon univers. Mais j’ai fait d’autres choses dans la vie et j’ai eu beaucoup, beaucoup de chance de pouvoir explorer diffĂ©rentes choses et d’avoir le privilège de pouvoir me concentrer sur la musique ces jours-ci et de travailler dans ce domaine. C’est une bĂ©nĂ©diction, honnĂŞtement.

PAN M 360 : L’obtention de votre doctorat a dĂ» prendre une grande partie de votre vie. Comment avez-vous rĂ©ussi Ă  continuer Ă  faire de la musique ?

Nadim Maghzal : Oui, il m’a fallu environ six ans et demi pour le terminer. La meilleure partie a Ă©tĂ© de poursuivre la musique en parallèle. C’Ă©tait d’autant plus Ă©tonnant que je faisais de nombreux parallèles entre l’art et la science. Un doctorat peut ĂŞtre vraiment frustrant, surtout en science, quand on fait de la recherche dans son laboratoire pendant tout ce temps. Alors, ĂŞtre sur la route, faire des tournĂ©es, ĂŞtre crĂ©atif, ĂŞtre en studio, c’Ă©tait toujours une grande Ă©vasion et une belle façon de s’inspirer. Une chose inspire l’autre. Et mĂŞme si cela semble ĂŞtre des choses complètement diffĂ©rentes, bizarrement, pour moi, Ă  l’Ă©poque, elles allaient de pair. Autre fait amusant, puisque nous en parlons, le troisième cofondateur de Laylit, Saphe, qui vit Ă  New York, est Ă©galement sur le point de terminer son doctorat en anthropologie Ă  l’universitĂ© de Columbia. Je ne sais pas si c’est pertinent, mais c’est juste un fait amusant.

PAN M 360 : Pour que les lecteurs le sachent, lorsqu’il y a un Ă©vĂ©nement Laylit, tout le monde est en sĂ©curitĂ© parce qu’il y a deux mĂ©decins. Y a-t-il eu un moment oĂą la musique a pris le dessus ?

Nadim Maghzal : Quand j’Ă©tais Ă  New York, de 2015 Ă  2020, j’avais encore un pied dans le monde scientifique. J’enseignais beaucoup pour joindre les deux bouts parce que le simple fait de faire de la musique peut ĂŞtre extrĂŞmement difficile, surtout quand vous ĂŞtes indĂ©pendant et que vous essayez de faire des projets intĂ©ressants. Notre première soirĂ©e Laylit a eu lieu en 2018 Ă  Brooklyn dans un tout petit bar, et très vite en 2019, nous avons commencĂ© Ă  voir Ă  quel point ce projet avait du potentiel. Il faisait partie d’un mouvement Ă  New York qui a vraiment explosĂ© en raison de la nĂ©cessitĂ© pour des espaces comme Laylit d’exister dans le paysage culturel. J’ai rĂ©alisĂ© que Laylit allait prendre beaucoup de temps. J’ai arrĂŞtĂ© d’enseigner les sciences et j’ai consacrĂ© tout mon temps Ă  Laylit et aux autres projets que nous avions, comme la tournĂ©e de Wake Island et la production musicale.

Ensuite, il y a eu la pandĂ©mie, une pĂ©riode très confuse, bien sĂ»r, parce que les fĂŞtes, les Ă©vĂ©nements en direct et les tournĂ©es sont tous physiques. Je me suis donc demandĂ© ce que je devais faire de mon temps et si la musique Ă©tait morte ou non. Devrais-je retourner aux sciences ? Peut-ĂŞtre que la musique est morte telle que nous la connaissons, qu’elle n’existe plus. Mais en 2021, lorsque les choses se sont ouvertes Ă  nouveau Ă  New York, nous avons Ă©tĂ© rassurĂ©s et agrĂ©ablement surpris, car les Ă©vĂ©nements Ă©taient fous. Les gens avaient besoin de faire la fĂŞte, et depuis, la musique est devenue tout ce que je fais.

PAN M 360 : Comment expliquez-vous le succès de ces Ă©vĂ©nements ? Vous avez parlĂ© d’un mouvement qui se dĂ©roule Ă  New York vers 2018. Pouvez-vous nous en dire plus Ă  ce sujet ?

Nadim Maghzal : Lorsque je vivais Ă  New York et que je participais Ă  la vie nocturne en tant que spectateur, il est devenu Ă©vident qu’il y avait beaucoup d’espace pour notre peuple (SWANA), notre culture et notre musique, pour simplement exister. Des musiques du monde entier Ă©taient jouĂ©es dans les clubs et la diversitĂ© Ă©tait vraiment apprĂ©ciĂ©e. En tant qu’artiste libanais Ă©voluant dans une bulle indie rock Ă  MontrĂ©al, j’ai trouvĂ© cela très inspirant. Cela faisait longtemps que je voulais me reconnecter Ă  mes propres racines, et la musique de danse Ă©tait le moyen idĂ©al pour revisiter et plonger au cĹ“ur de ce qui fait de moi ce que je suis, les rythmes, la culture, la langue.

La première fĂŞte Ă©tait très informelle. Nous nous sommes dit : « HĂ©, organisons une petite fĂŞte un mercredi soir et invitons nos amis Ă  venir nous voir ». Nous avons organisĂ© cette soirĂ©e dans un bar appelĂ© Mood Ring et nous avons Ă©tĂ© choquĂ©s, c’Ă©tait plein Ă  craquer. Les gens en redemandaient. Ă€ l’Ă©poque, on sentait qu’il y avait un besoin dans ce domaine. Notre communautĂ© n’a jamais vraiment eu d’espaces. Pour ĂŞtre clair, il y a toujours eu des Ă©vĂ©nements musicaux, mais la plupart du temps ils restent au sein de la communautĂ©, des mariages, des fĂŞtes en banlieue, mais je n’ai jamais vraiment eu l’impression que la musique arabe Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ©e au cĹ“ur de la ville de New York ou de la culture musicale de MontrĂ©al. Nous avons rĂ©alisĂ© que nous avions une chance d’y arriver et que nous devions y travailler. On devrait y travailler. » C’est ce que nous avons fait, et c’est formidable.

Après le 11 septembre, la culture arabe a Ă©tĂ© durement touchĂ©e. Il a fallu beaucoup de temps Ă  la communautĂ© pour surmonter les prĂ©jugĂ©s de la sociĂ©tĂ©, et nous ne les avons pas encore surmontĂ©s, et pour partager la beautĂ© et la diversitĂ© de cette culture. C’est ce que nous faisons dans la musique de danse et nous sommes heureux d’y apporter notre petite contribution.

PAN M 360 : Au Liban et au Moyen-Orient, il existe des mouvements musicaux qui s’Ă©tendent Ă  de nombreux pays diffĂ©rents. La diversitĂ© et la complexitĂ© des genres dans la culture SWANA peuvent ĂŞtre difficiles Ă  apprĂ©hender. Comment abordez-vous cette question lors de l’Ă©laboration d’une programmation ?

Nadim Maghzal : Lorsque nous nous sommes plongĂ©s pour la première fois dans ce projet, nous avons Ă©tĂ© un peu submergĂ©s, en particulier Ă  cause de la diversitĂ© que vous avez dĂ©crite. Ayant grandi au Liban, et ne serait-ce qu’en Ă©coutant de la pop arabe, les influences sont tellement nombreuses. Ce projet nous a beaucoup appris. C’Ă©tait un dĂ©fi de creuser dans le rĂ©pertoire, de commencer Ă  Ă©couter des choses que nous ne connaissions pas. Essayer de comprendre les aspects sociaux et l’origine des mouvements culturels a Ă©tĂ© très enrichissant, non seulement du point de vue de la conservation, mais aussi, je crois, pour les membres du public, en ouvrant l’espace Ă  des DJ de toute la rĂ©gion SWANA.

Par exemple, au Piknic, il y a Manalou et Casa Kobrae, respectivement d’AlgĂ©rie et du Maroc, qui vont tourner avec nous. Ils apportent de la musique et des rythmes originaires de ces rĂ©gions, des sons avec lesquels je n’ai pas grandi mais qui restent très proches de la musique que je connais, il y a toujours cet aspect de nouveautĂ© qui est vraiment cool.

C’est tellement riche. Nous essayons d’apporter cette diversitĂ© de sons au public. Ce n’est pas toujours simple, car certains publics ont une idĂ©e prĂ©conçue de ce qu’est une fĂŞte de la musique arabe, ils s’attendent Ă  entendre des tubes du Top 40. Mais parfois, nous engageons un DJ qui se plonge dans un rĂ©pertoire plus folklorique, des choses qui n’ont jamais Ă©tĂ© entendues auparavant. Tant que nous apprenons quelque chose de nouveau, le projet reste intĂ©ressant et vivant. Nous sommes ici pour cela, pas seulement pour organiser des Ă©vĂ©nements ou ĂŞtre des promoteurs de soirĂ©es.

PAN M 360 : Puisque Laylit couvre des artistes de toute la rĂ©gion sans rĂ©duire la musique arabe Ă  un stĂ©rĂ©otype, pensez-vous qu’il y ait un fil conducteur dans la rĂ©gion SWANA ?

Nadim Maghzal : Il y a certainement des points communs. Je vais essayer de les dĂ©crire en Ă©vitant les stĂ©rĂ©otypes. Je dirais que la langue est l’Ă©lĂ©ment qui se recoupe le plus, mais mĂŞme lĂ , la rĂ©gion SWANA prĂ©sente une grande diversitĂ© linguistique. Il y a une langue principale parlĂ©e dans de nombreux dialectes, mais il y a aussi l’armĂ©nien, le persan, le kurde, le turc, l’amazigh, etc.

Mon point de vue est qu’en gĂ©nĂ©ral, dans tout ce que j’ai entendu, il y a toujours une gĂ©nĂ©rositĂ© dans le son. Qu’il s’agisse d’une chanson d’amour triste ou d’une chanson de fĂŞte joyeuse, l’Ă©motion est transmise avec gĂ©nĂ©rositĂ©. Il y a moins de retenue. Évidemment, c’est subjectif et ce n’est pas propre Ă  la musique arabe, le jazz peut aussi ĂŞtre gĂ©nĂ©reux, mais contrairement Ă  la techno minimale ou Ă  d’autres musiques plus intellectualisĂ©es, la musique arabe a tendance Ă  ĂŞtre plus ouverte sur le plan Ă©motionnel.

Sur le plan rythmique et mĂ©lodique, la rĂ©gion partage des structures et des modèles profonds, de la Syrie Ă  l’Égypte en passant par l’Irak. Il y a un langage musical commun, mais ce qui est fascinant, c’est le mĂ©lange des influences : musique amazighe, sub-saharienne, blues, africaine… C’est un vrai dĂ©sordre, mais dans le bon sens du terme. Il y a des Ă©lĂ©ments unificateurs, mais aussi des diffĂ©rences rĂ©gionales impressionnantes. C’est ce que nous essayons de mettre en Ă©vidence dans nos Ă©vĂ©nements.Sur le plan rythmique et mĂ©lodique, la rĂ©gion partage des structures et des modèles profonds, de la Syrie Ă  l’Égypte en passant par l’Irak. Il y a un langage musical commun, mais ce qui est fascinant, c’est le mĂ©lange des influences : musique amazighe, sub-saharienne, blues, africaine… C’est un vrai dĂ©sordre, mais dans le bon sens du terme. Il y a des Ă©lĂ©ments unificateurs, mais aussi des diffĂ©rences rĂ©gionales impressionnantes. C’est ce que nous essayons de mettre en Ă©vidence dans nos Ă©vĂ©nements.

PAN M 360 : Comment le fait d’ĂŞtre un artiste de la diaspora affecte-t-il votre approche de la musique ?

Nadim Maghzal : C’est la troisième dimension, n’est-ce pas ? Vous prenez toute cette richesse et vous l’ouvrez Ă  la diaspora, et tout ce mĂ©lange commence Ă  se produire. Pour ma part, en tant que personne ayant passĂ© la moitiĂ© de sa vie au Liban, j’ai beaucoup appris au cours de ce processus. Avec l’âge, il n’est pas plus facile, il devient mĂŞme plus difficile de savoir qui l’on est, d’oĂą l’on vient. Mais grâce Ă  l’expression artistique, l’hybridation des sons crĂ©e des identitĂ©s uniques pour chaque artiste qui puise dans ses influences.

De plus, en grandissant au Liban, notre musique a toujours Ă©tĂ© façonnĂ©e par la tradition, certes, mais aussi par la musique occidentale. Il en va de mĂŞme en Égypte et en Syrie. On peut entendre des influences de ballets russes dans des enregistrements des annĂ©es 1920. En Afrique du Nord, on trouve des disques de reggae arabe. Ce n’est donc pas seulement une question de diaspora, la culture occidentale a fait partie de mon identitĂ© musicale très tĂ´t. Nous essayons tous de puiser notre inspiration dans notre enfance, car c’est ce qui rĂ©sonne le plus.

PAN M 360 : Lorsque vous organisez un événement Laylit, vous avez plus de contrôle, mais à Piknic, vous vous concentrez surtout sur la musique. Comment organisez-vous cet événement ?

Nadim Maghzal : Nous nous adaptons Ă  l’espace dans lequel nous nous produisons. L’accent est toujours mis d’abord et avant tout sur la musique et la programmation. Pour le Piknic, nous proposons simplement un lineup de DJs. Il y aura Manalou, dont j’ai parlĂ© plus tĂ´t, et Casa Kobrae, un DJ marocain de Casablanca qui est maintenant basĂ© Ă  MontrĂ©al. L’accent est mis sur les DJs montrĂ©alais de la communautĂ© SWANA et sur la mise en lumière de leur expression musicale. Nous espĂ©rons avoir un public rĂ©ceptif et aussi curieux que nous.

PAN M 360 : Dernière question, qu’attendez-vous de cet Ă©tĂ© ? Qu’est-ce qui vous motive ?

Nadim Maghzal : Lorsque nous avons lancĂ© Laylit, le projet s’est dĂ©veloppĂ© si rapidement que nous avons dĂ» concentrer toute notre attention sur les Ă©vĂ©nements organisĂ©s Ă  New York et Ă  MontrĂ©al. Rapidement, d’autres villes se sont ajoutĂ©es et nous avons Ă©tĂ© tellement occupĂ©s que j’ai dĂ» mettre d’autres projets de cĂ´tĂ©, y compris une grande partie de ce que j’aime dans la musique, la production.

Maintenant que nous avons mis en place un système, nous nous sommes concentrés sur la musique originale en tant que collectif, en ouvrant doucement un label. Nous avons sorti notre première compilation il y a quelques semaines. Ce fut une expérience très enrichissante.

C’est ce qui me motive ces jours-ci, c’est une synthèse de ce que Laylit a Ă©tĂ© pour moi. Mettre ces sentiments dans des morceaux, encourager d’autres producteurs Ă  faire de mĂŞme. Pas seulement des DJ sets, mais des morceaux que d’autres peuvent jouer. Saphe, dans notre collectif, dit toujours que la musique voyage plus vite que nous. C’est tellement gratifiant de voir des gens d’Athènes ou de Russie Ă©couter et jouer nos morceaux. Il y a beaucoup de nouvelle musique Ă  venir et nous sommes très enthousiastes Ă  l’idĂ©e de la partager.

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L’été 2025 à Orford s’annonce encore une fois riche en belles rencontres musicales. Marc-André Hamelin et Charles Richard-Hamelin, Alain Lefèvre, du tango, des piques-niques, pleins de jeunes artistes fascinants, un quatuor en pleine ascension internationale, les rendez-vous passionnants ne manquent pas. J’ai discuté de tout cela avec le directeur artistique d’Orford Musique, Wonny Song.

Cette interview consacrĂ©e Ă  la programmation de la saison Orford Musique s’inscrit dans le cadre d’un partenariat de contenus PAN M 360 avec La Vitrine, soit le plus important site web consacrĂ© quotidiennement aux sorties culturelles Ă  travers le QuĂ©bec.

Pour accĂ©der Ă  La Vitrine, c’est ICI.

 

Le percussionniste montrĂ©alais Ziya Tabassian organise, depuis maintenant 11 ans, une sĂ©rie de concerts tous les Ă©tĂ©s. Jusqu’ici, rien d’étonnant, surtout Ă  MontrĂ©al. Mais les siens ont lieu dans son garage! Vous vous rendez au 5226 rue Clark, la porte est ouverte, vous entrez, vous traversez le corridor, la cuisine, la cour arrière et vous arrivez dans un garage amĂ©nagĂ© en petite scène avec des chaises et des coussins. VoilĂ . Dix fois dans l’étĂ©, vous y rencontrerez, gratuitement (mais donation volontaire suggĂ©rĂ©e), des artistes de tous les horizons, de la musique persane au classique mĂ©diĂ©val en passant par la Chine, le klezmer, la Mongolie ou l’empire mandingue. J’ai parlĂ© de la programmation de l’édition 2025 avec Ziya Tabassian. 

DÉTAILS DE LA SÉRIE GARAGE CONCERTS 2025 ICI

Ce qu’on apprĂ©cie au plus jaut point du pianiste montrĂ©alais Matt Herskowitz, c’est sa passion et sa maĂ®trise Ă©quivalentes du jazz moderne et de la musique classique. Ce samedi, 16h, dans le contexte de la saison Orford Musique, il compte interprĂ©ter les Ă©tudes sĂ©lectionnĂ©es de Chopin op. 10 et op. 25, cette fois recomposĂ©es Ă  travers des arrangements originaux oĂą s’invite le jazz. Les influences musicales variĂ©es incluent le montuno cubain, le boogie-woogie, le tango, le gospel ou le ragtime. Ces rĂ©interprĂ©tations/recompositions mènent les mĂ©lomanes Ă  revisiter le romantisme de Chopin dans un contexte moderne et jazzy. Le meilleur des deux mondes, explique Matt Herskowitz Ă  Alain Brunet dans cette interview vidĂ©o.

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Samedi soir Ă  la Sala Rossa, les Suoni Per Il Popolo accueillent Sanam, groupe inclassable mariant le post rock, le bruitisme, l’ambient, la musique classique arabe et plus encore. Sandy Chamoun (voix), Antonio Elhatt Moussa (basse et Ă©lectroniques) , Farah Kaddour (bouzouk), Anthony Sayoun (guitares, Ă©lectronique), Pascal Semerdjian (batterie), Marwan Tohme (guitares) se joindront sur scène Ă  leur ami et collègue musicien Radwan Ghazi Moumneh (Jerusalem in my Heart), avant d’enregistrer de la nouvelle matière Ă  l’Hotel2Tango oĂą rĂ©side le label Constellation. La fameuse Ă©tiquette sera celle de Sanam pour un album Ă  paraĂ®tre en septembre prochain. Il est ici question de crĂ©er en temps rĂ©el sous les missiles israĂ©liens, de poursuivre la dĂ©marche tout en rĂ©sistant Ă  cette Ă©pouvantable adversitĂ©. VoilĂ  un entretien des plus instructifs pour nous, privilĂ©giĂ©s de l’Occident.

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Ponteix, de son vrai nom Mario Lepage, a grandi dans le village francophone de St-Denis en Saskatchewan. Son album le canadien errant, paru en février, raconte son périple personnel de l’Ouest canadien à Montréal, où il vit désormais. Ne vous y trompez pas: Ponteix embrasse des sonorités très modernes, qui rappellent parfois Karkwa. Son dernier album a été co-réalisé par Louis- Jean Cormier. Ponteix sera en concert gratuit aux Francofolies jeudi 19 juin, à 18 heures sur la scène Loto-Quebec. Michel Labrecque s’est entretenu avec Mario Lepage pour PAN M 360.


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InspirĂ© par feu le peintre quĂ©bĂ©cois Jacques Hurtubise (1939-2014), Hippie Hourrah a pondu beaucoup de musique depuis 2023: d’abord l’album Exposition individuelle, plus pop et fondĂ© sur la forme chanson, et puis tout qui vient de nous ĂŞtre balancĂ© en juin 2025: l’album instrumental Il y eut un rythme sous Ă©tiquette Simone Records dont les musiques contribuent Ă  magnifier les six cycles de la vie crĂ©ative de ce très grand artiste visuel contemporain. Ces tableaux audiovisuels sont projetĂ©s Ă  la Satosphère dans une production immersive de 30 minutes pour dĂ´me 360°. VoilĂ  la fusion ces musiques de Hippie Hourrah et des concepts visuels de l’Ă©quipe crĂ©ative de Normal Studio! Saisir le Chaos est prĂ©sentĂ© Ă  la Satosphère de la SAT jusqu’au 19 juillet. Pour PAN M 360, Alain Brunet a absorbĂ© toute cette matière et ensuite posĂ© moult questions aux compositeurs du concept: le guitariste Gabriel Lambert et le percussionniste Miles Dupire-Gagnon, tous deux multi-instrumentistes de surcroĂ®t.

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