Mundial Montréal permet de faire des découvertes musicales inattendues. Cela m’est arrivé avec Sara Curruchich, une auteure compositrice Maya du Guatemala, qui chante en espagnol et en Kaqchikel, la langue de son peuple. 

Sara est une militante pour les droits indigènes, pour les droits des femmes et la diversité sexuelle, ce qui n’est pas toujours évident au Guatemala et dans l’ensemble de l’Amérique latine. Sara mélange les musiques traditionnelles au rock, à la Cumbia et au reggae. Son engagement social est assumé, mais s’exprime de manière autant ludique qu’austère.

En plus de sa performance en showcase dans le cadre du Mundial, le jeudi 16 novembre, le vendredi 17, Sara Curruchich donnera un concert accoustique avec le guitariste Luis Juarez Quixtam, au Centre René-Goupil de Montréal. Dans les deux cas, c’est une performance plus accoustique et intime que sur ses albums précédents.  

J’ai eu le privilège de passer une heure avec elle. C’était passionnant. 

PAN M 360 : Sara, pouvez-vous nous raconter vos origines, où vous avez grandi et dans quel contexte?

SARA CURRUCHICH : Je suis un femme Maya Kaqchikel du Guatemala, c’est la deuxième plus grande communauté linguistique du pays. On parle vingt-cinq langue chez nous. Mon peuple aime l’art, on trouve beaucoup de peintres. Mais c’est un peuple qui a été très affecté par la guerre civile de 36 ans au Guatemala. Encore aujourd’hui, nous ressentons des séquelles, des traumatismes, qui ont traversés les générations. Je suis une enfant de la guerre, je suis née en 1993. Et certaines de mes chansons veulent garder vivante la mémoire de ces événements terribles pour nous.

(NOTE: La guerre civile guatémaltèque a duré de 1960 à 1996. Elle a fait au moins 200,000 morts et un million de citoyens déplacés. La grande majorité des victimes étaient membres des peuples indigènes mayas. Un conflit que nous avons oublié.)

PAN M 360 : Et après la guerre comment était la vie?

SARA CURRUCHICH : Ma famille était très pauvre, mes parents se consacraient à l’agriculture ; mais nous étions dans la survivance au quotidien. J’ai commencé à travailler très jeune dans les marchés. À la même époque j’ai découvert la musique à travers une organisation religieuse qui faisait de la musique dans des lieux où les gens sont malades (hôpitaux, hospices). J’ai alors constaté à quel point la musique pouvait atténuer la douleur des gens. Et j’ai commencé à faire de la musique. Ça m’a servi de remède contre les douleurs de notre vie. Aujourd’hui, comme musicienne professionnelle, je fais toujours de la musique pour revitaliser l’âme humaine, effacer la douleur.

PAN M 360 : Est-ce qu’on peut dire en même temps que votre musique est politique?

SARA CURRUCHICH : Absolument. Je suis issu d’un peuple dont la douleur provient d’un capitalisme abusif. Qui a été profondément violenté durant la guerre et qui l’est toujours aujourd’hui. Le racisme est très profond au Guatemala. 

PAN M 360 : Comment a débuté votre carrière musicale professionnelle?

SARA CURRUCHICH : J’ai commencé à écrire des chansons en 2010. Je donnais aussi des ateliers de musique dans de nombreux villages de nos communautés. J’ai écrit des chanson dans ma langue maternelle, le Kapchikel. Malheureusement, cette langue a été peu enseignée à l’école. Il y’a encore cette perception que parler notre langue n’aide pas à nous développer. C’est une posture très raciste. Bien sûr, nous devons parler espagnol, mais apprendre notre langue serait bon pour notre estime. 

PAN M 360 : Votre premier disque s’intitule Somos, paru en 2019. On sent l’influence de la musique traditionnelle maya, mais il y’a aussi autant du rock et de la cumbia, c’était une volonté de transcender les styles musicaux?

SARA CURRUCHICH : Oui. Mes textes parlent beaucoup de ma communauté, du droit à la terre, de la beauté des fleuves. Mais je considère que c’est important d’explorer les genres musicaux. Ce serait une erreur de dire que, parce vous êtes un musicien indigène, vous devez vous restreindre à la musique indigène. D’autre part, il faut reconnaître qu’en raison du racisme, la musique traditionnelle est mal vue, parfois même dans nos communautés. Un jour, je faisais écouter cette musique à un groupe de jeunes. Ils m’ont dit : « enlève ça c’est hyper ennuyant ». Je me suis servie d’instruments électriques pour les convaincre que cette musique était intéressante. 

Je suis convaincue que mon mélange musical me permet de m’adresser à des publics différents, et amplifie mon message. Et franchement, j’adore les mélanges.

PAN M 360 : L’album Somos est suivi par l’album Mujer Indigena en 2022, comment les compareriez-vous?

SARA CURRUCHICH : Somos, contient des chansons que j’ai écrites dans les huit années précédentes. Somos, Nous Sommes, voulait parler de l’ensemble de ma communauté, notre résistance, la migration, des luttes pacifiques qui se déroulent au Guatemala, mais également dans plusieurs autres pays. Il y a également une chanson qui traite des trois énergies vitales, dans la « cosmovision » Maya, qui est très importante pour nous.

Cet album a été réalisé par Gambeat, le bassiste de Manu Chao, qui a beaucoup contribué au son de l’album.

Mujer Indigena est un peu la suite de Somos, mais j’ai voulu davantage explorer ma propre réalité. Je suis une femme indigène et je veux partager mon histoire avec vous. J’ai reçu aussi beaucoup de collaborations : la chanson Pueblos est chantée avec l’immense Lula Downs, du Mexique, une chanson qui parle des peuples d’Amérique Latine. Il y’a aussi Qach’alal, une chanson en collaboration avec Carmen Cumez et Rosalina Tuyuk, deux politicienne mayas dont les maris ont été tués par l’armée durant la guerre. Amor Diverso traite de la diversité sexuelle, j’ai eu le plaisir de la chanter avec Muerdo, un artiste espagnol qui a beaucoup traité de ces questions dans ses chansons. Amparo Sanchez, chanteuse et compositrice espagnole a réalisé cet album. C’était très important pour moi que ce soit une femme qui supervise ce projet. 

PAN M 360 : Le risque, avec du contenu aussi militant, c’est que ça devienne très lourd, très chargé pour les auditeurs, êtes-vous consciente de cela? 

SARA CURRUCHICH : C’est évident que je vise à faire réfléchir les gens sur notre réalité. Mais il faut que cette réflexion, cette conscientisation, débouche sur l’espoir, la joie. Pour moi, être sur scène et susciter cette réflexion est très libérateur. Ça me permet de partager nos souffrances, mais également nos espoirs. Ce n’est pas un chemin facile, surtout au Guatemala où la persécution politique existe encore. Le gouvernement actuel est un gouvernement autoritaire. Ils voulaient passer une loi qui aurait permis d’arrêter tous les gens qui parlaient en faveur des droits des femmes et de la sexualité libre. Heureusement, ça a été bloqué, sinon je m’en allais tout droit en prison ou je m’exilais.  

PAN M 360 : En ce moment, votre pays vit un tournant politique : le Guatemala vient d’élire un président de gauche, qui n’est pas encore arrivé au pouvoir et la droite tente d’empêcher son arrivée au pouvoir. Est-ce que quand même, ça vous donne de l’espoir?

SARA CURRUCHICH : Bernardo Arevalo, le président élu, incarne une espérance, c’est une bouffée d’air frais. Il veut combattre la corruption. Il a l’appui de beaucoup de gens de nos peuples, parce qu’il comprend nos aspirations. Mais on tente par tous les moyens de l’empêcher d’exercer le pouvoir, en janvier. Pour beaucoup de gens, cette élection est un moment historique. Cela pourrait représenter le début d’un temps nouveau pour notre pays.

(NOTE : l’actuel gouvernement autoritaire et la cour suprême, dont les juges ont été nommés par la droite, tentent de rendre invalide le résultat de l’élection du mois d’aout dernier. Le président élu parle de « Coup d’État judiciaire ».)

PAN M 360 : Vous êtes aussi très engagée pour promouvoir les nouveaux talents musicaux des communautés mayas du Guatemala. Et aussi d’ailleurs.

SARA CURRUCHICH : Depuis des années, j’explore des régions et des villages pour parler de musique avec les communautés. Au Costa-Rica, j’ai écrit une chanson, Tayela, avec douze femmes indigènes, qui a bien fonctionné. J’ai une émission de radio qui veut promouvoir les nouvelles voix indigènes. Je produis aussi trois artistes émergents du Guatemala. Deux sont Mayas, une autre est Garifuna, c’est une autre nation indigène.

Pour moi, c’est essentiel de partager ces nouvelles voix. La reconnaissance que j’ai acquise à l’étranger va me permettre d’investir dans ces nouveaux artistes.  

PAN M 360 : Vous êtes au Canada pour développer des contacts musicaux, mais également avec des communautés autochtones, comment ça se passe?

SARA CURRUCHICH : Avant d’arriver à Montréal, nous sommes allés au Indigenous Music Summit à Toronto. C’était super, j’ai découvert plein de gens. La musique permet tellement de connections. Même si nous vivions à des milliers de kilomètres, on peut sentir des réalités communes : la joie, la dignité. J’ai écouté Kelley Fraser, entre autres. On sent le même réveil, les mêmes aspirations.

J’espère que, grâce, au Mundial, nous pourrons revenir au Québec et au Canada pour partager notre musique.

PAN M 360 : Vous avez de nouveaux projets musicaux? 

SARA CURRUCHICH : J’ai un projet accoustique avec mon compatriote Luis Juarez Quixtam, que nous présentons au Mundial, que nous allons endisquer, il y a des extraits qui sont déjà parus. Il y’a un quatrième album en gestation, qui sera très différent de tous les autres. À suivre.

Pourquoi , au fait, jouer encore et toujours le Messie de Georg Friedrich Haendel au temps des Fêtes? Noémy Gagnon-Lafrenais explique pourquoi il demeure pertinent de rejouer cette œuvre archi-connue, la plus interprétée de toutes durant cette période. Violon solo d’Arion Orchestre Baroque, la musicienne (et bientôt ingénieure chimique) raconte son parcours par la même occasion.


PAN M 360 : Vous avez une solide expérience du Messie, racontez-nous! 


Noémy Gagnon-Lafrenais : Mon rôle dans le Messie, je l’ai joué près d’une trentaine de fois dans ma carrière.

PAN M 360 : On peut comprendre, car c’est l’œuvre la plus jouée au temps des Fêtes.

Noémy Gagnon-Lafrenais : Exactement. Apparemment, c’est le cas depuis le XIXᵉ siècle qu’on joue le Messie à l’approche de Noël, car au départ, c’était une œuvre pour la période de Pâques. Ce qui a fait la popularité du Messie dans le monde anglo-saxon et donc aussi en Amérique du Nord, c’est en en partie parce qu’il s’agit d’un oratorio anglais – Haendel ayant vécu en Angleterre.

PAN M 360 : En Europe, est-ce joué au temps des Fêtes ?

Noémy Gagnon-Lafrenais : J’ai des amis musiciens qui vivent aux Pays-Bas et qui ne jouent pas le Messie. J’ai aussi une collègue qui a mené une carrière de musicienne baroque en France, pour ensuite s’installer au Québec. Récemment, elle m’a écrit et posé des questions musicologiques sur le Messie que nous allons jouer ensemble : « Allons-nous faire des tutsis? Des repienos? Où se trouve tel ou tel solo? Alors, j’en déduis qu’elle ne l’a pas (ou très peu) joué auparavant. Elle n’a pas d’expérience avec cette pièce, à tout le moins avec la façon dont on la joue en Amérique du Nord.

PAN M 360 : Donc il s’agit vraiment une tradition britannique, anglo-saxonne et nord-américaine. 

Noémy Gagnon-Lafrenais : Oui, c’est une pièce qui est jouée très souvent, mais puisque certains de mes collègues l’ont jouée moins souvent ou pas du tout, et puisqu’il se trouvera des gens dans la salle pour qui ça va être le premier Messie, ça vaut la peine de le rejouer.

PAN M 360 : Ce n’est pas une pratique courante chez Arion que de jouer les œuvres connues du répertoire baroque et de la musique ancienne.

Noémy Gagnon-Lafrenais : Effectivement, avec Arion, on présente quand même depuis les dernières années beaucoup d’œuvres de niche, des œuvres de compositeurs français moins connus… C’est super parce que ça démontre que le répertoire n’est pas épuisé. Il est beaucoup plus vaste qu’on pense. C’est bon pour nous en tant que musiciens parce que ça nous garde à l’affût, ça nous tient sur le bout de notre chaise. On doit continuer à découvrir, on doit continuer à se poser des questions. Mais c’est ça, des projets, quand tu fais une redécouverte ou une première mondiale ou un premier enregistrement, ce sont des projets qui sont extrêmement exigeants et stressants. Moi, j’adore ça, tu es beaucoup plus investie dans le processus créatif, mais c’est aussi beaucoup de pression.  Alors quand on fait des œuvres qui sont un peu moins souvent jouées ou qui sont redécouvertes, le travail en amont est beaucoup plus grand.

PAN M 360 : Et il faut aussi plaire au public en lui jouant des œuvres qui lui sont familières.

Noémy Gagnon-Lafrenais : Ce que je trouve intéressant et agréable à faire Le Messie avec mes collègues, c’est qu’on en sait les fondements. La majorité d’entre nous connaît vraiment cette musique, alors on ne perd pas de temps en répétition à se dire « Peut-on recommencer à la mesure 75? », « Quel accord  avons-nous ici ? » 

On n’a pas besoin de passer du temps à discuter du langage, mais on a le temps de pouvoir vraiment profiter de la spontanéité du jeu parce la partition est maîtrisée. Quand tu joues un même programme 200 fois, tu trouves alors la beauté de l’exécution dans la spontanéité du jeu, dans les petites choses que tu communiques au public en temps réel.

Pour moi, ça va nous permettre peut- être plus d’explorer en tant que groupe cette spontanéité- là, sans le stress d’avoir une œuvre qu’on ne connaît pas de fond en comble. Par exemple, comparativement à quand on découvre une œuvre.  

PAN  M 36 : Arion continu de jouer exclusivement avec des instruments anciens, n’est-ce pas  ? 

Noémy Gagnon-Lafrenais : Systématiquement. Et on couvre le répertoire d’à peu près 1660 à 1780, mais là, le mois dernier, on a aussi fait des œuvres d’Hélène de Montgomery euros qui avaient été composées en 1820 pour piano.

PAN M 360 : Le son d’ensemble s’en trouve plus doux.

Noémy Gagnon-Lafrenais : Les flûtes sont en bois, les instruments n’ont pas d’embouchures de métal. On utilise aussi des cordes de boyau, ce qui adoucit la sonorité de l’orchestre, effectivement. C’est  plus organique, moins métallique, moins tranchant, moins normalisé car il n’y a pas une corde de boyau identique, alors que des normes existent pour les cordes en acier. Alors selon moi, les cordes animales produisent des sonorités plus riches.

PAN M 360 :  Et vous collaborez avec le Studio de musique ancienne de Montréal  SMAM.

Noémy Gagnon-Lafrenais : Oui, ce programme est exécuté sous la direction d’Andrew McAnerney qui est un excellent chef de chœur. Vraiment, il  a bien pris la relève du défunt fondateur, Christopher Jackson.

 

PAN M 360 : Parlons maintenant de votre parcours professionnel.

Noémy Gagnon-Lafrenais : J’ai joint Arion en 2014, alors que je terminaismes études à Juilliard (New York). J’ai fait un diplôme spécialisé en musique ancienne, en performance de la musique baroque à New York. Auparavant, j’étais en Californie au Conservatoire de San Francisco, puis je me suis rapprochée de la côte Est. Bien sûr, Juilliard une école prestigieuse, plusieurs musiciens de réputation internationale y ont étudié, donc j’ai été vraiment en contact avec des gens avec qui je n’aurais jamais eu la chance d’être en contact sans ce programme. Ça m’a menée à jouer avec Jordi Savall, William Christie, Kristian Bezuidenhout, Rachel Podger, Masaaki Suzuki et autres maîtres.  

PAN M 360 : Et puisque vous êtes native du Québec, vous êtes rentrée au bercail.

Noémy Gagnon-Lafrenais : En 2014, j’ai eu vent d’une audition pour Arion Orchestre Baroque, je m’y suis présentée. À partir de 2014, j’ai commencé à jouer dans la saison régulière. Et quand Chantal Rémillard, qui fut violon solo de l’orchestre pendant près de 38 ans, j’ai fait partie du processus de sélection. Et puis Mathieu Lussier a été nommé directeur artistique et on a poursuivi le processus jusqu’à ce qu’il décide de m’offrir le poste et c’est  donc ma troisième saison en tant que violon solo pour Arion. Dans toute organisation, la période de changement bouleverse, mais je pense qu’on est en train de bâtir quelque chose de vraiment super.

PAN M 360 : Comme d’autres musiciens de haut niveau, vous menez une double carrière.
 
Noémy Gagnon-Lafrenais : À 30 ans, je suis retournée au cégep, puis à Polytechnique. J’ai fait ça en même temps que ma période d’essai pour violon solo. Pendant un moment je ne le disais de peur de perdre mon emploi que j’ai finalement obtenu. C’est alors que j’ai révélé être étudiante à Polytechnique depuis deux ans. J’ai presque fini. La session prochaine, il me restera 13 crédits et puis basta.

PAN M 360 : Donnerez-vous alors priorité au génie chimique ou bien à la musique baroque?

Noémy Gagnon-Lafrenais :
Ça reste à voir parce que j’adoremon travail avec Arion. La musique reste ma passion, c’est ce que je vais mettre de l’avant toute ma vie. Mais je ne veux pas faire juste une chose dans cette vie.  Alors suis heureuse d’avoir développé ces compétences qui me servent aussi dans ma vie d’artiste.


PROGRAMME George Frideric Handel (1659-1695) Messiah, HWV 56 (Londres, 1741 / Dublin, 1742)  

PREMIÈRE PARTIE 

Comfort ye, my people – Récitatif (Ténor)

Ev’ry valley shall be exalted – Air (Ténor) 

And the Glory of the Lord – Chœur 

hus saith the Lord – Récitatif (Basse)

But who may abide the day – Air (Alto) 

And he shall purify – Chœur 

Behold, a virgin shall conceive – Récitatif (Alto)

O thou that tellest good tidings to Zion – Air (Alto) et Chœur

For behold, darkness shall cover the earth – Récitatif (Basse)

The people that walked in darkness – Air (Basse) 

For unto us a Child is Born – Chœur 

here were shepherds abiding – Récitatif (Soprano)

And lo, the angel of the Lord – Récitatif (Soprano) 

And the angel said unto them – Récitatif (Soprano) 

And suddenly, there was with the angel – Récitatif (Soprano)

Glory to God in the Highest – Chœur Rejoice greatly, O daughter of Zion – Air (Soprano) 

Then shall the eyes of the blind be opened – Récitatif (Alto) 

He shall feed his flock – Duo (Alto et Soprano)

His yoke is easy, and His burthen is light – Chœur  

ENTRACTE   DEUXIÈME PARTIE

He was despised – Air (Alto) 

Surely He hath bourne our griefs – Chœur

And with His stripes we are healed – Chœur

All we like sheep have gone astray – Chœur

All they that see Him – Récitatif (Ténor)

He trusted in God – Chœur 

hy rebuke hath broken His heart – Récitatif (Ténor) 

Behold and see if there be any sorrow – Air (Ténor)

He was cut off out of the land of the living – Récitatif (Ténor)

But Thou didst not leave His soul in Hell – Air (Ténor)

Lift up your heads – Chœur

Why do the nations so furiously rage – Air (Basse)

Let us break their bonds asunder – Chœur

He that dwelleth in Heaven – Récitatif (Ténor)

Thou shalt break them with a rod of iron – Air (Ténor)

Hallelujah – Chœur 

TROISIÈME PARTIE 

I know that my Redeemer liveth – Air (Soprano) 

Since by man came death – Chœur

Behold, I tell you a mystery – Récitatif (Basse)

The trumpet shall sound – Air (Basse)

Worthy is the Lamb – Chœur 

Amen – Chœur 

CHEF ET CHEF DE CHOEUR : Andrew McAnerney

SOLISTES :

Soprano Susan Elisabeth Brown 

Alto Nicholas Burns

Contreténor Haitham Haidar

Baryton Geoffroy Salvas 

CHORISTES :

Sopranos : Rebecca Dowd, Marie Magistry Ellen Torrie 

Altos Marie-Josée Goyette,  Josée Lalonde,  Marie-Andrée Mathieu 

Ténors :  Mathieu Abel, Nathan LeLièvre, Michiel  Schrey 

Basses : Victor Chisholm, John Giffen, Francois-Nicolas Guertin

INSTRUMENTISTES

Premiers violons :  Noémy Gagnon-Lafrenais (solo) Julie Rivest Jimin Dobson Sallynee Amawat

Seconds violons : Jessy Dubé Marie Nadeau-Tremblay Mélanie de Bonville 

Altos :  Jacques-André Houle Peter Lekx

Violoncelles Amanda Keesmaat Andrea Stewart

Contrebasse :  Francis Palma-Pelletier 

Orgue : Christophe Gauthier

Clavecin : Rona Nadler

Hautbois : Matthew Jennejohn, Karim Nasr

Basson : François Viault 

Trompettes : Roman Golovanov,  Simon Tremblay 

Timbales : Matthias Soly-Letarte

SOUS LA DIRECTION D’ANDREW MCANERNEY, LE MESSIE DE HAENDEL EST JOUÉ À LA SALLE BOURGIE LE vendredi, 17 novembre, 19:30, le samedi, 18 novembre, 16:00 et le dimanche, 19 novembre, 14:30

POUR INFOS ET BILLETS, C’EST ICI

Cette édition du Montréal Mundial m’a permis de rencontrer Maritza, une auteure-compositrice qui a un parcours pas banal. Cette dominicaine adoptée par un couple québécois a fait partie de la première cuvée de Star-Académie, il y a 20 ans. Par la suite, elle a pris une trajectoire musicale plus personnelle, indie-folk, pour arriver à une nouvelle étape, en 2022 : l’album Quien Eres, entièrement en espagnol, où Maritza assume ses racines latinas. Nous nous sommes rencontrés dans les coulisses du Mundial. 

PAN M 360 : Maritza, tentons de reconstituer votre parcours, qui débute dans une petite ville de République Dominicaine.  

MARITZA : Je suis née Maritza Severino-Pegueiro. Mais, quand j’ai deux ans et demi, ma famille pauvre et nombreuse me confie à l’adoption, entre autre pour des raisons de santé. C’est comme ça que je deviens Maritza Bossé-Pelchat, de l’Ancienne Lorette, en banlieue de Québec. Je suis devenue complètement québécoise, c’est comme si mes racines n’existaient plus.

PAN M 360 : Mais vous ne deviez pas passer inaperçue dans cette banlieue très homogène, non?

MARITZA : Tout-à-fait et c’est important d’en parler. Dans les années 80, j’ai vécu beaucoup de racisme, particulièrement à l’école primaire. C’était confrontant pour moi, car, dans ma tête, j’étais devenue blanche. Je ne savais pas comment réagir, j’attendais juste que les insultes finissent. Mes parents adoptifs étaient aussi sous le choc, ils ne s’attendaient pas à cela. Aujourd’hui encore, ça se produit mais beaucoup moins.

PAN M 360 : En 2001, vous vous installez à Montréal, comment la musique s’installe dans votre vie?

MARITZA : Au départ, j’étais très complexée par ma voix. Mais plus je chantais, plus je sentais l’impact positif sur ma vie. J’ai pris des cours de chant et, en 2003, mon professeur me suggère d’aller passer les auditions de Star Académie. J’y suis allée en me disant que ce serait une bonne expérience. À mon grand étonnement, ils m’ont choisi, j’ai donc participé à la première cohorte de cette émission, qui a emballé tout le Québec.

PAN M 360 : Ça a dû être une formidable expérience, mais vous n’êtes pas restée longtemps dans le giron de Star Académie. Et il y a eu un bon intermède, si je puis dire, avant le retour à la musique. 

MARITZA : Star Académie, c’était beaucoup de pression mais c’était très formateur, ça m’a fait grandir. Ça m’a permis de rencontrer des tas de musiciens et de gens de spectacles. En même temps, je n’étais pas très confortable dans ce moule très standardisé. J’avais besoin de plus de liberté et j’ai assez rapidement cassé mon contrat avec les producteurs de Star Académie. 

Par la suite, j’ai fait des études en Intervention sociales en relation d’aide auprès des jeunes. J’ai travaillé dans des Centres Jeunesse et dans des organismes communautaires. En 2009, j’ai co-fondé RAIS, Ressources Adoption, un organisme qui vient en aide aux adoptés et aux adoptants, par toutes sortes de moyens. Tout cela prend encore beaucoup de place dans ma vie et a sans doute influencé ma trajectoire musicale.

PAN M 360 : Par la suite, vous faites deux disques en français, de l’Indie Folk, un EP éponyme en 2012 et l’album Libérons-nous en 2017. Comment arrive l’idée de faire un album et d’écrire des chansons en espagnol?

MARITZA : Ça a été un processus très long. J’ai grandi sans parler espagnol. J’avais pris un cours au CEGEP et je n’ai pas vraiment eu un coup de coeur pour la langue. J’avais compris que ma famille dominicaine m’avait abandonnée, j’avais du ressentiment, inconsciemment. Un jour, je rentre du CEGEP et mes parents me disent : « Il faut qu’on parle ». J’ai alors appris que trois de mes soeurs biologiques cherchaient à me retrouver depuis plusieurs années. C’était un choc.

J’ai appris que cette partie de ma famille dominicaine avait immigré près de Boston, aux États-Unis. Je pouvais communiquer en anglais avec une de mes soeurs. Graduellement, nous nous sommes réunies. J’ai commencé à apprendre l’espagnol. J’ai revu ma mère biologique, à Boston. Quand j’ai eu ma fille, qui a aujourd’hui dix ans, c’est comme si ça avait interpellé mes racines. J’ai commencé à m’intéresser en profondeur à la République Dominicaine, à la culture latino-américaine. Je me suis rendu à plusieurs reprises en République, pour rencontrer ma famille qui est la-bas. Je m’y suis fait des amis. Ça a beaucoup amélioré mon espagnol!

PAN M 360 : Quelle a été la première chanson écrite en espagnol?

MARITZA : Ma mère biologique fredonne sans arrêt, j’adore sa voix. J’ai eu envie de faire un duo avec elle, en espagnol. Je l’ai invité à venir enregistrer à Montréal et ça a donné la chanson Para Ti (Pour Toi), qui termine l’album Quien ères. C’était une façon pour moi de lui dire que je ne lui en voulais plus. Ça a été un moment magnifique. Par la suite, j’ai continué d’écrire et nous avons fini par avoir assez de chansons pour faire un album.

PAN M 360 : Personnellement, j’ai beaucoup aimé cet album, est-ce que je me trompe si je dis que c’est un disque très personnel?

MARITZA : Vous avez raison, ça raconte plusieurs facettes de mon histoire. Quien Ères aborde mon identité, qui je suis, ça parle de périodes plus sombres que j’ai vécues. Querida Nina, je la dédie à ma fille. Te Espero parle d’ouverture à l’amour. Dans mes spectacles, j’explique le contexte des chansons en français pour faire en sorte que le public québécois comprenne bien. 

PAN M 360 : Quelles ont été vos influences musicales pour ce disque?

MARITZA : Il y a Chavela Vargas, la grande chanteuse mexicaine, l’incontournable Lhasa De Sela, qui m’a marquée. Les chanteuses mexicaines Natalia Lafourcade, Sylviana Estrada, et Carla Morrison, une belle artiste. Mais il y’a aussi des influences americana. David Thiboutot, avec qui j’ai écrit les chansons, est un grand fan de Calexico. Je remercie aussi Juan Sebastian Larobina, qui  m’a beaucoup aidé pour la prononciation en espagnol. 

PAN M 360 : Quien Eres est sorti il y’a plus d’un an, en fin de pandémie, il n’a pas été aussi entendu qu’en temps normal, allez-vous faire une tournée?

MARITZA : En ce moment, j’essaie d’organiser cela. Il faudra sans doute attendre à l’automne prochain pour une tournée québécoise et canadienne. Je travaille aussi sur un autre album, qui sera également en espagnol, mais dans des tonalités musicales différentes. Je n’aime pas me répéter. 

Et c’est un de mes rêves de voyager avec la musique. Et je souhaite que ma participation au Mundial favorise cela. 

Le groupe indie Winona Forever, originaire de Vancouver, a sorti son troisième album, Acrobat, au début de l’année, mais il ne montre aucun signe de ralentissement. Après une longue tournée aux États-Unis et au Canada, ainsi que leur première incursion en Europe en compagnie de Ginger Root, le quatuor se dirige vers le Québec pour jouer au festival M pour Montreal. PAN M 360 a rencontré Ben Robertson (guitare, clavier, chant), Rowan Webster-Shaw (guitare, chant) et Alex Bingham (batterie) avant le concert pour en savoir plus sur leur nouvel album qui n’a pas encore été annoncé, sur leur démarche et sur le parcours d’un groupe bricolé de Vancouver à un groupe qui mérite de faire des tournées internationales.

PAN M 360 : Vous venez de terminer votre première tournée européenne et une grande tournée américaine, n’est-ce pas ? Comment s’est déroulée cette expérience?

Rowan Webster-Shaw: C’était très amusant.

Ben Robertson: Oui, l’Europe était vraiment sympa. Le public de Ginger Root était vraiment bon. Beaucoup de gens parlaient anglais, ce que j’aurais pu supposer, mais c’était assez facile de s’y retrouver. On a conduit de l’autre côté de la route pendant un moment. Le volant est de l’autre côté, mais c’était vraiment cool.

PAN M 360: Qu’est-ce que ça fait de tourner aux côtés de Ginger Root après s’être connus virtuellement pendant si longtemps ?

BR: Oui, nous étions censés jouer ensemble avant la COVID, comme pour beaucoup de choses que nous étions censés faire avant la COVID. Je suis un grand fan d’eux depuis un certain temps, et j’attendais leur moment pour vraiment exploser, ce qui s’est produit avec « Loretta » (2021). Et heureusement, nous sommes sur le même label. Ce sont des gens sympas. Il se trouve que nous espérions aller en Europe et qu’ils ont réussi à obtenir quelques dates. C’est une vraie chance.

PAN M 360: Y a-t-il des dates en Europe qui vous ont paru particulièrement mémorables ?

Alex Bingham: En particulier, le premier endroit où nous avons joué était Utrecht, près d’Amsterdam, et c’était un endroit plutôt cool.

RWS: Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que les Pays-Bas ont été notre endroit préféré.

BR : Oui, nous aimons la sensibilité néerlandaise. Leur approche des barrages est plutôt cool. Leurs vélos, tous leurs canaux.

AB : Je fais beaucoup de vélo, donc j’ai apprécié la quantité folle de vélo.

RWS : Il y a environ un vélo et demi par personne.

PAN M 360 : Avez-vous surtout joué des morceaux de Acrobat et Feelgood, ou travaillez-vous sur des chansons que nous n’avons pas encore entendues ?

AB : Oui, nous avons joué quelques nouvelles chansons que nous avons enregistrées l’année dernière. Et aussi d’autres plus anciennes.

BR : C’est presque comme deux chansons par album. Nous jouons encore des morceaux de notre premier album. Seulement deux ou trois, mais cela permet de conserver une partie de l’énergie. Ce qui est intéressant, parce que ce sont de vieilles vibrations. Mais aussi, pour les gens qui ne nous ont jamais vus, ils ont l’occasion de voir un tas de choses que nous avons faites. C’est vrai ? Les époques.

PAN M 360 : Vous avez évidemment débuté sur la scène vancouvéroise, puis vous avez fait un passage à Montréal. Quelles sont, selon vous, les plus grandes différences entre le fait d’être un groupe dans chaque ville ?

RWS : Je pense que Vancouver est tout simplement plus petite. Comme nous sommes originaires d’ici, nous avons un peu plus de communauté autour de la musique. Et beaucoup de nos amis qui jouent dans des groupes sont encore ici. C’est donc en partie pour cela que j’ai voulu revenir à Vancouver. Et aussi parce que nous étions prêts à changer à nouveau, car nous avions vécu à Montréal pendant quelques années, et c’est la raison pour laquelle nous y sommes allés au départ.

BR : Oui, nous étions loin de nous douter que ce serait une longue pause. Mais je pense qu’à Montréal, nous commencions à prendre pied, et puis la COVID a frappé, alors nous avons fait un disque à la place. Et puis, je dirais que nous avons eu de la chance avec certaines subventions en Colombie-Britannique. Je pense qu’au Québec, elles sont évidemment un peu plus orientées vers les artistes francophones, ce qui est logique. Mais nous n’en avons pas vraiment profité. Nous avons pu être un artiste exportateur de la Colombie-Britannique, par exemple par l’intermédiaire de Music BC et de Creative BC, pour obtenir des financements. Cela nous a beaucoup aidés, car il y a certaines choses que nous ne pensions pas pouvoir faire, et il y a de l’argent pour cela. C’est vraiment génial. Je pense qu’il était sain pour nous d’essayer quelque chose d’autre. Nous avons fait notre première tournée américaine à partir de Montréal. Nous avons essayé de nous dépasser de plusieurs façons. Et maintenant, nous tournons aux États-Unis à partir d’ici, mais je n’aurais jamais pensé que nous pourrions le faire. Je n’en sais rien. C’est juste une sorte de mentalité de continuer à changer les choses.

RWS : J’ai l’impression que nous devons faire un tas de choses que je voulais absolument faire, mais que je n’aurais jamais pensé pouvoir faire. Comme aller en Europe, passer un mois aux États-Unis. C’est assez fou.

PAN M 360 : Vancouver est connue pour sa scène DIY en ce qui concerne les concerts – des concerts dans des maisons louches, des lieux illégaux et des espaces gérés par la communauté – avez-vous un souvenir favori d’un concert dans les premiers jours du groupe ?

RWS : Je me souviens qu’ils étaient très amusants. C’est vrai que c’était beaucoup plus mou. (Ils rigolent tous les trois.)

BR : Je me souviens d’une fois où nous allions jouer une nouvelle chanson que Rowan avait écrite – c’était « Shrek-Chic ». Et je crois que le mec a bu une bouteille entière de vin. Notre ami avait enregistré le concert, et c’était tout simplement inutilisable. Mais dans le meilleur des cas, inutilisable. Je pense que c’est quelque chose que nous devons garder à l’esprit. L’énergie qui se dégageait de ces concerts était vraiment amusante. Il y a un endroit qui s’appelle le Matador et qui est comme le sous-sol d’une maison. Et les 60 personnes qui pouvaient s’y entasser donnaient l’impression d’une énorme quantité d’énergie. Je pense que c’est là que nous avons commencé. Et nous ne pouvions pas continuer à faire ça éternellement. Mais c’est toujours le genre de choses que nous trouvons amusantes. Notre dernier concert avant la pandémie était un concert à domicile. C’était très amusant. Je me souviens avoir grimpé sur la batterie d’Alex et m’être électrocuté sur le micro.

AB : Ouais, jouer des concerts comme ça est l’une des choses les plus amusantes.

RWS : Les deux sont cool. Je pense que c’est vraiment quelque chose que nous essayons de traduire lorsque nous jouons dans des espaces plus grands et des choses plus légitimes.

AB : C’est difficile, cependant. Quand le public n’est pas comme s’il se jetait à corps perdu dans le concert.

BR : C’est un peu plus une mentalité qu’une réalité. Peut-être que vous apportez une certaine énergie sur scène, même si le public ne vous répond pas directement. Mais nous avons joué quelques concerts en Europe où le public était là, surtout à Copenhague, où nous étions dans un petit aquarium. Et si je disais quelque chose au micro, ils pouvaient répondre et c’était assez intime de cette façon. Donc je ne sais pas – si quelqu’un devait sauter dans la foule ou être un peu bizarre, certaines personnes aimeraient vraiment ça. Ils se disent : « Oh, je n’ai jamais vu un groupe faire ça ». Et c’est comme, « Oh, mec. C’est tout ce que nous faisons. »

PAN M 360 : En parlant maintenant Acrobat dans son ensemble, y a-t-il quelque chose qui vous a vraiment surpris dans la réalisation de cet album ? Y a-t-il eu des défis nouveaux pour vous ?

AB : Euh… Oui. (Ils rient tous.)

BR : Mec, c’était si facile (rires).

AB : Pour moi, en tout cas, il est beaucoup plus facile de savoir à quoi une chanson est censée ressembler si nous l’avons déjà jouée en concert. J’ai personnellement une idée de ce qu’est la chanson à ce moment-là. Mais tous ces morceaux ont été enregistrés dans notre cave, et personne ne les avait entendus. Nous avions joué ensemble, mais il a fallu réenregistrer beaucoup de choses et chercher ce qu’était cette chanson. Et cela a pris beaucoup de temps.

BR : Oui, ça n’aurait probablement pas dû nous prendre autant de temps pour faire neuf chansons.

RWS : Mais nous avions en quelque sorte un temps illimité, et le home studio.

BR : Rowan et moi apprenions aussi davantage sur la production. Et puis nous avions des idées et essayer d’obtenir des sons de piano était nouveau. C’était certainement un peu difficile d’essayer quelque chose de nouveau. Et pour répondre à Alex, il n’y avait pas nécessairement d’objectif du genre « Oh, mec, je dois faire ça, et ensuite ça se traduira sur scène », ou quoi que ce soit d’autre. C’était juste dans la bulle de l’enregistrement. Je pense donc que nous ne nous sommes pas facilité la tâche. Mais nous avons persévéré pour obtenir des morceaux qui, à mon avis, étaient une bonne utilisation du temps. Et nous jouons ceux qui sont agréables à jouer en concert. Et certains d’entre eux, nous ne les avons pas vraiment joués en live, mais les gens les aiment en ligne ou quoi que ce soit d’autre, et c’est cool aussi.

Pour contraster, je ne sais pas si nous l’avons annoncé, mais nous avons un autre album. Depuis, nous avons fait 17 chansons que nous avons toutes coupées en direct, juste pour nous sentir vraiment différents. Et les résultats sont vraiment différents. En quelque sorte. Je veux dire, pas si différent que ça, mais on a plus l’impression d’avoir édité en jouant ensemble plutôt que d’avoir édité en étant des producteurs. Donc oui, je pense que ça aurait été assez différent. Mais oui, je ne sais pas. Nous avions un Rhodes et un Wurlitzer et un piano et différents trucs loués sur Acrobat et nous avons expérimenté, et je pense que nous avons essayé de garder ça intéressant.

PAN M 360 : En écoutant l’album, on voit qu’il y a eu beaucoup de travail d’édition et d’affinage. Y a-t-il eu beaucoup de musique qui n’a pas été retenue pour l’album ou qui s’est avérée meilleure pour votre projet solo ?

AB : Oui, il y a beaucoup de choses qui n’ont pas… que nous n’avons pas terminées.

BR : Oui, il y a des choses que nous n’avons pas terminées. Il y a deux ou trois choses que nous faisions en concert et que nous avons abandonnées. J’avais aussi quelques chansons supplémentaires que j’ai transformées en mon propre EP. Celles qui sont restées sont, je pense, les meilleures. Mais certaines d’entre elles devenaient délicates, alors nous avons arrêté de travailler dessus. Je pense que c’était probablement un produit de la mentalité. Je connais des gens qui n’ont pas fait preuve de beaucoup de créativité pendant la pandémie, car ce n’est pas vraiment une période très inspirante. Surtout à Montréal, où la ville a été fermée vers 19 ou 20 heures. Ce n’était pas une période très normale.

PAN M 360 : En parlant de cette prochaine chose, où en êtes-vous dans le processus pour le nouvel album ?

BR : Il est en cours de masterisation ! Nous avons essayé de faire les choses plus rapidement, de faire plus de choses et d’en faire plus. Et cela ressemble un peu plus à la façon dont nous faisions nos disques. Nous avons réalisé notre premier album principalement en live, et il y a donc quelque chose d’intuitif là-dedans. Je veux dire que nous sommes un groupe qui a une alchimie live, et nous pouvons enregistrer en direct. Même si les deux premières pistes que nous avons enregistrées pour cet album, je me demandais : « Est-ce qu’on peut faire ça ? Nous étions en mode édition depuis un petit moment, ce qui est cool. J’aime la musique qui sonne comme ça. Mais j’aime aussi la musique qui sonne très brut. Nous avons donc effectué ces deux premiers jours de repérage, et j’ai trouvé que ça sonnait très bien. C’était vraiment cool de savoir qu’on pouvait faire l’un ou l’autre.

AB : Nous avons toujours voulu faire quelque chose de nouveau à chaque fois que nous réalisons un projet, quel qu’il soit. Je pense donc que toutes les approches sont valables, et nous verrons bien.

RWS : Le live est très agréable parce qu’il est très rapide.

BR : Nous avons eu plusieurs flux de travail différents, qui ont dû évoluer au fil du temps. Avant, Alex s’occupait de l’enregistrement et du mixage parce qu’il a fait une école d’audio. Rowan et moi nous demandions : « C’est quoi ce micro ? Pourquoi tu fais ça ? Petit à petit, nous avons appris à faire les choses à notre manière, et maintenant le processus est un peu plus démocratique. Mais c’est bien aussi d’aller en studio : quelqu’un d’autre s’occupe de tout ça et on peut se dire : « D’accord, est-ce qu’on est enfermés ensemble ? Est-ce que nous jouons comme nous le voulons ? » Nous avons enregistré à New Westminster, dans un endroit appelé Little Red Sounds, sur l’île de Gabriola, au Noise Floor. Dans les deux cas, il y avait de bons ingénieurs et producteurs, ce qui nous a permis d’être le groupe lui-même.

RWS : Et c’est quelque chose que nous n’avions pas fait auparavant.

AB : Nous avons fait une bonne partie de la pré-production sur certains morceaux. Et puis d’autres choses ont été faites en studio. Et c’était assez amusant de pouvoir se concentrer sur ce que l’on joue et sur le son que l’on produit, au lieu de devoir se demander : « Oh, comment est-ce que je vais placer le micro sur cette batterie ? »

PAN M 360 : La musique a-t-elle évolué au cours de ce processus, ou était-elle plutôt figée ?

RWS : Une partie de la musique était assez figée. Mais d’autres, surtout vers la fin du processus, ressemblaient plus à des idées, mais elles ne se sont vraiment concrétisées qu’au fur et à mesure que nous jouions.

BR : Ce que j’ai remarqué, c’est que, disons que tu fais une surimpression de basse ou de guitare sur quelque chose. Tu fais ta prise de trois minutes, et tu n’entends qu’une seule chose. Si vous suivez tout le groupe, et que vous êtes tous en train de peaufiner la chanson – par exemple, on se penche ici, on pousse plus fort – vous entendez toute la chanson dans les haut-parleurs, et vous avez le contrôle de toute la chanson. Cela permet au groupe de contrôler l’ensemble du morceau, au lieu de changer des parties ou de faire des overdubs, et de faire les choses une par une. C’est un peu différent.

RWS : Tout à fait. Être capable de tout écouter et de ne pas se concentrer uniquement sur la perfection de ce que l’on a joué. Se concentrer sur le fait que tout va bien ensemble et être d’accord pour laisser tomber certaines choses si c’est la bonne décision.

BR : Vous apportez le contrôle dans la pièce lorsque vous vous dites simplement : « D’accord, jouons tous ».

RWS : On sait si tout fonctionne ou non.

PAN M 360 : Que peut-on attendre d’autre du nouvel album ?

BR : Il n’y a pas de piano. En tout cas, on ne le remarque pas. C’est un peu un retour à des vibrations de guitare et à des choses plus énergiques. Je pense que le sentiment qui s’en dégage de manière cohérente est celui d’une sorte de live-off-the-floor. C’est un éventail de chansons, dont certaines que Rowan, Ruby (le bassiste) et moi-même avons écrites ensemble. Nous nous asseyions ici avec des guitares acoustiques et nous écrivions ensemble, et c’est quelque chose que nous n’avons pas fait depuis un certain temps. C’est quelque chose que nous n’avons pas fait depuis longtemps, voire jamais. D’habitude, l’un de nous apporte une chanson, puis nous collaborons sur le rythme et nous partons de là. Mais oui, il y a des voix de groupe, des choses comme ça. Je pense que c’est un nouveau territoire pour nous.

PAN M 360 : Lorsque vous travaillez sur quelque chose de nouveau, vous arrive-t-il d’avoir du mal à le faire correspondre à un certain son « Winona Forever » ? Ou vous sentez-vous plutôt à l’aise en laissant le son du groupe évoluer au fur et à mesure ?

RWS : Je pense qu’en général, nous voulons simplement aller de l’avant. Je ne ressens donc aucun inconvénient à apporter une idée à ce groupe, et elle peut être différente.

BR : Je pense que c’est une question de mentalité. Je trouve que c’est parfois difficile. Mais si vous êtes un artiste, vous pouvez vous dire : « Oh, voici ma prochaine idée, et elle est vraiment différente ». Et c’est vraiment différent. Et ses meilleurs amis se disent : « D’accord, ça te ressemble toujours ». Mais vous ne pouvez pas le voir. On fait le même genre de mélodies et d’accords, et l’énergie est différente, mais je vois toujours la ligne directrice. En jouant les morceaux d’Acrobat en direct, je pense que j’ai eu ce genre de moment lorsque je jouais sur le Wurlitzer en direct. Et nous avons maintenant un moment dans le set où nous faisons un peu de rock, puis nous jouons le Wurlitzer, puis une chanson assez lente, puis nous faisons encore un peu de rock. Et c’est très amusant. Et je pense que c’est assez amusant de continuer à jouer des morceaux que nous jouons depuis des années et des années. Mais une fois qu’on les joue, on retrouve ce sentiment que le groupe a depuis longtemps. Et je pense que c’est plutôt cool que nous ayons toujours ce sentiment.

WINONA FOREVER PLAYS L’ESCOGRIFFE, NOV. 17 10 PM W/ ALEX NICOL, & SORRY GIRLS


Photos : Raunie Mae Baker

Huu Bac Quach est un musicien on ne peut plus représentatif de cet éclectisme ouvert en musique, vertu cardinale chez tant d’artistes évoluant dans la métropole québécoise. Dans le contexte de Mundial Montréal, il incarne fort bien cette mouvance et en fera la démonstration avec son quintette.

Guitariste hard rock / métal à l’adolescence, il est devenu tour à tour guitariste de jazz, puis multi-instrumentiste et compositeur féru de culture sino-vietnamienne mais aussi afro-péruvienne, africaine de l’Ouest, hindoustanie et plus encore. Du Vietnam où il est venu tout bébé avec ses parents émigrés de la guerre, Huu Bac a grandi à Valleyfield avant d’entreprendre un périple incessant à travers les musiques occidentales, orientales et tropicales.

PAN M 360 : Vous êtes d’origine vietnamienne et votre nom de famille Quach, évidemment, s’est fait connaître au Québec depuis la pandémie, évidemment grâce à cette femme billante qu’est la Dre. Caroline Quach.

Huu Bac :  D’ailleurs, j’ai rencontré Dre. Quach lors d’un concert , l’année dernière, et puis l’ai remerciée pour cette raison : depuis qu’elle est régulièrement présente dans les médias, tout le monde sait comment prononcer le nom de notre famille. Elle a trouvé ça très drôle! Il faut aussi savoir que tous les Quach savent parler un dialecte chinois.

PAN M 360 : Des Quach ont migré au Vietnam donc,

Huu Bac : Tous les Quach parlent le même dialecte chinois de Chaozhou, une ville située dans le sud de la Chine.

PAN M 360 : Et donc  il y a eu une migration vers le Vietnam.

Huu Bac : Exactement. En fait, le mot Quach, c’est la vietnamisation du nom chinois d’origine – Guo .

PAN M 360 : Votre accent québécois indique que vous avez grandi ici, n’est-ce pas?

Huu Bac : Je suis né au Vietnam et je fais partie de la vague de réfugiés au début des années 80. J’étais bébé. Quand je suis arrivé au Québec, j’avais deux ans. Et la raison pour laquelle j’ai un accent québécois plus prononcé peut- être que beaucoup de Vietnamiens, c’est que j’ai grandi à Valleyfield jusqu’à l’âge de 18 ans.

PAN M 360 : Cela dit, vous êtes soucieux de témoigner de la culture de vos parents et de vos aïeux dans votre musique Vous jouez le đàn bầu vietnamien et l’erhu chinois, ces sonorités sont présentes dans votre musique, aussi marquée par le jazz.

Huu Bac : Oui, j’ai eu ma période de retour aux sources, début vingtaine. Jusque là, soit à 23 ans, je ne faisais que de la guitare et je pensais être guitariste pour toute la vie. Puis j’ai fait mon premier retour au Vietnam. J’ai toujours entendu ces sons-là à la maison et surtout le son monocorde vietnamien, parce que ma mère écoute la musique traditionnelle à la maison, mais je n’ai jamais vu quelqu’un jouer.

Sur un bateau au Vietnam, j’ai vu quelqu’un jouer le đàn bầu,  un instrument tellement particulier qu’il y a seulement une corde et on le joue avec la tension. Dans le monde, il n’y a pas beaucoup d’autres instruments qui ont cette façon de faire sortir le son. Ça frappe quand on voit quelqu’un jouer ça, j’ai été complètement mystifié.

Quand je suis rentré j’ai trouvé Pham Duc Thanh, un professeur et à ma grande surprise un des plus grands maîtres de l’instrument, vivait alors à Montréal. J’ai appris avec lui les cinq dernières années qu’il vivait au Québec – il est retourné depuis au Vietnam.

PAN M 360 : Lorsqu’on va sur votre page Bandcamp, on observe que vous jouez aussi des instruments qui ne sont pas d’origine asiatique.

Huu Bac : Je dirais que maintenant, ce ne sont pas seulement mes racines asiatiques qui me sont importantes à exprimer, c’est tout ce qui passe sur mon chemin. Parce qu’il y a aussi beaucoup d’influences d’Amérique du Sud, surtout du Pérou. Dans la musique, il y a des rythmes afro- péruviens, des rythmes afro-latins. Par exemple, je joue la quena que j’ai apprise au Pérou. Et puis, ces dernières années, je me suis également concentré sur d’autres rythmes  d’Afrique. Et puis, encore plus récemment la musique indienne du Nord (hindoustanie) aussi. 

PAN M 360 : Vous vous intéressez à toutes les musiques, en somme! Vous êtes multi-instrumentiste. Ce n’est pas votre objectif d’être un virtuose, vous êtes plutôt désireux de faire découvrir une instrumentation atypique. En tant qu ‘improvisateur et compositeur, si je comprends bien.

Huu Bac :  Exactement. Ma force se trouve plus dans la composition, car j’arrive à lier plusieurs cultures. J’aime dire que je les fais dialoguer. Voilà, j’ai appris le đàn bầu, après ça j’ai appris le violon en Suisse.  Et puis après, j’ai fait un an au Conservatoire de Shanghai et puis je suis revenu au Québec.

J’ai commencé à être actif sur la scène des musiques du monde entre autres le défunt festival Musiques Multi Montréal. En 2006, j’y ai joué avec un compositeur péruvien, Lucho Quequezana, aujourd’hui très connu au Pérou. On a fait trois concerts ensemble et il y a eu une très bonne chimie entre nous, au point qu’il  m’a invité plusieurs fois à jouer au Pérou, d’où mon apprentissage de la quena et de tous les rythmes afro-péruviens que j’intègre désormais dans mes compositions. J’avais fait la même chose avec mes profs vietnamien et chinois.  

PAN M 360: Ce déferlement stylistique ne finit donc jamais ?!

Huu Bac : Quoique…après quelques années, en 2011, je me suis senti fatigué de toujours changer de chapeau. Il n’y avait pas de projet dans lequel je sentais que je m’exprimais à 100 %. Alors j’ai commencé à faire mes compositions, monter un groupe et faire dialoguer toutes ces cultures, incluant le jazz et même le rock de mon adolescence, Pantera, Metallica, Rage Against the Machine, etc.. Il y a un petit peu de ça aussi qui passe dans quelques propositions aussi, un petit peu de rock. Le but, c’est juste de m’exprimer totalement.

PAN M 360 : Il y a aussi le jazz qui chapeaute tout ça, vous ne faites pas exactement dans le folklore ni dans la pop.

Huu Bac :  Oui.  J’ai quand même grandi au Québec et je me sens très nord- américain. Mon éducation musicale académique  est jazz, j’ai étudié cette musique jusqu’à l’université. Ça reste donc une base pour moi où je suis à l’aise, que j’aime beaucoup. Je suis nord- américain de culture, et il y a toujours ces influences qui viennent de partout.

Et puis je trouve qu’il y a quelque chose de très montréalais aussi dans ce que je suis. Je suis un produit de Montréal , et mon développement général de compositeur, ça passe beaucoup par l’ouverture montréalaise – d’ailleurs, mes professeurs d’instruments asiatiques étaient à Montréal même si je me suis perfectionné en Asie.

PAN M 360 : Et que présentez-vous jeudi à Mundial Montréal ?


Huu Bac :  On présentera surtout des compositions de mon deuxième album dont la sortie est prévue au printemps 2024.  La musique du nord de l’Inde (hindoustanie) y sera présente, Il y aura quelques rythmes d’Afrique aussi, notamment de la Guinée équatoriale. Et il y a toujours l’influence des sonorités vietnamiennes, chinoises et péruviennes. On va essayer de  présenter ça en 25 minutes!

Fraîchement débarqué à Montréal en provenance de Lyon, le collectif queer Akira & le Sabbat était au Ministère mardi dans le cadre de M pour Montréal et sera en formule DJ au Nouvel Établissement ce mercredi. Quelques minutes après avoir effectué leur test de sons, Pan M 360 s’est entretenu avec les six membres afin d’en savoir plus sur leur histoire, leur processus créatif et leur mission. 

Lorsque Akira & le Sabbat se produit sur scène, personne ne reste indifférent. Composé d’Océan et Valentine (chant), Elric (guitare), Lucie (clavier), Jules (basse) et Eden (batterie), la musique du collectif français décoiffe et déplace de l’air ! Animé par un puissant désir de revendication, le groupe propose un son aux influences diverses, allant du punk au rock, en passant par le rap et l’électro. 

Océan, l’une des deux voix du groupe, compare la proposition du groupe à « une poubelle remplie d’essence à laquelle on met le feu », et nous en avons la preuve avec le morceau KLNX, véritable tornade d’émotions. À ce jour, Akira & le Sabbat n’a fait paraître qu’un seul titre, mais se prépare à en dévoiler davantage avec son premier EP au début de 2024.

PAN M 360 : Il s’agit de votre première rencontre avec le public montréalais. Parlez-nous de la naissance de votre collectif?

EDEN : Océan, Valentine et moi nous sommes rencontrés au lycée à Chaumont en Haute-Marne. Nous avons commencé à faire de la musique ensemble, puis Elric s’est joint à nous un peu plus tard. Il y a quelques années, Océan et Valentine sont partis s’installer à Lyon, et c’est de cette manière que nous avons rencontré Lucie et Jules. C’est à partir de ce moment que nous avons commencé à créer ensemble et que notre collectif est né. Ça va faire deux ans que nous sommes six. 

PAN M 360 : Quelle est l’origine du nom de votre collectif?

OCÉAN : Akira & le Sabbat, c’est un événement qui se produit dans la série d’animation japonaise Devilman Crybaby. Le personnage nommé Akira se retrouve dans un rave qui s’appelle Le Sabbat, et à ce moment-là il ne se sent pas très bien dans sa vie. Ce rave va changer quelque chose chez lui, ça lui fait prendre confiance et conscience de tout le pouvoir qu’on lui donne. Lorsqu’on se retrouve sur scène devant notre public, c’est vraiment un rendez-vous et c’est ça qu’on veut produire. Akira & le Sabbat, ce n’est pas un musicien et le reste du groupe, c’est plutôt la rencontre entre nous et le public. 

PAN M 360 : Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans la musique?

VALENTINE : Beaucoup d’ennuis, je pense! Nous venons d’une région où il ne se passe pas grand-chose et on s’ennuyait beaucoup. Nous faisions déjà de l’art et nous avions besoin de créer, donc nous avons décidé de faire de la musique. 

OCÉAN : Je crois que nous aurions pu faire n’importe quel type d’art comme de la peinture ou du design. Nous avions envie de transmettre un message et de dire des choses. La musique est le médium qui nous a permis de le faire. 

LUCIE : Nous sentions aussi que nous avions des choses à dire en tant que collectif. Nous nous sommes attirés de manière naturelle, car nous savions que notre message était commun. 

PAN M 360 : Vous dites que vous auriez pu faire d’autres types d’art que la musique. Pourquoi avoir opté pour cette direction?

ELRIC : Pour ma part, je fais de la musique depuis que je suis tout petit et ça va faire 15 ans que je joue de la guitare. Bref, j’ai toujours baigné dans la musique. Au début, je ne pensais pas pouvoir vivre de ça. Quand nous nous sommes rencontrés, ça a tout de suite cliqué musicalement et je me suis dit « bah tiens ça pourrait être possible! » 

OCÉAN : C’est vraiment une question de survie, je crois. La musique, c’est ce qui m’a le moins lassé. La musique me permet de rester en vie, je crois que si nous avions choisi autre chose nous aurions été moins passionnés à un certain moment. 

VALENTINE : Depuis toujours la musique m’a sauvé la vie et je crois que c’est pareil pour nous toustes. Quand rien ne va, il y a toujours la musique et notre collectif qui va bien. Pour moi, c’est l’art le plus accessible pour extérioriser ses émotions et hurler sur scène. 

JULES : Il y a quelque chose de très physique dans le fait de se produire sur scène, c’est limite sportif. Quand on part faire des concerts, c’est comme si on allait disputer un match. On en ressort lessivé, mais le pire c’est qu’on veut toujours y retourner. Si ça n’en tient qu’à nous, je pense que tu nous mets cinq heures sur une scène, on y reste pendant six. C’est addictif. 

PAN M 360 : Votre son est assez éclectique et mélange beaucoup de styles différents. Comment décririez-vous votre musique? 

OCÉAN : Tu prends une poubelle avec « L’amour gagne toujours » écrit dessus, tu la remplis d’essence et tu y mets le feu. Ensuite, tu regardes le tout brûlé et tu danses autour. 

EDEN : Aussi, ça fait de la lumière et ça réchauffe. C’est vraiment ça notre musique. 

ELRIC : J’ajouterais aussi que notre projet est très polymorphe. On se définit plutôt en tant que collectif que groupe, car nous sommes ouverts à accueillir de nouveaux membres. On explore beaucoup d’horizons différents.

JULES : Il y a quelques mois, on faisait de la musique R&B et maintenant on propose quelque chose de très punk.

PAN M 360 : À quoi ressemble votre processus créatif en étant six? De quoi vous inspirez-vous?

JULES : Ce n’est pas compliqué, on fait la fête! En vrai, on s’inspire de la vie de tous les jours, et comme le quotidien à Lyon n’est pas super, on a souvent des histoires à raconter. On se retrouve toustes, on boit deux ou trois verres et nos idées se rencontrent. 

OCÉAN : Nous n’avons pas nécessairement de manière de créer. Même si quelqu’un propose une grille d’accords, ça ne provient pas seulement de cette personne, mais plutôt de nos interactions. Notre collectif est un peu comme une grosse tasse de thé et nos idées infusent pour créer un tout. Nos différentes influences se mélangent. 

LUCIE : On crée en fonction de ce qu’on vit. En ce moment, il se passe des choses dans le monde qui nous énerve et nous avons juste envie de crier et hurler. 

EDEN : Ça ne nous ressemblerait pas d’avoir une manière de créer unique et linéaire. Nos morceaux sont tous différents. On se laisse libre de créer. 

PAN M 360 : Que ce soit dans vos textes ou votre musique, on y retrouve une attitude très revendicatrice. Est-ce qu’il y a un élément déclencheur qui a mené à cela? 

LUCIE : Le monde qui brûle, c’est certain.

OCÉAN : J’ai un événement précis en tête qui résume bien pourquoi on écrit. Nous étions en voiture à Argenteuil près de Paris et nous avons vu un bâtiment enflammé. Nous nous sommes dit « quelqu’un va appeler les pompiers pour faire arrêter l’incendie », et Lucie nous a fait remarquer que c’est un phénomène qui se produit souvent.

LUCIE : Souvent quand quelqu’un se fait mal ou quoi que ce soit, on pense toujours que quelqu’un a déjà appelé une personne pour aider. Finalement, personne n’appelle les secours et la personne ne reçoit aucune aide. 

OCÉAN : C’est un peu ce qui se produit avec notre planète en ce moment. Tout le monde sait que ça ne va pas bien et personne n’en parle. Nous sommes conscients de cette urgence et nous avons envie d’en parler. 

PAN M 360 : Parlons davantage de votre seul titre disponible sur les plateformes d’écoute en ligne KLNX. Que raconte ce morceau? 

OCÉAN : Chez nous, nous avons eu La Manif pour tous (manifestations en opposition à la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de personnes de même sexe en France). Ce n’est vraiment une manifestation pour tout le monde, déjà si ce l’était on l’appellerait La Manif pour toustes. La vraie manifestation pour toustes, c’est nous. La réponse qu’on envoie à ces manifestants c’est qu’on s’embrasse et qu’on s’aime. On combat par l’amour, c’est vraiment ça. 

JULES : Du coup le nom KLNX vient du fait que lorsque ces manifestants nous voient s’aimer, ils versent une larme et on leur tend un mouchoir pour s’essuyer. 

PAN M 360 : Avec seulement un seul titre disponible, que proposez-vous sur scène?  

OCÉAN : On est comme un dealer qui a plein de drogues différentes, et vous pouvez vous servir.

LUCIE : Mais c’est légal et ce n’est pas dangereux. C’est un cocktail d’amour! C’est une fête où les gens peuvent lâcher prise et se laisser porter par notre musique. C’est un rendez-vous.

JULES : Tout et n’importe quoi, faut venir le voir pour comprendre. Je crois que nous offrons quelque chose d’assez diversifié pour que tout le monde y trouve son compte.

PAN M 360 : Votre premier EP sortira au début 2024. Que représente-t-il pour vous?

JULES : Ce premier EP, c’est seulement l’impact de la bombe qu’on va lâcher, et tout ce qui va se produire après en termes de concerts et de sorties sera l’onde de choc.

EDEN : Je vois cet EP comme un certain renouveau. On apporte quelque chose de nouveau au public et à nous-mêmes aussi. Pour moi, ce projet veut dire « regardez-nous, on est là ».

OCÉAN : C’est super excitant de dévoiler un premier projet, mais ce dont nous avons le plus hâte c’est de donner rendez-vous à notre public. Ça va être extrêmement bien si tout le monde répond présent!

Crédit : Coline Haslé 

Lorsque les continents entrent en collision, ils font un bruit de tonnerre. Al-Qasar crée la bande son de cette fission. Arabian fuzz, c’est ainsi qu’ils nomment leur musique, une vision effrontément électrique et profondément connectée à ses racines. Le groupe a été créé dans le quartier de Barbès à Paris par le producteur Thomas Attar Bellier, qui a réuni des musiciens de France, du Liban, des États-Unis, du Maroc, d’Algérie, d’Arménie et d’Égypte .

Al-Qasar joue le 15 novembre au Café Campus à 22h55. 

PAN M 360 : Bonjour Thomas, merci de nous consacrer un peu de votre temps. Vous êtes à l’écoute depuis Montréal ?

Thomas :Oui, nous sommes arrivés il y a quelques heures. Je ne sais pas si vous le savez mais je suis au Biftek Bar. 

PAN M 360 : Bien sûr. Est-ce la première fois que le groupe se produit au Québec ?

Thomas: C’est vrai, et même pour moi, c’est la première fois que je joue au Canada. Même si j’ai vécu longtemps aux Etats-Unis, nous sommes très excités. 

PAN M 360 : Et nous aussi. Al-Qasar est un projet très intéressant. Avez-vous toujours eu l’idée de faire du rock du désert arabe ?

Thomas: Personnellement, je viens de la scène psychédélique. C’est la scène dans laquelle j’ai grandi, c’est la scène dans laquelle j’ai commencé à tourner quand j’étais gamin. J’ai grandi en France, j’ai déménagé en Californie à un très jeune âge, et j’ai tout de suite été exposé au stoner et au psychédélisme. Mais en même temps, j’ai toujours été intéressé par la musique nord-africaine. En grandissant à Paris, j’ai été exposé à beaucoup de joueurs de oud, de percussionnistes, de chanteurs, et ainsi de suite. C’était donc un peu mon éducation musicale bipolaire…

À un moment donné, j’étais à Los Angeles et je collaborais avec un poète jordanien. Il s’appelle Farid Al Madain et il a eu l’idée de me dire : « Pourquoi n’écrirais-je pas des poèmes radicaux dans le style d’Ahmed Fuadnag, le poète révolutionnaire égyptien, et ne composerais-tu pas des morceaux psychédéliques vraiment cool pour les accompagner ? Nous pouvons faire quelque chose de complètement nouveau, un projet de rock psychédélique avec des influences d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de Turquie, avec des paroles radicales où nous utilisons l’arabe classique comme il l’a rarement été auparavant.

C’était la première version de l’idée, puis l’idée s’est développée pour inclure encore plus d’influences parce que j’étais vraiment dans la scène psychédélique turque à l’époque, qui était déjà en train d’accomplir cette fusion de la vieille poésie turque et de la vieille poésie persane, et de la mélanger avec des influences plus psych rock occidentales, tu vois ?

C’était donc les débuts du groupe et c’était il y a cinq ans maintenant, depuis le projet a beaucoup évolué. Mais oui, les premières sessions étaient très, très organiques. C’était comme si Farid écrivait de la poésie et qu’il la traduisait pour moi, ce qui inspirait les aspects musicaux, et nous allions de l’un à l’autre. Mais Farid n’est qu’un poète, ce n’est pas vraiment un chanteur. Je devais donc être très attentif aux aspects musicaux et mélodiques.

PAN M 360 : Votre album brille vraiment à cet égard. Hobek Thawrat et Sham System, en particulier, sont de véritables bangers.

Thomas : Merci, c’est vraiment cool parce qu’en fait, sur Hobek Thawrat, la chanteuse est Alsarah. Et nous jouons avec elle ici à Montréal. L’idée est de collaborer avec différents artistes autant que possible, d’essayer de faire tourner le personnel, peut-être de faire appel à des invités, etc. Et Alsarah est une personne avec laquelle nous avons beaucoup travaillé ces derniers temps. Nous avons participé à six festivals avec elle l’été dernier en Europe et en Afrique. Et elle est de retour avec nous à Montréal pour deux concerts. C’est très excitant. Elle est soudanaise, mais elle vit à New York. Il était donc logique de l’inviter pour ces concerts.  ;

PAN M 360 : J’ai vu que Lee Ranaldo avait joué sur Who are We ? Comment cela s’est-il passé ?

Oui, la connexion avec Lee s’est faite par l’intermédiaire d’un ami commun, le poète gonzo Ron Whitehead de Louisville, dans le Kentucky. C’est un type avec qui j’ai collaboré au fil des ans. Il est comme le dernier des poètes beat, vous savez, c’est un type de la vieille école qui porte la flamme de Ginsburg et de Kerouac. Il avait l’habitude de fréquenter tous ces types, etc. Quand je lui ai envoyé les démos de ce nouvel album que nous faisions avec Al-Qasar, il m’a dit : « Il faut que Thurston ou Lee participent à cet album ». Et j’ai répondu : « Je suis d’accord avec ça ».

So he made the connection and Lee immediately said, yeah, I’m really digging this sound,

J’en suis. C’était vraiment cool et il a dû m’envoyer plus de 20 pistes de guitare. Il a enregistré tellement de matériel pour le morceau qu’il m’a fallu trois jours pour le trier et le produire. En même temps, ça me brisait le cœur parce que j’ai dû couper beaucoup de choses, donc j’ai toutes ces pistes secrètes de Lee Ranaldo sur mon disque dur.  ;

PAN M 360 : Incroyable. Et c’est aussi étonnant de voir combien de pièces mobiles il y a dans ce projet. Ce doit être un véritable cauchemar logistique. 

Thomas :  ; Bien sûr, c’est ce que disent beaucoup de gens et je suis tout à fait d’accord. Mais en fin de compte, cela en vaut la peine. Vous savez, ce projet est tellement épanouissant, en termes de musicalité que nous échangeons, mais aussi culturellement, car je pense qu’il était vraiment important pour moi de faire quelque chose qui soit un peu plus représentatif de ce que nous sommes aujourd’hui en tant que société, vous savez, comme le fait que nous soyons tous multiculturels. Je ne parle même pas d’un point de vue philosophique, je parle de notre vie quotidienne, vous vivez dans une grande ville aujourd’hui, vous allez interagir avec des gens du monde entier. Et leur culture va imprégner l’ambiance de votre quartier, de votre ville, etc. Et finalement, cela fera aussi partie de votre vie.

Je pense que Paris est un très bon exemple à cet égard. Paris est une ville très arabe depuis environ 100 ans, et c’est vraiment un endroit où dans tous les domaines, vous savez, des arts à la nourriture, à la langue, la culture arabe est vraiment présente, et j’ai l’impression que le courant dominant essaie de la réprimer. Mais en même temps, dans leur vie quotidienne, ils mangent toujours du couscous.  ;

PAN M 360 : A Montréal, nous venons d’avoir le Festival du Monde Arabe et c’était sympa de voir beaucoup de monde. Et après avoir entendu beaucoup de styles arabes traditionnels, c’est très cool de les entendre dans ce contexte rock. Cela fait avancer les choses, vous savez. J’imagine que les gens doivent vraiment aimer ce que vous faites sur scène. Quelle est la logistique nécessaire pour que le groupe puisse jouer sur scène ?

Thomas: Nous avons donc décidé de simplifier un peu le groupe avec Sacha Vikan, un batteur franco-arménien, Guillaume Théodin, un bassiste français, et Sibel Durgut, une chanteuse turque, qui joue également des percussions et du kawala, la flûte traditionnelle, et qui chante, et moi-même au saz et à la guitare.Le groupe a commencé avec plus de musiciens sur scène, mais c’était vraiment difficile à réaliser et ce n’était pas très viable financièrement. Nous avons donc dû simplifier, mais maintenant la simplification ne nous donne pas l’impression de perdre de la qualité ou quoi que ce soit. En fait, c’est le contraire, parce que maintenant c’est vraiment consolidé dans un noyau de personnes sur scène.  ;

PAN M 360 : Et dans votre performance live, est-ce que les choses deviennent naturellement plus jammy et loose par rapport à l’album, qui est relativement serré, vous savez.

Thomas: Oui, tu as tout à fait raison. C’est un peu mon style de production en studio. J’aime que les choses soient super serrées. Chaque transition doit être une claque dans la figure. Mais tu as raison dans le sens où le fait d’avoir ce noyau de musiciens et d’avoir beaucoup joué avec eux ces derniers temps a fait en sorte que c’est devenu une seconde nature d’introduire des jams dans le show ;

PAN M 360 :  ; Et donc, à quoi pouvons-nous nous attendre lors de la représentation à Montréal ? .

Thomas : Alors, ce sera Alsarah au chant, comme je l’ai mentionné plus tôt, donc nous allons certainement faire ce morceau « Hobek Thawrat »  ; du dernier album pour lequel elle a écrit les paroles. Et oui, nous allons faire un set avec elle sur lequel nous avons travaillé tout l’été. Ce sera vraiment bon, il n’y aura que des chansons d’Al-Qasar, sauf une, qui sera un de ses morceaux. Nous adorons jouer avec elle. La dernière fois que nous avons joué avec elle, c’était en septembre, à Tunis, lors d’un festival vraiment cool dans l’ancienne médina. Et avant cela, nous étions en tournée européenne ensemble et c’est, vous savez, comme si revenir sur scène avec elle était comme, vous savez, l’ambiance est à 110%.

PAN M 360 : Remarquez-vous une différence dans la réaction des foules en Afrique du Nord par rapport à l’Europe ou aux États-Unis ?

Thomas : Oh, bien sûr. C’est vraiment intéressant parce que c’est parfois très subtil. Nous avons joué des spectacles intéressants en Égypte et en Tunisie, où les services secrets étaient manifestement présents dans le public. C’est comme si on était surveillé, mais aussi comme si les membres du public savaient qu’ils étaient surveillés aussi. On a donc l’impression que les gens essaient de rester calmes et mesurés, mais que d’autres s’en moquent. Ils veulent juste profiter et s’amuser.

Mais même en Europe, nous avons des comportements très différents selon les pays. Ce qui est bien avec le groupe, c’est que nous avons été invités à des festivals de jazz, mais aussi à des festivals de musique électronique où nous jouons à 3 heures du matin. Et j’aime ça, vous savez, ça vous tient en haleine.

PAN M 360 : Si vous n’avez jamais joué à Montréal, vous allez adorer, parce que nous adorons notre musique ici. Et vous avez deux concerts en fait. Vous devez être fatigués !

Thomas: Je veux dire que les tournées sont très dures et que l’on est très fatigué. Mais ce qui est cool avec ce projet, c’est que nous sommes vraiment comme un groupe d’amis proches. L’ambiance est toujours très positive. Et c’est un privilège, en fait, d’être un artiste en tournée. Chaque fois que j’ai envie de me plaindre, j’ai juste besoin de me rappeler, mec, regarde la vie que tu vis. C’est une vie privilégiée, mec, profite-en au maximum, profite-en à fond.

PAN M 360 : Merci Thomas, nous savons d’ores et déjà que ce sera un très grand spectacle. 

Selfhood est le premier EP de l’artiste DIY montréalaise Everly Lux. Enregistré et produit par une équipe composée exclusivement de femmes, ce parcours de 7 chansons est une ode au devenir et à l’appartenance de soi. En usant de paroles poétiques, chaque chanson est une histoire qui vise à creuser profondément les dichotomies de l’amour, du chagrin, de la violence et de la réalité.

PAN M 360: Pour votre premier mini-album, on constate que avez déjà une personnalité artistique très forte. Peut-être pourriez-vous nous raconter comment tout cela est né ?

Every Lux : Et bien tout cela a été très intéressant pour moi parce que je n’avais pas nécessairement l’intention de sortir de la musique folk acoustique. Je n’écoutais même pas beaucoup de folk. J’ai toujours fait partie de beaucoup d’autres projets, plus pop. J’ai joué dans un groupe indie-rock pendant un certain temps, mais aucun de ces projets n’a vraiment fonctionné, et ensuite, pendant que j’étudiais la musique pendant environ six ans, j’étais un peu trop occupée pour vraiment penser à une identité artistique et tout ça. Finalement, j’ai atteint une sorte de carrefour et je me suis dit, ok, je vais essayer d’obtenir des subventions et de me concentrer sur ma musique pendant un an, et c’est à ce moment-là qu’Everly Lux a été créé.

 

PAN M 360 : Ce style folklorique était-il une nouvelle direction ou quelque chose que vous avez exploré pendant un certain temps ?

 

Everly Lux : C’est assez récent. Je pense que c’est au début de l’année 2021 que j’ai écrit Is it True, qui est la seule chanson que j’ai écrite qui était différente de tout ce que j’avais fait auparavant. C’était comme un nouveau projet, un nouveau son, une nouvelle identité. Peu de temps après, j’ai fait un énorme voyage en voiture jusqu’à Los Angeles pendant trois mois, et c’est à ce moment-là que l’identité a commencé à prendre forme. Ce mot m’est resté en tête, et c’est en revenant avec tout ce bagage que j’ai écrit toutes les autres chansons.

PAN M 360 : Il est intéressant que vous appeliez votre album Selfhood alors que vous avez adopté une toute nouvelle identité, celle d’Everly Lux. Comment conciliez-vous ces deux identités ? Considérez-vous Everly comme votre alter ego ou plutôt comme votre véritable moi ?

Everly Lux : Bonne question ! Je veux dire que l’un des thèmes de cet album est la vérité, il y a beaucoup de mentions sur ce sujet et je pense que mon point de vue est qu’il y a beaucoup de vérités et je sens qu’Everly est l’un de mes vrais moi. L’égoïsme ne consiste pas seulement à être son moi statique, mais c’est un comportement, c’est une action, c’est un acte de devenir soi-même. Cela implique donc un changement, un processus et quelque chose qui devra toujours être fait.

PAN M 360 : Bien sûr, une grande partie de l’identité des Everly semble être cette sorte d’esthétique bizarre et merveilleuse. D’où vient votre attirance pour le surréel ?

Every Lux: Je pense que je me suis toujours sentie comme une extraterrestre et je pense que cela se ressent également au niveau musical. Je voulais faire quelque chose de différent et de plus expérimental que la plupart des musiques pop que j’entendais. J’ai aussi un premier niveau universitaire en composition de musique contemporaine, donc j’ai été exposée à des choses super dissonantes et super bizarres, mais ces choses n’étaient pas très accessibles parce que les gens ne s’y reconnaissaient pas. J’ai donc voulu prendre ce genre de dissonance et de tranchant et en faire quelque chose de plus digeste et de plus beau. L’une des choses les plus importantes pour moi est l’originalité, donc je tiens beaucoup à faire quelque chose de différent. 

PAN M 360 : Comment vous y prenez-vous pour écrire vos chansons ? Avez-vous un processus ou pas vraiment ?

Everly Lux : Oui, j’ai différentes approches, mais je travaille beaucoup avec des titres. Je fais un remue-méninges jusqu’à ce que j’arrive à une sorte de mot ou de concept. Et puis, musicalement, il y a toujours des choses que je veux explorer, comme cette tonalité ou ce style. Parfois, je suis obsédée par un morceau d’un autre artiste et je me dis que je veux faire quelque chose comme ça. J’ai l’impression que les mélodies me viennent naturellement et que les accords sont la partie la plus facile, alors je passe beaucoup de temps sur la poésie du texte. C’est très important pour moi, j’espère que les gens les liront. C’est pourquoi je fais ces livrets.

PAN M 360 : Avez-vous eu des scrupules à écrire en anglais plutôt qu’en français ou quelque chose comme ça ?

 

Every Lux: Mon premier projet solo était plus bilingue, c’est certain. J’ai toujours été attirée par les langues. J’ai vécu en Allemagne, je parle allemand et j’ai même fait de la musique allemande. Je pense que lorsque j’ai créé Everly Lux, j’avais l’idée d’essayer de le rendre financièrement viable, et vous savez comment est le marché. Mais je pense aussi aux artistes que j’écoute et aux langues dans lesquelles ils chantent, il n’y en a pas beaucoup qui chantent en français. Au Québec aussi, l’industrie se résume à un certain nombre de gens branchés sur trois labels. Je voulais m’éloigner de cela et donc une grande partie de ma vision est de travailler avec des artistes féminins et non-binaires.

PAN M 360 : Nous savons tous à quel point l’industrie de la musique est un désastre de nos jours. En tant qu’artiste nouvellement indépendante, qui voyez-vous comme un exemple de ce que le musicien indépendant peut faire en 2023 ?

 

Every Lux: Je pense que chaque artiste a ses préférences. Certains artistes aiment vraiment l’enregistrement en studio et travailler sur des albums et d’autres préfèrent jouer en live autant que possible. Une artiste que j’aime beaucoup est Aldous Harding et elle joue tellement, je veux dire qu’elle tourne comme une folle. Et c’est un peu ce que j’aimerais faire, jouer tout le temps. Beaucoup d’artistes que j’aime sont basés au Royaume-Uni, comme Anna B Savage. Elle vient de sortir un album et il est vraiment génial. Lisa O’Neil aussi, elle est en Irlande. Et ici, il y a bien sûr Helena Deland. J’admire ce qu’elle a accompli et elle fait aussi beaucoup de tournées, elle part en tournée en ce moment même.  ;

PAN M 360 : Comment avez-vous vécu la distribution de votre musique?  ; Avez-vous eu des réserves avec les plateformes d’écoute en continu ?

Everly Lux : Je ne soutiens pas Spotify, mais tout le monde l’utilise, alors j’y mets ma musique. Je pense qu’à ce stade, j’ai besoin d’être visible, donc l’exposition vaut plus que tout. C’est un peu comme ça que ça se passe. Il faut faire des concerts.

PAN M 360 : Et vous avez un spectacle à venir bientôt ? .

Every Lux: Oui, j’ai un concert lundi à Ursa avec William Duval. Sa musique est très touchante et déchirante. Et Holly McLachlan. Ça va être très beau, on a appelé le spectacle « Folk-Arc en trois actes ».

 

PAN M 360 : Allez-vous jouer principalement des morceaux de Selfhood ?

Every Lux: Oui, mais en fait je vais jouer une nouvelle chanson que j’ai écrite cette semaine. C’est vraiment excitant pour moi en ce moment parce que je retourne à la phase de création pour écrire plus de musique et je suis reconnaissante de ne pas mépriser la musique après avoir sorti mon album. Je suis juste excitée et enthousiaste malgré tout, malgré l’industrie, je suis contente.  ;

PAN M 360 : Nous en sommes ravis. Merci, Everly. 

Élisabeth St-Gelais est une jeune soprano qui connaît un début de carrière brillant. Tout récemment diplômée de l’Université McGill, elle est déjà lauréate de plusieurs prix (Révélation classique Radio-Canada 2023-2024, Prix d’Europe 2023, Wirth Vocal Prize…). Elle fait partie de ces interprètes qu’il faut absolument découvrir et connaître, si ce n’est pas déjà fait! En plus de sa carrière en opéra et chant lyrique, il lui tient à cœur de faire connaître et rayonner les compositeur.rice.s autochtones. Elle-même innue, elle met cette mission à l’avant-plan de sa carrière.

Le 25 novembre, elle présentera un concert avec l’Orchestre de l’Agora, en co-diffusion avec Le Vivier. Elle y interprétera Le Récital des Anges d’Ian Cusson, un cycle basé sur la poésie d’Émile Nelligan et arrangé pour orchestre par le compositeur tout spécialement pour l’occasion. Pour ce concert, Élisabeth St-Gelais nous invite à écouter la musique dans toute sa beauté et à nous laisser surprendre.

PAN M 360 s’est entretenu avec Élisabeth St-Gelais pour discuter de cette œuvre et de sa vision musicale à l’approche de ce concert.

PAN M 360 : Bonjour Élisabeth! Pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours musical?

ÉLISABETH ST-GELAIS : J’ai toujours été très attirée par la musique. J’ai commencé très tôt, vers l’âge de 7, 8 ans. J’ai appris le piano classique, la guitare, le saxophone, la batterie… J’ai fait mes études au Collège d’Alma en chant classique, puis j’ai fait un baccalauréat en musique à McGill. J’y ai aussi fait ma maîtrise, que je viens de terminer ce printemps.

PAN M 360 : Tout récemment, vous avez gagné plusieurs prix prestigieux. Comment vous sentez-vous? Que représentent ces prix pour vous en début de carrière?

ÉLISABETH ST-GELAIS : En hiver 2022, j’ai gagné le Wirth Vocal Prize. Ça a été le début de plusieurs concerts et d’autres compétitions. Et puis, cette année, il y a eu le Prix d’Europe et le Canadian Opera Company Center Stage. Ça a été deux prix très importants, qui font que je travaille beaucoup, ce qui fait en sorte que je peux avoir une carrière comme mes rêves et mon ambition l’imaginent. Je suis très chanceuse, très contente et super reconnaissante de ça, ça va super!

PAN M 360 : Comme vos distinctions le démontrent, vous êtes surtout active dans le domaine du chant classique et de l’opéra. Mais, vous allez bientôt présenter en concert une œuvre très récente, Le Récital des anges de Ian Cusson,composée en 2019. Parlez-nous de votre relation à cette pièce.

ÉLISABETH ST-GELAIS : Ça fait un petit bout que je connais cette œuvre, parce que j’en ai fait quelques extraits déjà en récital avec ma pianiste, Louise Pelletier. À l’origine, cette pièce a été composée pour piano et voix. J’avais seulement fait quelques extraits. Par contre, en ce moment, je l’approche plus dans son entièreté, puisque je vais chanter le cycle en entier avec un orchestre. En ce moment, je vois plus cette œuvre comme un tout, comme une œuvre orchestrale. L’arrangement pour orchestre a justement été réalisé par Ian Cusson lui-même, spécialement pour ce concert.

PAN M 360 : Comment décririez-vous Le Récital des anges d’un point de vue musical?

ÉLISABETH ST-GELAIS : C’est une pièce très spéciale, en fait. C’est assez chargé d’émotions. Les pièces du cycle sont basées sur des poèmes d’Émile Nelligan. Ce sont des poèmes assez profonds, lourds, et peut-être parfois un peu noirs. Par contre, la musique, ce n’est pas tout à fait ça… Je pense qu’elle s’est bien adaptée pour que ce ne soit pas totalement sombre et lourd, mais c’est certain qu’il y a une partie de ça dans la musique.

PAN M 360 : En tant qu’interprète, comment aborde-t-on ce genre de musique?

ÉLISABETH ST-GELAIS : En tant qu’interprète, il faut aller chercher en nous ce qu’on a à dire sur ce genre d’émotions là. Il faut plonger pour essayer de trouver quelle noirceur ou quel type d’interprétation je peux faire dans de telles émotions. En plus, la musique est assez complexe à apprendre et à mémoriser. C’est vraiment… ça ne va pas dans la simplicité!

Par contre, pour l’auditoire, le tout est super mélodique et accessible. Je pense qu’on peut avoir peur de prime abord que ce soit trop intellectuel ou inaccessible, mais avec l’orchestre, et un pas de recul, c’est très beau à l’oreille. C’est très intellectuel dans l’apprentissage et dans la mise en place, mais à l’écoute, il ne faut pas avoir peur, et ça peut être vraiment très beau.

PAN M 360 : Pourquoi est-ce significatif pour vous d’interpréter et de présenter cette œuvre au public?

ÉLISABETH ST-GELAIS : Non seulement il s’agit de musique nouvelle, de musique contemporaine, mais c’est surtout de la musique contemporaine autochtone. C’est très, très intéressant pour nous, qui montons ce concert, mais surtout pour moi qui suis des Premières Nations. Je veux partager le travail des autres autochtones en musique classique. Ça veut dire beaucoup pour moi. Je trouve que c’est un privilège d’avoir accès à la musique d’Ian Cusson, qui est Métis. Ça m’a remplie de joie de pouvoir interpréter cette œuvre. En fait, ça prend tout son sens dans ma mission artistique, qui est de travailler pour l’émancipation des Premières Nations et de participer à l’ère de la réconciliation et de la vérité.

PAN M 360 : Vous interpréterez cette œuvre accompagnée de l’Orchestre de l’Agora. Est-ce la première fois que vous travaillez avec eux?

ÉLISABETH ST-GELAIS : Oui! Je suis tellement contente parce que j’ai beaucoup d’admiration pour Nicolas (Ellis) et pour son orchestre. Ils sont très engagés dans plusieurs causes et ils ont vraiment beaucoup de talent. C’est très positif, et c’est une très belle expérience pour moi.

PAN M 360 : Comment en êtes-vous venue à collaborer avec eux?

ÉLISABETH ST-GELAIS : En fait, ils m’ont appelée, tout simplement. Nicolas vient de Chicoutimi, comme moi. Sans se connaître personnellement, on a toujours su qui on était, mutuellement. C’est un très beau cadeau, pour une chanteuse lyrique, de se faire inviter par un orchestre, surtout par l’Orchestre de l’Agora, qui a eu un tellement beau développement depuis sa fondation, et qui est devenu une institution à Montréal. Oui, c’est vraiment un beau privilège.

Et j’apprécie beaucoup Nicolas, je l’admire comme entrepreneur, comme chef, comme directeur d’orchestre. Donc oui, sérieusement, j’étais tellement contente quand ils m’ont appelée! Et on va se revoir bientôt, on va faire le Gala de la Terre ensemble cette année. C’est très excitant.

PAN M 360 : Le concert avec l’Orchestre de l’Agora a un programme assez varié. Comment voyez-vous ces agencements de timbres et de styles?

ÉLISABETH ST-GELAIS : Je le vois comme une opportunité pour les gens qui ont le goût d’aller au concert avec une oreille en mode découverte, et une oreille ouverte, du même coup. Je trouve que la musique classique est vraiment sous-estimée, sous-connue, et que tellement de gens pourraient y trouver leur compte dans n’importe quel concert de musique classique ou de musique nouvelle. Je pense qu’ils ne soupçonnent même pas à quel point ça pourrait leur créer du bonheur, des émotions fortes, ou quelque chose de spécial dans leur vie.

PAN M 360 : Donc, il faudrait se libérer de tout a priori?

ÉLISABETH ST-GELAIS : Oui. Je pense qu’il faut enlever le voile et l’idée qu’il faille connaître la musique classique ou être un expert en musique nouvelle pour l’apprécier. C’est totalement faux. Il faut essayer de descendre à la plus simple expression de l’appréciation, juste « j’aime ça » ou « j’aime pas ça », sans se dire « mon Dieu, c’est tellement intellectuel, je ne suis pas capable de comprendre! » Donc je pense que de se ramener là, ça mettrait tout ça en perspective, en fait. Puis ça fait que si les gens pensaient plus comme ça, ils iraient plus aux concerts.

Élisabeth St-Gelais interprétera Le Récital des Anges d’Ian Cusson aux côtés de l’Orchestre d l’Agora le 25 novembre à 19h30 dans le cadre du concert Big Bang #2, en co-diffusion avec Le Vivier. INFOS ET BILLETS ICI.

Crédit photo : Andy Jon

Trevor Murphy a un nom anglophone de par sa famille paternelle d’origine irlandaise, mais il est Acadien de longue lignée du côté de sa mère (une Surette) et parle la langue typique des Maritimes francophones. Le musicien est à la barre de Sluice, un groupe power pop aux inclinations garage et punk, dont l’objet essentiel est d’adapter et d’actualiser des archives acadiennes dans un répertoire de chansons originales.

Ainsi, l’album Archiviste nous en apprend sur l’histoire acadienne de la Nouvelle-Écosse. Les chansons ont été conçues dans le contexte de résidences de recherche au Argyle Township Court House and Archives à Tusket, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Venu ce dernier week-end au Coup de cœur francophone, soit samedi à L’Esco, Trevor Murphy nous fournit plus de précisions sur la démarche de Sluice.

PAN M 360 : Comment avez-vous construit ce répertoire à partir des archives consultées?

Trevor Murphy :  En fait, toutes des chansons originales ont été creusées à travers mes recherches d’archives. Je me retrouvais donc chaque matin dans une grande bibliothèque, j’y lisais des livres, j’y creusais dans des vieux journaux, j’y découvrais d’immenses collectes de données sur le patrimoine de la région. 

PAN M 360 : Que vouliez-vous faire avec ces recherches?

Trevor Murphy : Je n’avais pas un grand plan de recherche mais je trouvais toujours des choses qui m’inspirent. Après avoir passé une partie de la journée dans les archives, je m’installais dans mon petit home studio et j’écrivais des chansons inspirées par ces informations trouvées dans les archives. 

PAN M 360 : Et donc, il n’y avait rien de particulier à faire ressortir de ces recherches.

Trevor Murphy : L’important pour moi, c’était de découvrir des histoires de la région, dont plusieurs que je ne connaissais pas. J’ai réalisé que c’est une région historiquement très riche, il y a des gens venus d’Europe qui habitent là depuis les années 1600. En tant qu’Acadien ayant grandi dans la région, on ne m’a pas trop transmis ces informations. J’imagine que les anciens se diraient « Si j’étais plus jeune, est-ce que ça m’intéresserait ? » Alors je crois qu’il faut s’occuper de l’identité acadienne et s’adresser aux plus jeunes, soit en mélangeant ces informations avec la musique d’aujourd’hui.

PAN M 360 : Histoires privées? Histoires publiques?

Trevor Murphy : En gros, je cherchais des histoires assez intéressantes pour me permettre d’être créatif en en faisant des chansons.  On ne connaît pas grand-chose des Acadiens de Nouvelle-Écosse, on connaît mieux ce qui s’est passé au Nouveau Brunswick.  Pourtant, il y a une grande histoire des Acadiens de Nouvelle Écosse, ma région est d’ailleurs la plus ancienne de toutes les régions acadiennes  en Amérique.  Après la déportation des Acadiens et même durant la déportation des Acadiens, il y avait des gens qui sont restés là, qui se sont échappés de la déportation. Aussi, ma région est l’un des seuls territoires de Nouvelle-Écosse où les Acadiens ont pu revenir, des communautés acadiennes dispersées partout dans le sud-ouest de la province ont pu exister après la déportation.  Ces histoires inconnues de ces gens, j’en ai fait des chansons pour notre band.

PAN M 360 : Des exemples ?

 
Trevor Murphy :  Il y a Madeleine, l’histoire d’une femme ayant deux fois échappé à la déportation dans la région en se cachant dans les bois. Puis elle a fait la rencontre de navigateurs français dans la vallée d’Annapolis. Elle s’est embarquée avec eux, elle a marié le fils du capitaine et s’est établie en France avec lui. C’était un bel exemple pour moi, car on en apprend plus  sur la déportation. Vraiment cool d’en avoir fait une chanson.

Autre exemple, il y a une chanson en anglais sur l’album qui s’appelle American Lights, qui est à propos de la municipalité de Tusket, une place vibrante, importante dans le développement de l’économie régionale où vit un mix d’anglophones et de francophones. On a aussi une chanson qui s’appelle La sorcière de la Pointe-du-Sault, qui s’inspire d’une légende. Agis comme du monde, le premier extrait de l’album, n’est pas  basée sur un fait historique, mais ça utilise beaucoup de termes acadiens vraiment distincts dans la région de Par en Bas.   

PAN M 360 : Autrement dit, une des idées principales, était de démontrer que le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse est le plus vieux bassin acadien dans les Maritimes, c’est ça ?

Trevor Murphy : En partie, oui. Pour les gens qui ne sont pas de cette région, je voulais mettre ça en lumière, oui, certainement. Mais pour les gens qui sont de cette région, il y a aussi des histoires incroyables à partager.  

PAN M 360 :  Votre mère (nom de famille Surette) est acadienne, votre père est d’origine irlandaise, ça ne peut pas être plus Maritimes que ça!

Trevor Murphy : Exact! Même du côté de mon père, il y a des liens avec les Acadiens. Et je pense qu’avec ce groupe et la plateforme qu’on développe, on a la chance de partager ces histoires pour souligner d’où on vient et quelle est notre identité.

PAN M 360 : Qui joue dans votre band en ce moment?

Trevor Murphy :  C’est plutôt moi qui écris les chansons, mais j’ai travaillé

en étroite collaboration avec le guitariste Aaron Wallace, qui vient de Wedgeport, aussi dans la région Par en Bas d’où je viens, soit Sainte-Anne-du-Ruisseau – sud-ouest de la Nouvelle Écosse. Ça fait plus de 20 ans qu’on joue ensemble dans divers groupes, soit depuis l’école secondaire. Puis on a tous deux déménagé à Halifax où nous sommes toujours. En tant que musiciens, nous avons tourné partout au Canada.

PAN M 360 : Il est aussi intéressant que vous soyez très rock dans cette démarche. Le rock de Par en Bas !

Trevor : Oui, Sluice, c’est aussi un coup de poing rock. Et pour un musicien acadien, c’est de garder l’accent et ne pas faire de compromis sur notre accent. C’est très important pour nous de conserver l’authenticité de notre culture avec toutes ses sonorités.

Ce samedi 11 novembre, le Festival du monde arabe de Montréal (FMA) a prévu une clôture de feu au Théâtre Maisonneuve. Les étincelles de deux grandes traditions allumeront ce brasier de joie, de fougue, d’appréciation mutuelle, dans un contexte où l’on en a tant besoin, nul besoin de vous faire un dessin.

Deux grandes traditions, donc : l’Irak et l’Andalousie virtuoses iront aux sources du flamenco puisque le style s’est développé sur des fondements moyen-orientaux et nord-africains. Le spectacle Roots of Flamenco est l’occasion d’une rencontre au sommet : l’oudiste irakien Omar Bashir, le guitariste andalou Carlos Piñana, le conteur et musicien algérien Hocine Boukella alias Sidi Bémol, la chanteuse flamenca Ana Mochón, le danseur Cristobal Muñoz, le percussionniste Miguel Angel Orengo et autres accompagnateurs chevronnés.

« Avec ce spectacle de grande ambition, souligne la direction artistique du FMA,  ces deux cultures, à la fois proches et éloignées l’une de l’autre, semblent ici se murmurer: Appartiens-moi ! »

PAN M 360 a pu assister à une répétition du spectacle et s’entretenir avec Hocine Boukella pour nous expliquer un peu le concept de ces Roots of Flamenco.

PAN M 360 : Ce concert de clôture est une rencontre. Bon, c’est pas la première fois que le Festival du monde arabe fait une rencontre entre flamenco et ou de musique classique arabe, alors qu’est-ce que celle-ci a de particulier.
 

Hocine Boukella : Cette fois-ci, nous racontons l’histoire de l’origine du flamenco et de l’influence de la musique arabe a eu sur la l’origine même du flamenco. Donc il y a un conte où on raconte, on raconte un peu cette histoire, comment le jeu du oud a été développé à Bagdad, comment il a voyagé jusqu’en Espagne, jusqu’à Cordoue et comment il est devenu l’instrument principal de la musique arabo-andalouse et l’instrument qui a influencé aussi la musique espagnole et le flamenco. C’est donc un un conte musical autour de cette histoire.

PAN M 360 : L’arrivée des Maures et leur séjour de plusieurs siècles dans la péninsule ibérique a eu un impact considérable sur le flamenco, comme vous le dites. Mais il y a aussi les gitans venus d’Inde de l’Ouest qui étaient très importants, voire les maîtres d’œuvre du flamenco.

Hocine Boukella :  Donc ça, c’est la rencontre de toutes ces musiques. Même la musique, les gitans en fait, leur musique, elle vient un peu aussi bien de cette partie là de la vie, et c’est la rencontre un peu de toutes ces cultures, de ces musiques qui a créé ce melting pot qui a donné après le flamenco et la musique arabo-andalouse.

PAN M 360 : Voilà, c’est vrai. On peut également souligner que la communauté d’Afrique du Nord et de la péninsule ibérique avait un gros impact dans la musique arabo-andalouse.

Hocine Boukella : Exactement. Le style arabo-andalou a reçu une très grande influence de la communauté juive qui a aussi quitté l’Andalousie au 15e siècle et qui a retraité au Maghreb avec toute sa musique, ses instruments et a influencé aussi la musique orientale jusqu’à aujourd’hui .


PAN M 360 : Même après la reconquista chrétienne qui a chassé les Maures et les Juifs, la musique arabo-andalouse a retraité dans le Maghreb, mais elle est aussi restée dans une partie de l’Espagne et du Portugal. Depuis lors, le flamenco s’est imposé en Espagne et a essaimé partout dans le monde. Et, grâce à des initiatives comme la vôtre , se retrouvent. Ce sont  donc des réconciliations historiques que vous faites.

Hocine Boukella : On peut dire ça  en Occident, mais au fond, du côté nord-africain ou moyen-oriental, il n’y a jamais eu de divorce. Ça a toujours été une histoire d’amour et de passion pour la musique. Ça, les Occidentaux ne savent pas trop. Cette histoire de l’influence mauresque sur le développement du flamenco et de la musique arabo-andalouse, enfin de tout ce qui s’est passé dans la péninsule ibérique et en Afrique du Nord, on la connaît peu en Europe ou en Amérique. Alors que pour nous, cette histoire est tout à fait naturelle. On parle souvent d’invasion de la culture des Maures mais ce n’est pas tout à fait ça.

PAN M 360 : Il y a eu quand même des conquêtes mauresques de territoires dans la péninsule ibérique, non?

Hocine Boukella : Bien sûr, bien sûr, mais après sur le plan culturel, il y a eu aussi des rencontres qui n’étaient pas conflictuelles. Pour nous Nord-Africains, ces rencontres étaient plutôt harmonieuses.

PAN M 360 : Oui, la gestion mauresque étaient quand même tolérante des identités culturelles, et plus tolérante que ce qui a suivi avec la domination chrétienne – qui a pourfendu les Arabes, les Nord-Africains et les Juifs.

Hocine Boukella : C’est vrai  qu’avant, pendant et après la période mauresque, il y a eu des périodes dures et sanglantes mais aussi de longues périodes plus calmes qui ont favorisé un brassage culturel positif. Il y a eu un peu plus de choses intéressantes que le contraire, en fait. C’est ça aussi qui est important et qu’il faut rappeler à travers ce qu’on fait. Le oud et la guitare flamenca sont frère et sœur. Et cette rencontre a produit de nouvelles gammes, de nouvelles façons de jouer, de nouvelles histoires musicales. Et ça, c’est de ça qu’on va montrer dans cette soirée de clôture.
 

PAN M 360 : Comment cette soirée est-elle conçue autour de l’oudiste Omar Bashir et du guitariste Carlos Piñana ?

Hocine Boukella : Munir Bachir, qui fut un grand maître du oud,  est le père d’Omar Bachir, qui est aussi un maître. Avant son père, cet instrument servait surtout à accompagner des chanteurs et chanteuses dans la musique arabe, Munir a introduit cet instrument dans des orchestres instrumentaux. Et voilà, il a joué à un haut niveau et il a introduit cet instrument dans des répertoires de jazz, de musiques classiques, etc. Munir Bachir a exploré et conçu une musique orientale un peu détachée de la tradition. Et donc c’est son apport fondamental. Puis son fils Omar a continué ce travail jusqu’à aujourd’hui. Comme son père, Omar a vécu plusieurs années à Budapest où il a étudié la musique, il habite actuellement Bagdad. Il est devenu littéralement une référence de cet instrument, connu dans le monde entier. 

PAN M 360 : Et l’autre pan du spectacle de clôture est espagnol, gitan, flamenco.

Hocine Boukella : Et là, le oud se retrouve avec Carlos Piñana, un grand virtuose de la guitare flamenca qui connaît Omar.Je crois qu’ils ont déjà collaboré ailleurs pour développer ce à quoi nous aurons droit. Il y aura aussi d’autres musiciens, guitare, chanteuse, danseur, batterie, cajon et autres percussions, basse et clavier. Plusieurs artistes de la distribution sont basés en Espagne. C’est donc un mélange de musique musique arabe orientale et flamenco moderne. C’est un mélange de oud et de guitare. Les mélodies viennent  du flamenco et de la musique classique arabe, avec des quarts de tons, des huitièmes de ton et autres trucs orientaux. 

PAN M 360 : Et votre rôle là dedans ?  

Hocine Boukella : Il y a beaucoup de musique dans cette soirée, mais il y a aussi un conte qui retrace un peu l’histoire du groupe et l’histoire de sa rencontre avec la musique espagnole et son influence sur la musique flamenco. Et donc je raconte un peu cette histoire, ça sera l’introduction du spectacle, le liant entre les différentes parties, parce qu’il y aura aussi de la danse et de la du chant flamenco. Il y aura beaucoup de choses et le conte servira un peu de lien entre ces différentes parties.

PAN M 360 : Vous êtes un peu le narrateur de cette rencontre.

Hocine Boukella : Je chante aussi mais je raconte surtout une histoire. Je suis le narrateur, le fil conducteur, le fil rouge.  Plus précisément, dans la vie je  suis chanteur, musicien algérien vivant à Paris, je suis le leader du groupe Sidi Bémol, et on a fait l’ouverture du FMA le 28 octobre dernier avec un spectacle d’un autre type – de la poésie autochtone avec des mélodies maghrébines d’Algérie. 


PAN M 360: La boucle sera bouclée !

POUR LA CLÔTURE DU FMA, LE SPECTACLE ROOTS OF FLAMENCO SERA PRÉSENTÉ AU THÉÂTRE MAISONNEUVE, LE SAMEDI 11 NOVEMBRE, 20H infos et billets ICI

crédit photo: Mathias pour le FMA

Mamadou Koïta est auteur-compositeur-interprète, percussionniste virtuose et héritier d’une tradition musicale qui se transmet de génération en génération. Musicien très actif, il s’est déjà produit de nombreuses fois un peu partout au pays et ailleurs, et s’est allié, au fil des années, à plusieurs musiciens eux aussi bien connus sur la scène musicale montréalaise et québécoise.

C’est le vendredi 10 novembre que Mamadou Koïta lançait son premier album en carrière, dans un grand concert qui promet d’être des plus enlevants! Ce premier opus, intitulé Terry, regroupe des chansons qui font perdurer la lignée de conteurs dont il est issu, en plus d’aborder des sujets qui lui tiennent à cœur et qui le touchent plus personnellement.

À la veille de ce concert-lancement, PAN M 360 s’est entretenu avec Mamadou Koïta pour parler de son album, de ses inspirations, et des gens qui l’ont accompagné depuis le début de sa carrière musicale au Québec.

PAN M 360 : Bonjour! Vous faites partie d’une famille ou vous êtes tous musiciens, n’est-ce pas?

MAMADOU KOÏTA : Oui, je viens d’une famille de griots. Quand on dit griots, ce sont des gens qui donnent des messages. Ce sont les griots qui jouaient pour les chefs du village. Dans ma famille, mon grand-père le faisait, puis mon père, puis moi. Et ce sont ces gens qui donnaient les messages au nom du chef du village : si ça allait bien, si ça allait mal, si un enfant était perdu…

PAN M 360 : Qu’est-ce qui vous a amené à créer ce projet, Terry? Qu’elle est l’origine de ce projet?

MAMADOU KOÏTA : C’est un peu cette histoire familiale qui m’a amené à ce projet-là. Aujourd’hui, je suis un père, un fils. Dans ma famille, tout le monde est musicien, mes frères, mes sœurs… Tout le monde chante, tout le monde danse. Faire de la musique n’était pas une question, mais un projet comme celui-là, je ne m’y attendais pas du tout!

PAN M 360 : Terry est donc votre premier album?

MAMADOU KOÏTA : Oui, c’est la première fois que je peux travailler en ce sens au Québec, c’est la première fois que je peux faire un lancement d’album. Je suis tellement heureux! Je ne sais pas comment vous le décrire. Et je dois remercier tout le monde qui m’a aidé à rendre ce projet possible.

PAN M 360 : Comment avez-vous rencontré ces personnes avec qui vous collaborez, et comment êtes-vous venu à travailler avec elles?

MAMADOU KOÏTA : Je suis arrivé au Québec, au Canada, en 2011. Beaucoup de personnes m’ont aidé à venir ici. J’ai été invité dans des tournées, et quand je suis venu ici j’ai beaucoup aimé. Et puis il y a eu Nuits d’Afrique qui m’a beaucoup soutenu. Depuis mon arrivée, il n’y a pas une année qui a passé sans que je fasse un concert avec eux. Pour moi, c’est une chance. Et il y a aussi tous mes amis musiciens que j’ai rencontrés qui ont travaillé très fort eux aussi et qui m’ont aidé pour mon album.

PAN M 360 : Donc le titre de votre album, Terry, serait une référence à toutes ces personnes…

MAMADOU KOÏTA : Dans notre langue, en bambara, Terry, c’est l’amitié. Sans l’amitié, il n’y a rien qui fonctionne. C’est pour ça que j’ai nommé l’album Terry.

PAN M 360 : Lorsqu’on écoute votre album, on entend très bien cette tradition dont vous parliez, mais également il y a des instruments qui sonnent très modernes. Il y a des guitares électriques, des synthétiseurs… Pourquoi avez-vous voulu mêler ces deux éléments?

MAMADOU KOÏTA : Mon père faisait de la musique traditionnelle, donc j’ai appris ça avec lui. En voyageant et en entendant la musique de l’Occident, mai aussi j’ai voulu mélanger ça. Les instruments et les langues. Je voulais que ça puisse donner une autre couleur à ma musique.

Pour moi, la musique n’a pas de frontières. Donc la guitare, le balafon, la kora, le goni ou le djembé, pour moi, tout ça va ensemble. Parce que les vibrations que ça donne, tout le monde aime ça. Donc j’ai essayé de faire quelque chose de différent de mon père. Mon père n’a jamais fait ça, donc j’ai essayé.

PAN M 360 : Diriez-vous que c’est ce qui caractérise votre musique?

MAMADOU KOÏTA : Oui, parce qu’il y a plein de gens qui vont se retrouver dans ma musique. Parce qu’en théorie, c’est déjà ça, l’amitié. Sans l’amitié, il n’y a pas d’amour. Et sans l’amitié, on ne pourrait jamais travailler ensemble. Il faut pouvoir s’entendre pour travailler ensemble. Donc l’album, avec tous ces sons différents mélangés ensemble, représente quelque chose de très important pour moi dans ma vie et j’espère que ce sera aussi important pour les gens qui vont entendre l’album.

PAN M 360 : Quels autres thèmes vous ont inspiré pour la composition de votre album?

MAMADOU KOÏTA : Souvent, je parle d’aventure dans mes compositions. L’aventure, parce que j’ai quitté mon pays et que je suis venu au Québec. Et j’ai rencontré plein de bonnes personnes ici, et j’ai appris aussi beaucoup de choses. Ma chanson « Wawana » parle de ça. Je dis « Maman, je sais que c’est très difficile d’être loin, ne pleure pas, je retournerai, donc fais une bonne prière pour moi dans ton cœur. »

Souvent, il arrive que je sois en train de penser aux choses que je n’aime pas voir, par exemple la guerre en ce moment, qui est partout, partout. Tout le monde se protège et fait tout pour ne pas se retrouver lui aussi en guerre. Certaines de mes chansons me viennent aussi de ces pensées-là.

PAN M 360 : Dans le fond, c’est un album très personnel que vous nous présentez. Vous nous parlez de votre vie, de votre parcours, vos pensées…

MAMADOU KOÏTA : Oui. Et aussi des choses que je vois, que j’ai vécues ici qu’il n’y avait pas dans mon pays. C’est l’apprentissage d’être patient dans la vie. Il ne faut pas que tu te fermes sur toi-même. Il faut que tu sois ouvert envers l’autre. Par exemple, quand je suis arrivé ici, je ne comprenais pas très bien la langue québécoise. Je trouve ça vraiment incroyable d’avoir réussi à traverser ça et de pouvoir à mon tour apprendre des choses aux gens, ici.

PAN M 360 : Parlons maintenant du concert de lancement, qui aura lieu demain. Comment l’avez-vous imaginé?

MAMADOU KOÏTA : J’ai très hâte! La manière dont je le vois, c’est une grande porte ouverte pour moi et pour les musiciens qui m’ont aidé. Je ne peux pas parler que de moi, je dois aussi parler des musiciens avec moi. C’est la première fois de ma vie que je fais ça de ma vie. Et je souhaite que ça se passe bien et que les gens puissent profiter de cette journée, autant que moi, puisque je suis heureux là-dedans.

PAN M 360 : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le concert de demain?

MAMADOU KOÏTA : Je voudrais garder la surprise, mais je peux quand même en parler un peu! Il y aura des surprises auxquelles les gens ne s’attendent pas. Je souhaite que tout le monde puisse sortir, les Québécois, les Canadiens, peu importe, que tout le monde vienne nous soutenir, moi et tous les musiciens. Et vraiment, c’est la première fois de ma vie que ça arrive. Et ce qui est certain, c’est que ça va danser! Il faudra bien attacher sa ceinture!

PAN M 360 : Merci beaucoup de votre temps, je vous souhaite un excellent concert et un excellent lancement!

MAMADOU KOÏTA : Merci à vous! J’aimerais remercier tout le monde qui m’a aidé dans la réalisation de ce disque, et j’invite tout le monde à venir danser et à venir profiter de ces premières journées de lancement d’album.

Lisez ici la critique de Terry par Frédéric Cardin, sur PAN M 360

Mamadou Koïta lancera son album Terry le vendredi 10 novembre à 21h lors d’un concert au Club Balattou. Informations et billets ICI!

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