Musicienne accomplie native de la Gambie, Sona Jobarteh a baigné dans un univers musical dès son plus jeune âge. La musique est pour elle un talent naturel, presque une fonction vitale. Ce qui fait d’elle une artiste encore plus exceptionnelle est l’instrument qu’elle a adopté et par lequel elle s’est fait connaître internationalement : la kora.

Sona Jobarteh est une des rares femmes au monde qui maîtrise parfaitement cet instrument traditionnellement réservé aux hommes. Hormis sa carrière musicale, elle est à l’origine de la Gambia Academy, école destinée à offrir un curriculum complet aux enfants gambiens, en plus de leur enseigner la musique et la danse traditionnelles.

L’été dernier PAN M 360 a eu la chance de s’entretenir avec cette musicienne d’exception à la veille de son premier concert au Québec dans le cadre du Festival international Nuits d’Afrique et… Nous remettons cette interview de l’avant car l’intérêt du public est assez considérable pour qu’elle revienne donner un concert en salle, plus précisément au National, le vendredi 8 mars, de surcroit la Journée internationale des droits des femmes.

PAN M 360 : Bonjour Sona, merci beaucoup pour votre temps. En grandissant, vous avez été entourée de musique. Quand avez-vous décidé d’entreprendre une carrière de musicienne professionnelle?

Sona Jobarteh : C’est difficile à dire parce que je ne pense pas m’être réveillée un jour et avoir soudainement décidé cela. Je ne sais donc pas vraiment ce qui s’est passé. Ma vie a toujours été consacrée à la musique et au partage de la musique.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir la kora comme instrument principal?

Sona Jobarteh : La kora est une tradition héréditaire. C’est donc quelque chose dans laquelle on naît. Ce n’est pas tant le choix de l’instrument que l’histoire de la famille.

PAN M 360 : Qu’en est-il des autres instruments dont vous jouez?

Sona Jobarteh : L’histoire est différente pour chacun d’entre eux. J’ai découvert certains des autres instruments dont je joue parfois par l’intermédiaire de mes proches. Par exemple, mon frère aîné joue du violoncelle, alors j’ai commencé à en jouer à mon tour. La guitare est un instrument que j’ai découvert vers l’âge de 12 ans. J’étais dans un endroit où il y avait une guitare et je l’ai essayée. Ensuite, dès que je voyais une guitare, je devais en jouer. Il y a eu des affinités très organiques avec les instruments dont je joue.

PAN M 360 : Vous êtes également très actif dans le domaine de l’éducation. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre mission à la Gambia Academy?

Sona Jobarteh : La Gambia Academy n’est pas une école de musique précisément et uniquement, c’est une académie avec un programme complet. C’est ce que je m’efforce de développer. La musique en fait également partie, comme tout autre établissement d’enseignement général. C’est un endroit qui met l’accent sur la culture, l’histoire, les traditions et plusieurs autres choses de ce genre. Les gens font partie de l’éducation. La musique en fait aussi partie, évidemment.

PAN M 360 : Parlons plus précisément de votre musique. Quel message essayez-vous de faire passer à travers vos œuvres musicales?

Sona Jobarteh : Je ne suis pas sûre qu’il soit vrai de dire, dans mon cas, qu’il y a un message spécifique que je veux transmettre. Je n’ai pas l’intention d’avoir une mission ou de faire savoir qui je suis. Ironiquement, j’en parle dans l’une de mes chansons. Je parle d’analyser et de disséquer les choses au point de les rendre mensongères. Je n’assemble pas les choses selon une sorte de plan.

PAN M 360 : Ceci étant dit, comment voyez-vous la musique en général?

Sona Jobarteh : La musique fait partie intégrante non seulement de l’existence humaine, mais aussi de l’existence individuelle. Lorsque nous sommes musiciens, nous jouons de la musique, bien sûr, mais elle devient aussi notre forme personnelle de communication. Tout comme lorsque je vous parle, je ne prévois pas les mots que je vais utiliser. C’est la même chose en musique. L’essentiel n’est pas de savoir ce que c’est et comment c’est, l’essentiel est que je parle. Ou que je joue. Ce que je veux dire, c’est que la musique appartient à une toute autre catégorie. Elle est plus grande que tout. La musique dans son ensemble est plus importante que les spécificités de ma musique.

PAN M 360 : La musique a donc le même statut qu’une langue?

Sona Jobarteh : J’utilise la musique parce que j’ai été en contact avec elle, j’ai grandi avec elle. Comme tout le monde, n’est-ce pas? Si vous êtes né avec une bonne éducation, cela fait partie de votre vie, non? J’utilise l’anglais parce que j’y ai été exposée. Si j’étais en France, j’utiliserais le français. Ce n’est donc pas tant la langue de la musique ou la spécificité de la musique qui compte. Ce qui est important, c’est ce que vous essayiez de communiquer. La manière n’a pas vraiment d’importance? Et il se trouve que c’est différent pour chaque personne. Ils peuvent choisir la voix, la guitare ou le piano pour s’exprimer, par exemple.

PAN M 360 : De quoi parlez-vous lorsque vous composez une nouvelle chanson? Quels sont vos thèmes actuels?

Sona Jobarteh : Pour moi, cela dépend du message de la musique et de ce qu’elle veut communiquer. C’est différent pour chaque chanson. Je ne vais pas parler de toutes mes chansons, car cela vous prendrait tout votre temps. Mais je peux dire qu’aujourd’hui, mes chansons sont très en phase avec le travail que je fais en relation avec la Gambia Academy. Elles sont liées au développement social, au développement économique et au développement de l’éducation. Mes chansons sont très liées à tous ces domaines importants du développement social sur lesquels je travaille au quotidien, en dehors de la musique.

PAN M 360 : Vous avez également composé une musique de film. Comment abordez-vous ce type de travail?

Sona Jobarteh : Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un film que la musique doit être différente. Vous ne créez plus une musique qui se chante toute seule. Elle doit désormais jouer un rôle secondaire, au service des images. Par nature, elle sera donc différente de ma musique personnelle. Je dois me soumettre au message du film, au message des vidéos ou aux cadres que je traite. C’est donc une expérience très différente, et ce qui est composé peut en témoigner. Il s’agit d’une plate-forme totalement différente.

PAN M 360 : Quels sont les projets qui vous attendent?

Sona Jobarteh : Pour être honnête, le travail qui me prend le plus de temps est celui que j’effectue pour l’Académie. Comme je dirige l’Académie, c’est un travail à plein temps en soi. Il n’est pas facile de s’absenter pendant de longues périodes, avec l’emploi du temps chargé que j’ai en ce moment. Il a été difficile de maintenir les deux.

SONA JOBARTEH SE PRODUIT AU NATIONAL, LE VENDREDI 8 MARS, 20H. BILLETS ET INFOS ICI

Photo tirée de la page Facebook de l’artiste

Maria Callas aurait célébré son 100e anniversaire de naissance le 23 décembre dernier, voilà une excellente raison pour présenter un programme en hommage à la cantatrice grecque, gracieuseté de l’Orchestre symphonique de Laval sous la direction de Simon Rivard. Ce programme italien comprend de grands airs chantés par la soprano Kirsten MacKinnon, qui contribuèrent à faire mousser le mythe de La Callas dont la voix, les talents de tragédienne et la vie amoureuse lui valurent le statut de Prima donna assoluta. Qui plus est, le programme inclut des chœurs d’opéras remis en lumière par le Chœur de Laval et son chef Dany Wiseman. Avant de s’y plonger, maestro Simon Rivard nous invite en visio à survoler la matière de ce concert prévu mercredi 28 février, 19h30, à la Salle André-Mathieu.

Programme

Giuseppe Verdi

I vespri siciliani, ouverture

La Traviata, Acte I, prélude

La Traviata, Acte I, chœur Libiamo

La Traviata, Acte I, récitatif et air de Violetta E strano… Ah, fors’ è lui… Sempre libera

La Traviata, Acte I, chœur de gitanes Noi siamo zingarelle

La Traviata, Acte I, chœur des matadors Di Madride noi siam mattadori

Pietro Mascagni

Cavalleria rusticana, intermezzo

Vincenzo Bellini

Norma, ouverture

Norma, Acte I, chœur Norma viene

Norma, Acte I, récitatif et air Sediziose voci… Casta diva

Giuseppe Verdi

Nabucco, ouverture

Nabucco, Acte II, chœur Va pensiero

Aïda, Acte II, chœur Gloria all’ Egitto

Artistes

Orchestre symphonique de Laval

Simon Rivard, chef invité

Chœur de Laval

Dany Wiseman, chef de chœur

Kirsten Mackinnon, soprano

Matthew Dalen, ténor

Alexandre Sylvestre, baryton-basse

INFOS ET BILLETS ICI

Avec les versions en concert de 14 jeux vidéo à succès, Game ON! associe des arrangements symphoniques inédits et de classe mondiale à de superbes vidéos HD de jeux vidéos et des illustrations jamais vues auparavant.

L’Orchestre et Chœur FILMharmonique de 100 musiciens, dirigé par le prolifique maestro et compositeur Andy Brick, authentique pionnier de la musique symphonique pour jeux vidéo, ravira le public avec des bandes originales primées dans une expérience de concert à couper le souffle. Les fans seront ravis d’entendre leur musique préférée tirée des meilleurs jeux de rôle, d’action et d’aventure, de casse-tête et de stratégie, de sport électronique et de combat, notamment World of WarcraftOriLeague of LegendsThe Elder ScrollsGuild Wars 2Assassin’s CreedBioShock, et bien d’autres encore.

Originaire de la région de Chicago, Andy Brick a étudié la composition sous la direction de Leslie Bassett à l’université du Michigan, puis a suivi des études supérieures de composition à la Mannes School of Music de Manhattan. En 1990, il a arrangé la musique de Sesame Street et écrit des musiques pour des films indépendants. En 1996, il a remporté un concours parrainé par l’American Society of Composers, Authors and Publishers. Également Andy Brick a dirigé l’Orchestre symphonique national tchèque au Gewandhaus.
Pionnier dans ce sous-genre symphonique, Andy Brick a composé et/ou orchestré de la musique pour des jeux tels que Sim City : Rush Hour de Maxis, Stranglehold de Midway, Les Sims 2 d’Electronic Arts et Warhammer Online : Age of Reckoning d’Electronic Arts, Super Mario Bros. de Nintendo, Halo 3 de Bungie et la série Final Fantasy de Square Enix. Sa musique a été utilisée dans des jeux tels que Arc the Lad de Working Designs, Shadoan d’Interplay, The Far Reaches de 3DO, Tesselmania de MECC.Il a également travaillé au cinéma pour des productions telles que La petite sirène II : retour à la mer et The Music Man.

Andy Brick a dirigé les exécutions symphoniques de plus de 70 jeux, dont Final Fantasy, Super Mario Bros., Legend of Zelda, Halo et World of Warcraft, avec des orchestres du monde entier. Brick est professeur associé distingué et directeur du département Musique et Technologie au Stevens Institute of Technology à Hoboken, dans le New Jersey.

À peine débarqué au Québec pour y diriger deux fois l’Orchestre FILMharmoniquem Andy Brick accorde une interview généreuse à PAN M 360.

Détails

À Montréal, Salle Wilfrid-Pelletier de la PdA, vendredi 23 février, 19h30, INFOS ET BILLETS ICI

À Québec, Grand Théâtre, jeudi 29 février, 19h30, INFOS ET BILLETS ICI

Passion, tragédie amoureuse et mélodies françaises sont au programme de la Maison symphonique ce week-end, soit avec l’Opéra Carmen. L’Orchestre Philharmonique et Chœur des Mélomanes (OPCM) présentera le chef-d’œuvre de Bizet en version concert avec Wallis Giunta (Carmen) et Adrian Kramer (Don José). Les solistes sont accompagnés par 60 musiciens et 120 choristes de l’OPCM et des Petits Chanteurs de Mont-Royal sous la direction du jeune maestro Francis Choinière, féru des œuvres les plus fédératrices du répertoire comme on le sait. Et c’est pourquoi la mezzo-soprano a gracieusement offert cette interview vidéo à notre collaborateur Alexandre Villemaire, jointe à Vienne peu avant de d’incarner Carmen sur scène à Montréal.

Créé le 3 mars 1875 à l’Opéra-Comique de Paris, basé sur une nouvelle de Prosper Mérimée, Carmen est aujourd’hui l’un des opéras les plus connu et joué dans le monde. Vivement critiqué lors de la première, Bizet n’aura pas survécu à son œuvre pour constater l’immense succès de son ultime opéra porté par ses airs reconnaissables entre milles, comme la
Habanera ou l’air du Torréador, et son personnage principal incarnant l’archétype de la femme libre de son destin qui est devenu un des rôles phare et emblématique du répertoire.

Carmen – Bizet

Orchestre Philharmonique et Choeur des Mélomanes

Chef d’orchestre : Francis Choinière

Chorale d’enfants: Petits Chanteurs du Mont-Royal

Chef de Choeur: Andrew Gray

Carmen – Wallis Giunta

Don José – Adam Luther

Escamillo – Hugo Laporte

Micaëla – Myriam LeBlanc

À LA MAISON SYMPHONIQUE SAMEDI 24 FÉVRIER , 19H30 ET DIMANCHE 25 FÉVRIER, 14 H INFOS ET BILLETS ICI

All Quiet On The Western Front. Mais en dehors de son travail sur les musiques de film, Bertelmann fait de la musique sous le nom de Hauschka, expérimentant la musique néoclassique et contemporaine pour piano.

Pour Philanthropy, Bertelmann a utilisé des techniques de piano préparé, en plaçant des objets à l’intérieur du piano pour obtenir un son différent. Le résultat donne au piano un son un peu plus électronique et différent de celui d’un album de piano standard.

Comme Hauschka, Bertelmann présentera son album Philanthropy à Montréal dans le cadre de MONTRÉAL EN LUMIÈRE. Nous nous sommes entretenus brièvement avec lui au sujet du piano préparé et de l’écriture de l’une des musiques de film les plus réussies de la dernière décennie.

PAN M 360 : Pourriez-vous me parler de vos débuts musicaux, comme Gods Favorite Dog, puis de la musique de film, et enfin de Hauschka ?

Volker Bertelmann : J’ai commencé à apprendre le piano à l’âge de 9 ans après avoir vu un pianiste jouer Chopin. Je voulais apprendre ce morceau immédiatement. J’ai donc demandé à ma mère si elle pouvait organiser des cours pour moi avec ce pianiste. J’ai pris des cours de piano pendant plus de 10 ans et j’ai formé mon premier groupe à l’âge de 12 ans. J’ai ensuite joué dans toute une série de groupes en tant que claviériste. Quelques années plus tard, j’ai rencontré mon cousin par hasard dans la rue à Düsseldorf et nous avons décidé de former le groupe God’s Favorite Dog. La musique était inspirée par des groupes comme Cypress Hill ou les Red Hot Chili Peppers et nous avons signé un contrat avec Sony Music. Mais au bout d’un moment, j’ai réalisé qu’un contrat avec une grande maison de disques ne signifiait pas qu’ils s’intéressaient à vous en tant que musicien et nous nous sommes séparés de notre groupe. J’ai continué à jouer sous le nom de HAUSCHKA et, grâce à mes concerts dans le monde entier, des réalisateurs internationaux m’ont contacté. C’est ainsi que j’ai commencé à faire de la musique de film, il y a environ 12 ans.

Volker Bertelmann : En ce moment, je travaille à 90% sur des musiques de films en studio et je prépare le déjeuner pour notre famille. J’aime être à la maison et faire de la musique, c’est donc idéal d’avoir un travail de compositeur et la liberté de sortir un disque dès que je sens qu’il y a une nouvelle idée et que je suis prêt pour un nouvel album.

PAN M 360 : Quel est votre processus de création d’une bande sonore pour un film comme All Quiet on the Western Front ? Vous devez vraiment vous laisser envelopper et absorber par le film ?

Volker Bertelmann :  Lorsque je travaille sur un film, je veux m’immerger dans les protagonistes et comprendre leurs émotions et l’histoire. Je veux aussi comprendre les intentions et les idées du réalisateur. All Quiet on the Western Front a été une expérience formidable pour moi, car tout s’est mis en place naturellement et sans trop d’efforts. Et j’ai trouvé les trois notes (dun dun dun) le lendemain du jour où j’ai vu le film pour la première fois.

PAN M 360 : Vous savez où vous étiez quand vous avez eu l’idée du « dun dun dun » pour la bande-son, qui est presque dystopique et qui est un motif musical tout au long du film ?

Volker Bertelmann : Oui, j’étais assis dans mon studio devant l’harmonium de mon arrière-grand-mère et je travaillais sur des enregistrements pour le film, en essayant de trouver comment faire sonner l’harmonium comme un instrument de rock.

PAN M 360: La bande originale de All Quiet on the Western Front a bien sûr remporté l’Oscar de la musique originale, ma question est la suivante : saviez-vous que vous aviez quelque chose de spécial et digne d’être oscarisé avant de gagner ?

Volker Bertelmann : J’ai reçu beaucoup de réactions positives pour la musique. Au Festival du film de Toronto, après la première projection du film, les gens sont venus me voir pour me complimenter sur la musique. Le terme « digne d’un Oscar » est pour moi indéfinissable, car on peut faire une musique forte et potentiellement bonne pour un Oscar, mais le film n’est même pas proche d’une nomination.

PAN M 360 : Avez-vous mis du temps à trouver le musicien que vous vouliez être ? Est-ce que c’était beaucoup de répétitions et de copies des autres au début ?

Volker Bertelmann : Lorsque j’ai commencé à faire de la musique, je voulais être quelqu’un que je ne pouvais pas être. J’ai essayé de copier les stars de la pop et d’écrire exactement le même genre de musique que les groupes que j’admirais. Ce n’est qu’à l’âge de 36 ans que je me suis vu comme HAUSCHKA, et cela m’a aidé à développer ma propre identité artistique. Mais pour en arriver là, il a fallu copier, apprendre et relever différents défis, comme donner des cours de piano, écrire de la musique pour des publicités, être musicien de studio ou claviériste dans un groupe, voyager avec un théâtre pour enfants ou produire des musiciens folkloriques… tout cela m’a finalement permis d’apprendre et d’acquérir les compétences nécessaires pour faire et apprécier ce que je fais aujourd’hui.

PAN M 360: Philanthropy n’est pas un album de piano standard, pouvez-vous partager un peu de votre processus pour obtenir tous ces sons différents ? Vous mettez des matériaux dans le piano ? Sur les cordes? 

Volker Bertelmann: La plupart des sons sont générés par le piano, la base est le piano préparé avec lequel j’ai commencé. Parfois, j’ai ajouté un synthétiseur ou une basse pour obtenir plus de dimension, mais j’utilise toujours des matériaux sur les cordes du piano pour créer des grosses caisses, des percussions et tous les sons de cliquetis. Les matériaux que j’utilise sont des cales en feutre, des sourdines d’accordeurs de piano, des filtres lumineux en plastique, des gommes, des aimants, des archets d’instruments à cordes, etc.

PAN M 360 : Quels sont les objets les plus étranges que vous avez utilisés pour cette technique ?

Volker Bertelmann : Je pense à des balles de ping-pong, des vibromasseurs et des lentilles en verre.

PAN M 360 : Je trouve que cela fait sonner l’album un peu électronique, et il n’y a peut-être que deux morceaux qui sont des morceaux de piano contemporains.

Volker Bertelmann : Oui, c’était mon intention. Sur mon dernier disque, A Different Forest, j’ai composé beaucoup de pièces pour piano solo. Avec Philanthropy, j’ai délibérément voulu aller dans la direction d’un disque électronique, légèrement clubby, mais avec deux morceaux de piano mélancoliques qui représentent un moment de réflexion.

PAN M 360 : Sur Loved Ones, vous êtes accompagné par des cordes, comment avez-vous décidé que cette mélodie mélancolique serait sur un violoncelle ?

Volker Bertelmann : J’ai enregistré deux violoncelles en plus des enregistrements au piano pour Loved Ones, et j’ai aimé la mélancolie parce qu’elle sonnait pour moi un peu comme une mélodie d’un film français sur un amour perdu. C’est formidable qu’un disque puisse contenir différents éléments émotionnels et emmener l’auditeur en voyage. Pour moi, la mélancolie en tant qu’émotion en fait tout autant partie que la joie.

PAN M 360 : Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur le spectacle en direct ? Utiliserez-vous des techniques de piano préparé, entendrons-nous des musiques de film ?

Volker Bertelmann : Lors du concert, vous entendrez des morceaux de l’album Philanthropy, mais pas de la même manière que sur l’album. Il s’agira principalement d’improvisations basées sur des motifs de l’album. Comme je me produis sous mon nom de scène HAUSCHKA, vous n’entendrez pas de musique de film. Vous entendrez donc la musique de Hauschka, qui est basée sur le piano préparé et l’électronique. J’ai vraiment hâte d’y être !

SARAH ROSSY (she/they) est une artiste multidisciplinaire basée à Tio’tia:ke/Montréal dont le travail mélange le jazz, l’électronique expérimentale et les projections visuelles dans des paysages sonores éthérés qui sont à la fois autobiographiques et socialement conscients. Lors de notre conversation avec Sarah, nous avons parlé de son dernier album, Seemingly Insatiable Waves, et des obstacles auxquels sont confrontés les musiciens et les artistes en 2024.

PAN M 360: Seemingly Insatiable Waves ! Il est facile d’entendre que beaucoup de choses ont été investies dans cet EP, et j’imagine que cela doit faire du bien de le laisser enfin sortir

Sarah Rossy : Oh ça fait du bien, et ça faisait longtemps qu’on l’attendait ! Je n’ai pas sorti de musique sous une forme plus longue depuis 2018 ! Et de nouveau, c’est la première de nombreuses choses à venir, c’est un peu comme si c’était ma première incursion dans la mise en ligne de musique.

PAN M 360 : Quelle époque pour sortir de la musique en 2024 ! Je constate que de plus en plus d’artistes à qui je parle semblent de plus en plus incertains de ce que signifie réellement une sortie de disque de nos jours.

Sarah Rossy : Oui, c’est une bonne question. Je pense que nous essayons tous d’y répondre. J’ai décidé de sortir cet EP un single à la fois, mais dans un court laps de temps. Je pense qu’en l’espace de deux semaines et demie, j’ai sorti une chanson tous les quatre ou cinq jours avec des visuels différents, pour que les gens puissent voir et entendre un petit avant-goût de chaque chanson. Les choses bougent tellement vite de nos jours ; l’algorithme pompe le contenu dans le tuyau au bout de 12 heures parfois. En l’étirant, j’ai donc essayé d’obtenir le maximum d’exposition en ligne après tous ces mois et tant d’argent et de temps consacrés à ce projet. Je ne sais pas si ça a marché, mais c’est vraiment effrayant de sortir de la musique dans les années 2020. Il n’y a pas une seule façon de faire, il y a beaucoup de gens qui vous disent comment faire, et j’ai décidé de commencer petit avec un EP.

PAN M 360 : Diriez-vous qu’il y a une différence notable dans le paysage des sorties entre cette année et il y a quelques années ? Tout cela grâce à l’algorithmisation des médias sociaux ?

Sarah Rossy : Oui, c’est sûr. J’ai regardé mes statistiques Bandcamp de la dernière sortie. Et même le nombre d’achats et de streams directement sur cette application était tellement différent de ce qu’il est aujourd’hui. De nos jours, les sorties s’inscrivent dans un flux rapide de contenu, d’actualités et de toutes les autres choses importantes que les gens prennent en compte. Comment s’intégrer dans ce contexte ?

PAN M 360 : Surtout avec les deux guerres en cours ces jours-ci, avec la tragédie qui se déroule à chaque seconde, concilier l’art avec l’injustice sociale et les médias sociaux. 

Sarah Rossy : Il est effrayant de constater que le bassin dans lequel nous déversons notre art en tant que « contenu » est un creuset de cacophonie algorithmique. Toutes les photos de chats, toute la propagande, toutes les injustices mondiales très importantes… quelle est notre place dans tout cela ? C’est presque inapproprié, mais j’ai aussi le sentiment que le bien-être mental provenant de l’art est un outil radical de résistance systémique. Je me sens coupable d’occuper l’espace lorsque des catastrophes et des génocides majeurs se produisent, mais si nous ne pouvons pas prendre soin les uns des autres avec l’art, nous ne pouvons pas nous battre, nous ne pouvons pas repousser.

PAN M 360 : C’est un combat contre lequel tout le monde semble être confronté. Mais au moins, vous semblez jouir d’une forte présence sur la scène artistique locale. Cela doit être un bon contrepoids à l’aspect numérique des choses, d’avoir une communauté d’artistes et de collaborateurs autour de soi.

Sarah Rossy : Oh, c’est essentiel d’avoir une connexion en personne à travers tout ça. Pour cet EP en particulier, il s’agissait au départ de chansons que j’ai produites avec Ableton uniquement, puis j’ai enregistré de vraies parties de batterie et de basse avec de vrais humains. Mais lors du concert, bien sûr, nous avons joué toutes les parties en direct, et j’ai adapté les chansons pour inclure tous les membres du groupe. C’était génial, parce qu’en fin de compte, la musique est une question de connexion avec les autres. Nous faisons tout ce travail de création, d’administration et de marketing, et c’est comme si c’était pour quoi ? Pour moi, il s’agit avant tout d’entrer en contact avec les gens, du public aux autres musiciens, et de créer une expérience commune.

PAN M 360 : En général, les thèmes de la découverte de soi, de l’amour de soi, de l’identité et de la guérison semblent constituer une grande partie de votre musicalité. Ces thèmes ont-ils toujours été alignés sur votre identité musicale ou est-ce quelque chose que vous avez commencé à explorer récemment ?

Sarah Rossy : Oh, c’est essentiel d’avoir une connexion en personne à travers tout ça. Pour cet EP en particulier, il s’agissait au départ de chansons que j’ai produites avec Ableton uniquement, puis j’ai enregistré de vraies parties de batterie et de basse avec de vrais humains. Mais lors du concert, bien sûr, nous avons joué toutes les parties en direct, et j’ai adapté les chansons pour inclure tous les membres du groupe. C’était génial, parce qu’en fin de compte, la musique est une question de connexion avec les autres. Nous faisons tout ce travail de création, d’administration et de marketing, et c’est comme si c’était pour quoi ? Pour moi, il s’agit avant tout d’entrer en contact avec les gens, du public aux autres musiciens, et de créer une expérience commune.

Oui, je pense que j’ai récupéré et découvert plusieurs couches au fur et à mesure que je grandissais. Je repense à ma relation avec la musique lorsque j’étais enfant, qui était probablement universelle d’une certaine manière : Je me mettais au piano ou à tout autre instrument avec un sens du jeu et de la curiosité, et j’exprimais n’importe quelle pensée ou humeur qui me traversait l’esprit, et je me relâchais. Il en a toujours été ainsi pour moi, mais la poursuite d’une éducation musicale formelle a un peu déformé ce canal.

Mon cœur a été quelque peu mis de côté alors que j’apprenais des outils qui stimulaient mon esprit et intellectualisaient mon principal canal d’expression. Cet environnement a parfois donné la priorité à la technique plutôt qu’à l’impact émotionnel ou à l’alignement authentique. Je suis reconnaissante de cette période, mais elle a aussi été traumatisante à certains égards. Le processus de création de cet EP a été un retour bien nécessaire à un sens pur du jeu et de la catharsis.

Ces dernières années, j’ai également fait beaucoup de thérapie et de travail sur moi-même, ce qui m’a permis de mieux me comprendre. Mon art en est le reflet. Les thèmes de l’identité et de l’amour de soi sont très présents et sont devenus des points centraux dans ma quête permanente pour comprendre ma petite existence. J’espère que faire ce travail et le partager à travers la musique peut offrir des perspectives de guérison à des personnes qui n’ont peut-être pas les ressources ou la volonté de le faire elles-mêmes.

PAN M 360 : La pandémie a-t-elle été un grand bouleversement en termes d’impact sur l’écriture de vos chansons ?

Oui, j’ai vécu seule pendant la plus grande partie de la pandémie, dans un isolement total. Il n’y avait que moi, mon piano et mon anxiété. Et notre relation, moi et la musique, s’est profondément restructurée. Parce que, vous savez, j’étais seule, je ne pouvais pas créer avec des gens, et j’avais besoin de guérir d’un grand nombre de désalignements dus au traumatisme de l' »institution créative » mentionné plus haut. Après de nombreux mois pendant lesquels j’étais trop dévastée pour jouer de la musique, je suis revenue aux chansons et aux auteurs-compositeurs qui m’avaient le plus émue au cours de ma vie : Joni Mitchell, St. Vincent, Bjork, Fairuz, Yebba… qui m’ont apporté le plus grand réconfort et un sens renouvelé de la création.

J’ai également commencé à me plonger dans Ableton et la production musicale, et j’ai fait entrer de nombreuses chansons que j’écrivais depuis des années dans le monde de la production aux possibilités infinies. J’ai découvert les joies de la superposition des voix… Il y a environ 800 couches vocales sur mon disque. Et elles ont toutes été réalisées dans mon appartement, par terre, à deux heures du matin, avec un microphone bon marché. Je suis également tombée amoureuse de la couleur du son, de l’orchestration VST et des plugins qui se sont maintenant infiltrés dans ma pratique de la scène. La pandémie m’a aussi forcé à me confronter à moi-même ; cet espace d’hyper-solitude m’a permis d’affronter beaucoup de blessures et de thèmes majeurs dans ma vie, et j’ai le sentiment que mes chansons ont atteint un niveau d’honnêteté plus profond au cours des années qui ont suivi.

PAN M 360 : Oui, vous avez toujours une palette sonore riche et luxuriante dans vos enregistrements. C’est très stratifié, avec beaucoup d’éléments en mouvement, et ça doit aider d’avoir une communauté aussi forte pour vous aider à faire passer votre vision !

Sarah Rossy : Oui, je me disais l’autre jour qu’au cours des six dernières années environ, j’ai planté beaucoup de graines créatives dans des villes et des communautés du monde entier. Aujourd’hui, j’ai l’impression que tout cela porte ses fruits et qu’il y a des fruits mûrs sur l’arbre. Le réseau mondial de connexion créative et de création est bien vivant ! Si je me dis « hé, je veux une boucle de guitare éthérée ! » j’appelle Kevin Lafleur. C’est aussi l’un de mes meilleurs amis. Ou, si je cherche à produire des films interdisciplinaires (indice peu subtil de ce qui va suivre), je peux demander à Camille Huang de diriger artistiquement une fusion créative entre les mondes de la danse et de la musique. Ou si je veux organiser des spectacles en Europe (où je serai en mai), j’ai tant d’amis bienveillants que je me suis faits au fil des années de résidences et d’ateliers et qui sont prêts à m’aider. Ou mon collaborateur VIP, Jack Broza, qui a mixé et coproduit le disque, que j’ai rencontré au Banff Centre for the Arts en 2018. Nous nous amusons simplement quand nous travaillons, jouant comme des enfants dans son studio à Brooklyn. L’EP est sous mon nom sur le papier, mais il y a une communauté tellement importante de personnes qui ont été impliquées là-dedans et qui ont offert de nombreuses nuances de soutien.

PAN M 360 : En tant que Montréalais, pensez-vous que c’est le meilleur endroit pour votre art ?

Sarah Rossy : Culturellement, je me sens bien ici. J’aime beaucoup Montréal, mais c’est comme si j’épousais mon amour de lycée, parce que j’ai passé toute ma vie ici. J’adore New York et j’y vais souvent, mais ce qui est troublant, c’est que je pourrais prendre l’avion une fois tous les deux mois et ce serait toujours moins cher que d’y vivre, et j’ai même l’impression de faire une visite plus concentrée dans mon temps parce que je suis « en congé » du travail. C’est donc en quelque sorte la stratégie que je vais continuer à suivre. J’aime beaucoup voyager,je vais en Europe deux ou trois fois cette année, et je vais à New York presque tous les mois. En ce qui me concerne, la charmante communauté de Montréal, les subventions, les formidables possibilités de création, les soins de santé… Tout cela m’incite à rester sur place et à voyager souvent, mais nous verrons bien où la vie me mènera. 

PAN M 360 : En tant qu’artiste en 2024, quels sont les objectifs de votre art ? Êtes-vous optimiste ou pessimiste quant à l’évolution de la situation ?

Sarah Rossy : Je veux dire qu’une fois que j’ai restructuré mes objectifs pour qu’ils soient avant tout en rapport avec les gens, cela a complètement changé la donne. Je n’essaie pas de devenir célèbre. Il est évident que la célébrité peut être un vecteur d’une meilleure connexion. Mais elle peut aussi être le vecteur d’une plus grande solitude. Vendre votre musique peut vous soutenir financièrement dans un tourbillon capitaliste, mais à qui la vendez-vous ? S’agit-il de personnes qui s’intéressent vraiment à votre cœur ? Alors ce lancement d’album, jouer à guichets fermés devant tous mes amis, les membres de ma communauté et les gens que j’aime et peut-être leurs amis un jour, c’était tellement chaleureux et épanouissant. J’ai quitté le lieu (Ursa, un espace géré par des artistes) en me sentant bien, et à la fin de la journée, ce qui compte, c’est de se sentir bien. Je suis donc optimiste dans le sens où je suis clair sur ce point, mais pessimiste quant à l’état général de l’industrie. Chaque musicien a gagné 100 dollars ce soir-là, et j’ai travaillé sans relâche pendant trois semaines pour assurer la promotion. Mais j’essaie de ne pas faire peser cette pression financière sur mon art.

PAN M 360 : Je t’entends Sarah. Nous vous souhaitons le meilleur et vous remercions encore une fois d’avoir pris le temps. Faites-nous savoir où nous pourrons vous retrouver la prochaine fois !

Sarah Rossy : Mon prochain concert est le 27 mars à Ursa pour la première édition du Anti-Jazz Police Festival. Ce sera un double bill avec Claire Dickson, une artiste incroyable de Brooklyn, ce qui sera un show incroyable. A ne pas manquer !

Pour son programme du samedi 17 février à la 5e Salle de la Place des Arts, l’Orchestre national de jazz de Montréal (ONJ) a prévu le déploiement d’un ensemble à cordes (ECO), d’une section rythmique et de deux artistes réputés du jazz québécois, soit le la pianiste Marianne Trudel et le saxophoniste Yannick Rieu. Sous la direction de Jean-Nicolas Trottier, les instrumentistes de l’ONJ exécuteront Sources, une suite pour ensemble à cordes de Marianne Trudel créée en 2016 par Les Violons du Roy et la formation Trifolia de la pianiste. La 2e partie du concert consiste en l’interprétation de Focus, une suite composée au tournant des années 60 par l’Américain Eddie Sauter et dont le soliste originel fut nul autre que Stan Getz. Eddie Sauter était de ces musiciens de jazz ouverts à la musique classique moderne. En voici venir l’éloquente démonstration.PAN M 360 précède ce programme avec les explications éclairantes de Yannick Rieu et Marianne Trudel, récoltées en visio.

INFOS ET BILLETS ICI

ENSEMBLE À CORDES DE L’ONJ (ECO)

Chef d’orchestre : Jean-Nicolas Trottier

Soliste | Yannick Rieu

Violons I | Alissa Cheung, Brigitte Dajczer, Mélanie Bélair, Geneviève Liboiron, Helga Dathe

Violons II | Chantal Bergeron, Geneviève Morasse, Brenn-Adrien Dalle, Salomé Perli, Victoria Dathe, Stéphanie Beauparlant

Altos | Lana Tomlin, Elvira Misbakhova, Julie Babaz, Julie Dupras

Violoncelles | Élisabeth Giroux, Loredana Zanca

Contrebasse | Anaïs Vigeant

Piano | Marianne Trudel

Contrebasse | Étienne Lafrance

Percussions | Patrick Graham

Batterie | Tommy Crane

AU PROGRAMME

SOURCES (Marianne Trudel)

1. Traversons

2. Glace Polaire

3. Du Fleuve à la mer

4. L’Or bleu

5. Miroitements, lune et reflets

6. Oasis et désert

7. Source

FOCUS (Eddie Sauter)

1. I’m Late, I’m Late

2. Her

3. Pan

4. I Remember When

5. Night Rider

6. Once Upon a Time

7. A Summer Afternoon

8. I Remember When

Pour une première fois à Montréal, le chef afro-canadien Daniel Bartholomew-Poyser dirige l’Ensemble Obiora dans Influences, un programme constitué d’œuvres variées, du tango nuevo à la musique contemporaine. Voilà l’occasion parfaite pour faire faux bond aux clichés confinant les musiciens afro-descendants au jazz, au blues et aux musiques « urbaines », soul, R&B, hip-hop.

Et puisque les musiciens afro-descendants sont largement représentés au sein d’Obiora, un ensemble au service de la diversité culturelle dans le milieu classique, l’occasion est belle de causer avec maestro Bartholomew-Poyser!

Natif de Montréal, il mène une formidable carrière qui le mène ce samedi 17 février, 19h30, Salle Pierre-Mercure.

Il est notamment artiste en résidence et ambassadeur communautaire de Symphony Nova Scotia, il travaille aussi en Ontario, aux USA et plus encore. Il a aussi dirigé les orchestres pour moult des ballets et concerts impliquant des interprètes de notoriété mondiale. Également, il a été chef d’orchestre adjoint de l’orchestre symphonique de Kitchener-Waterloo et chef d’orchestre associé de l’orchestre symphonique de Thunder Bay. Qui plues est, il s’est produit avec le Calgary Philharmonic, le Hamilton Philharmonic, l’Edmonton Symphony Orchestra, le Vancouver Symphony, l’Eastern Sierra Symphony (Californie), le San Francisco Symphony.

Pour PAN M 360, il explique en visio sa première incursion montréalaise en tant que maestro, à la barre de l’Ensemble Obiora.

Programme

  • Polyphonic Lively – Dinuk Wijeratne
  • Graciela y Buenos Aires pour violoncelle solo et ensemble à cordes / for solo cello and string ensemble – Jose Bragato 
  • Le grand tango pour violoncelle solo, piano et ensemble à cordes / for solo cello, piano and string ensemble – Astor PiazzollaArrangement du célèbre compositeur argentin Marcelo Nisinman – Commission de l’Ensemble Obiora et Juan Sebastian Delgado : PREMIÈRE MONDIALE
    Arrangement by renowned Argentine composer Marcelo Nisinman – Commissioned by Ensemble Obiora and Juan Sebastian Delgado : WORLD PREMIERE
  • Enigma Variations – Edward Elgar

INFOS ET BILLETS ICI

Pour ce programme du 16 février au Conservatoire de musique de Montréal, deux compositeurs ont été sélectionnés par le Quatuor Molinari: feu le Russe Dmitri Chostakovitch et le Canadien John Rea. Le compositeur montréalais avait composé Objets perdus pour le Quatuor Arditti en 1992 et,  pour commémorer ses 80 ans de vie et pour assurer une descendance à Objets perdus, le Molinari lui a commandé Objets perçus, la création est prévue ce vendredi ! Quant à Chostakovitch, le 10 et le 13 ont été choisis cette fois, l’exécution a été prévue en alternance avec les œuvres de John Rea.  Pour en savoir davantage, la directrice artistique, fondatrice et premier violon du Quatuor Molinari fournit à PAN M 360 de généreuses explications.

 

PAN M 360 : Pourquoi lier les œuvres de John Rea et Chostakovitch? 

Olga Ranzenhofer : Elles ne sont pas liées mais plutôt juxtaposées, car nous voulons précisément mettre en parallèle deux œuvres majeures du compositeur québécois John Rea avec deux œuvres majeures de Dimitri Chostakovitch.

PAN M 360 :  Vous avez choisi d’interpréter les compositeurs en alternance, pourquoi?

Olga Ranzenhofer : Je crois que ce sera intéressant d’alterner car la musique de ces deux compositeurs est très différente. La mécanique infaillible et la grande originalité de la musique de Rea sera mise en parallèle avec les fortes émotions de la musique de Chostakovitch. En jouant deux quatuors de chaque compositeur, l’auditeur pourra entendre les ressemblances, la parenté des œuvres de chacun des compositeurs tout en notant leurs différences. Hormis les concerts d’intégrales, c’est rare d’entendre dans une même soirée plus d’une œuvre d’un compositeur, nous avons donc décidé de le faire avec deux compositeurs.  

PAN M 360 : John Rea a composé Objets perdus pour le Quatuor Arditti en 1992. Pouvez-vous décrire brièvement les enjeux de cette œuvre? 

Olga Ranzenhofer : Étant écrite pour le célèbre Quatuor Arditti, John Rea n’avait aucune restriction quant aux difficultés techniques et rythmiques en écrivant ce quatuor. Les jeux rythmiques sont d’une grande complexité et c’est un beau défi que de jouer cette œuvre.

PAN M 360 :  Comment est-elle construite? 

Olga Ranzenhofer : Rea est un compositeur qui joue avec les structures et aime se mettre des contraintes lorsqu’il compose. Dans Objets perdus, il s’amuse à enlever des objets (des notes) dans chacun des douze mouvements tout en allongeant la durée des mouvements au fur et à mesure que l’œuvre se déroule. Le premier mouvement ne dure que quelques secondes tandis que le dernier, plus de trois minutes. 

PAN M 360 : Pourquoi l’avoir choisie spécifiquement?

Olga Ranzenhofer : Ce quatuor est un classique de la musique québécoise. Nous l’avions jouée il y a plusieurs années et sommes très heureux de le refaire. 

PAN M 360 : Pour souligner les 80 ans de John Rea, le Quatuor Molinari lui a commandé un nouveau quatuor, Objets perçus, qui sera créé ce vendredi 16 février.

Olga Ranzenhofer : Ayant composé son premier quatuor il y a plus de trente ans, John Rea nous a dit que cet anniversaire serait une belle occasion pour lui de « faire un fils ou un petit-fils à Objets perdus! » Le nouveau quatuor, Objets perçus a de belles affinités avec Objets perdus; on y retrouve les jeux rythmiques, la recherche dans la forme et la structure de l’œuvre, tout cela avec une écriture plus lyrique. C’est une œuvre splendide .

Objets perçus est répartie en cinq mouvements. Les quatre premiers mouvements sont divisés en trois sections distinctes et contrastantes tandis que le dernier morceau, qui est assez court, est d’un seul tenant. 

PAN M 360 : Le Molinari a déjà interprété le cycle des 15 quatuors de Chostakovitch, et cette fois, vous en avez choisi deux qui sont rarement joués, le 10 et pe 13. Pourquoi sont-ils rarement joués d’après vous?

Olga Ranzenhofer : Les 15 quatuors de Chostakovitch sont des œuvres phares du répertoire pour quatuor à cordes. Bien sûr il y en a qui sont plus joués que d’autres, mais à mon avis, ils sont tous extraordinaires. Le 13e quatuor que nous jouerons est une œuvre très sombre, que Chostakovitch a écrite entre deux longs séjours à l’hôpital en 1970. La mort commençait à le hanter et la solitude et le désespoir sont des émotions qu’il vivait et qu’il a transposées dans cette œuvre. Ce quatuor est moins joué car il est très difficile et délicat, la musique étant très dépouillée. C’est le seul des 15 qui est en un seul mouvement.  Malgré son état de santé très fragile et la fin de sa vie qui approche, Chostakovitch y explore de nouvelles avenues dans ce quatuor. Cette œuvre  fait partie de la série des 4 quatuors dédiés aux membres du Quatuor Beethoven; le 13e a été écrit pour l’altiste Vadim Borissovsky. 

Le 10e quatuor est plus accessible et je ne sais pas pourquoi il n’est pas joué plus souvent. Après un premier mouvement introductif, le second est frénétique et violent. On y entend l’agressivité et l’intensité comme seul Chostakovitch sait le faire. Un extraordinaire mouvement lent en forme de passacaille et d’une grande expressivité nous soulage de cette violence et nous apaise. Le dernier mouvement est un allegretto au motif malicieux, en forme de rondo très libre.

PAN M 360 :  Ces deux quatuors ont été composés à un stade assez avancé de la carrière de ce génie russe – 1964 et 1970. Que représentent-ils selon vous dans son fameux répertoire de quatuors à cordes?

Olga Ranzenhofer : Le 10e est écrit dans sa période de grande maturité. Il est parfait! Il y a plusieurs moments magiques dans ce quatuor, entre autres dans la passacaille et aussi dans le dernier mouvement lorsque le thème du 1er mouvement revient. 

Le 13e est un des quatre quatuors dédiés aux musiciens du Quatuor Beethoven. Celui-ci a été écrit pour Vadim Borissovsky, l’altiste du groupe et fait donc une large place à cet instrument. Malgré son état de santé très fragile et la fin de sa vie qui approche, Chostakovitch explore de nouvelles avenues dans ce quatuor.

PAN M 360 : Chostakovitch n’est-il pas un compositeur clé de votre répertoire? Pourriez-vous nous dire pourquoi?

Olga Ranzenhofer : On adore jouer les quatuors de Chostakovitch. C’est très formateur pour un quatuor de travailler ces œuvres : l’intonation doit être parfaite, l’émotion juste, l’ensemble irréprochable. Comme quatuor, nous nous sentons privilégié de pouvoir travailler ces chefs-d’œuvre. En mai 2025, nous ferons un grand événement « Le Quatuor selon Chostakovitch » au cours duquel nous jouerons l’intégrale des 15 quatuors pour souligner le cinquantenaire de la mort de Chostakovitch.

En juin 2023, PAN M 360 a réalisé une interview avec une artiste française de 24 ans, Zaho de Sagazan, alors parfaite inconnue de ce côté de l’Atlantique et dont les Z du nom et du prénom semblent dominer outrageusement la particule. Cette présence marquée du Z (et même du S qu’on a envie de réécrire) est non sans rappeler ce signe que l’on griffonne pour évoquer l’éclair.

L’écoute de cette Symphonie des éclairs, premier album de haute tenue, était d’ailleurs bien assez éclairante pour faire une place de choix à cette artiste de 23 ans qui ferait aZZurément sa marque dans les ciels (parfois) tempétueux de la chanson franco.

La prédiction s’est avérée: Zaho de Sagazan a remporté ce week-end dernier quatre des cinq Victoires de la musique pour lesquelles elle était nommée: Révélation féminine, Révélation scène, Chanson de l’année (La symphonie des éclairs) , Album de l’année (La symphonie des éclairs). Voilà pourquoi nous remettons à l’ordre du jour cette interview passée aux oubliettes depuis l’été dernier.

PAN M 360 : Vous êtes originaire de Saint-Nazaire. Où êtes-vous maintenant?

ZAHO DE SAGAZAN : Je vis à Nantes, pas très loin de Saint-Nazaire.

PAN M 360 : Nantes est une ville culturelle. Plein de choses se passent là-bas. 

ZAHO DE SAGAZAN :  Plein de choses, c’est vrai. Moi, j’ai plein de copains musiciens qui y sont. Il y a beaucoup de salles de concerts et beaucoup de bars où on peut y trouver des créateurs. 

PAN M 360 :  Vous êtes issue d’une famille d’artistes. Votre père est un artiste multidisciplinaire reconnu, vous avez donc baigné dans un univers de création dès l’enfance, la petite enfance même ? 

ZAHO DE SAGAZAN :  J’ai toujours été avec un papa artiste qui n’était pas discret dans sa vocation, son atelier était tout à côté. Un papa en plus d’être artiste, j’avais des parents qui prenaient pas mal l’expression. C’était une maison bruyante, on avait le droit de s’exprimer, de danser, de crier, mes quatre sœurs et moi – une sœur jumelle et mes trois grandes sœurs.
C’était une maison où tout le monde donnait son avis tout le temps, où tout le monde dansait partout. On m’a toujours permis de m’exprimer, ce qui est quand même une chance énorme car n’était pas le cas dans toutes les maisons.

PAN M 360 : Ça vous a incitée à développer votre imaginaire créatif dès le départ, n’est-ce pas?

ZAHO DE SAGAZAN : Complètement, oui. D’abord, ça a été dans la danse. J’ai beaucoup fait de danse mais au bout d’un moment, j’ai arrêté parce que j’en avais marre – pas trop fan de mes profs, etc. Je ne m’amusais plus beaucoup et donc j’ai arrêté. Je me suis beaucoup ennuyée et c’est là où j’ai découvert le piano. Il y avait un piano dans la maison parce que ma grande sœur en faisait. J’écoutais beaucoup Tom Odell à l’époque, qui était mon idole un Britannique qui est particulièrement amoureux de son piano et ça s’entend dans ses chansons. C’est vraiment un duo homme/ piano et ça m’a beaucoup touchée et j’ai voulu faire pareil. Donc, je me suis mise au piano et ça a été une révélation directe. J’avais rencontré l’homme de ma vie, le piano. J’ai très vite compris que j’y passerai beaucoup de temps, mais n’ai pas tout de suite compris que j’allais en faire mon métier. Dès que je rentrais du lycée, du collège, j’allais au piano. C’était devenu une obsession. 

PAN M 360 : Avez-vous appris le piano par vous même ou avez-vous suivi une formation ? 

ZAHO DE SAGAZAN : Non, j’ai appris toute seule, je ne joue pas extrêmement bie. Je joue de toute façon pour m’accompagner et non pas pour devenir vraiment pianiste. Mais j’aimerais bien m’améliorer quand même parce que je trouve ça formidable comme instrument. C’est vraiment l’instrument que j’aime le plus mais pour l’instant, je suis plus obsédée par le côté chanson que par le côté piano. 

PAN M 360 : De toute façon, ce que vous faites, ce sont des constructions pianistiques pour des chansons, des progressions harmoniques et des mélodies. Ce qui est intéressant dans votre travail, ce n’est pas nécessairement cette dimension pianistique, quoique fort sympathique, c’est plutôt le texte, l’expressivité, le grain de voix, le phrasé. Phrasé très brellien d’ailleurs.

ZAHO DE SAGAZAN : J’aime beaucoup  Brel, en tout cas!

PAN M 360 : On ne s’en étonnera pas. Et que dire de Stromaë, brellien notoire?

ZAHO DE SAGAZAN : Complètement. Stromaë, j’aime énormément. J’ai entendu plusieurs fois qu’il aime énormément Brel et aussi Kraftwerk. Ça me parle aussi!

PAN M 360 : Vos profils biographique indiquent que vous aimez le krautrock et la synthwave. 

ZAHO DE SAGAZAN : J’écoute particulièrement ça. J’aime beaucoup le froid qu’on y retrouve et en même temps, cette chaleur du synthé, il y a plein de choses que j’aime énormément dans la coldwave, dans l’électronique en général, bref dans cet univers-là.

PAN M 360 : On ne s’en étonnera pas car la France nourrit son angle synthwave depuis longtemps, ça remonte aux années 80 avec Indochine et compagnie et ça s’est toujours poursuivi.  Vous travaillez beaucoup avec des synthés analogiques, d’ailleurs.

ZAHO DE SAGAZAN : Oui! On utilise beaucoup de Korg MS-20, des Moog, un Roland Juno-60, beaucoup de synthés modulaires etc. Je fais ça avec mes deux copains, Alexis Delon et Pierre Cheguillaume, deux grands amis à moi et on a fait toute la prod ensemble. Eux, ce sont un peu les mains et moi, je suis le chef d’orchestre parce ce sont eux qui connaissent par cœur toutes ces machines. On s’est rencontrés quand j’avais 20 ans, je ne connaissais rien du tout. Je commençais tout juste à découvrir vraiment la musique électronique et à avoir une bonne culture. Et j’étais très loin de comprendre comment ça marchait. Et donc ils m’ont vraiment fait découvrir comment faire cette musique que j’écoutais tant. Et donc moi, je suis plutôt celle qui dit, je n’aime pas comme ça, changez le son, je ne sais pas exactement comment faire. Moi, je suis plutôt la cheffe d’orchestre.

PAN M 360 : Vous exercez alors une direction artistique instinctive !

ZAHO DE SAGAZAN : Il était évident que je n’allais pas livrer mes chansons et qu’on allait les habiller comme on le voulait. Je devais décider exactement quelle teinture, quelle sorte de grain, etc. Je suis un peu…

PAN M 360 : Control freak?

ZAHO DE SAGAZAN : Un peu beaucoup! (rires) Sur tout ce qui me concerne et donc aussi sur la prod. Mais j’ai la chance de pouvoir compter sur deux personnes extrêmement talentueuses, avec qui j’ai quand même mis trois ans et demi pour faire cet album. Mes amis ont été extrêmement patients et généreux d’amour et de talent. Bref, j’ai eu beaucoup de chance. 

PAN M 360 : Ça ne fait quand même pas très longtemps que vous travaillez là-dessus et ça donne un très bon son!

ZAHO DE SAGAZaN : On a bien bossé. On est partis de loin, il y a beaucoup de merde qui est sortie de chez nous, mais peut être qu’on est doué dans le triage! (rires)

PAN M 360 : Et avez-vous commencé à écrire des textes de chansons très jeune ? 

ZAHO DE SAGAZAN : À 14 ou 15 ans.  

PAN M 360 : Ça fait près d’une dizaine d’années maintenant et on voit que vous avez une vraie pratique d’écriture parce que… c’est très bien écrit. Il n’y a pas énormément de fioritures, c’est direct, très efficace et il y a un réel angle littéraire. C’est d’ailleurs ce à quoi on s’attend d’une chanson: aller droit au but du ressenti.

ZAHO DE SAGAZAN : Je suis d’accord avec vous, j’aime bien comprendre les chansons. Je ne pense pas être idiote mais s’il y a des mots que je ne comprends pas, je décroche… C’est pourquoi  j’aime bien les gens comme Stromaë  qui vont droit au but. Tu le comprends direct, mais c’est hyper bien ficelé, hyper intelligent. Avec une chanson, on est là pour trois petites minutes, alors je suis particulièrement touchée par des gens qui  ne sont pas là à se la péter, mais bien pour raconter une histoire comprise et ressentie. 

PAN M 360 : Vos chansons se positionnent dans l’intimité ressentie intérieurement et exprimée avec force par la suite. Évidemment, ce n’était pas délibéré de fonctionner ainsi.

ZAHO DE SAGAZAN : C’est sorti comme ça. Tu ne décides jamais comment sera une chanson  mais effectivement, je crois avoir plutôt tendance à parler de moi de manière intime. Je crois en fait que c’est dans notre intimité qu’on est le plus universel. C’est quand on parle des choses qu’on cache, qu’on ne dit pas à nos amis, qu’on se rend compte qu’on est un peu tous pareils. En tout cas, on ressent les mêmes émotions, les mêmes doutes, les mêmes peurs. Donc naturellement, je vais aller dans l’intime pour ça. J’ai quand même beaucoup pris la chanson et l’écriture comme moyen de comprendre, de comprendre ce qui m’entoure et de me faire comprendre. Donc naturellement, j’avais besoin plus de comprendre et de me faire comprendre sur mon intimité que sur autre chose. D’ailleurs, je me demande même de quoi je pourrais parler si ce n’était pas de l’intimité. Là, tout de suite, je trouve pas.  

PAN M 360 : Vos histoires parlent beaucoup d’amour, de passion, d’intensité. Ça ne doit pas être reposant d’être Zaho! 

ZAHO DE SAGAZAN : Haha! Mais je ne suis pas exactement ce que racontent mes chansons. 

PAN M 360 : Mais il y a quand même un fond qui vient de la personnalité de l’auteur! En tout cas, ça bouillonne de votre côté!

ZAHO DE SAGAZAN : Ça bouillonne, c’est sûr! C’est d’ailleurs ce que raconte La Symphonie des éclairs.  Je suis plus tempête qu’accalmie. Si j’étais une mer, je serais plutôt agitée, effectivement. Après, je pense que c’est parce que je suis autant agitée dans mes textes que j’arrive à être aussi légère dans la vraie vie. Je réussis à mettre la tempête au bon endroit, je dirais. 

PAN M 360 : C’est comme un genre d’exutoire qui passe par la création et ça vous calme dans la vraie vie ? 

ZAHO DE SAGAZAN : Je pense. En tout cas, j’ai appris à me calmer quand même un petit peu parce que c’était dur de vivre en temps de tempête, qui ressent beaucoup de choses. Ça a été compliqué quand j’étais adolescente, et puis, quand j’ai découvert le piano, j’ai compris l’intérêt de l’être. Et puis, j’ai compris que je pouvais l’être entièrement sur scène. Mais par contre, il fallait que j’apprenne à gérer mes émotions et les mettre au bon endroit. Aujourd’hui, je crois être plutôt facile à vivre. Mais effectivement, je ne me suis toujours pas vue dans la passion amoureuse, parce que je n’ai jamais découvert l’amour encore. Là, je ne sais pas à quel point je vais être sympa. Je ne sais pas. 

PAN M 360 :  Vous pourrez alors vérifier si vos chansons en sont le reflet.

ZAHO DE SAGAZAN : Complètement. Enfin… on verra. 

PAN M 360 : Vous avez une voix grave, une voix de contralto, avec un grain un peu ensablé, ce qui vous donne un timbre assez singulier.  Car des interprètes ayant de très belles voix ressemblent à tant d’autres interprètes, alors que vous avez un grain qui vous est propre. Dès la première mesure, on sait que c’est vous.  

ZAHO DE SAGAZAN : C’est vrai que j’ai de la chance parce que ça, tu ne le décides pas. Tu peux apprendre à bien chanter, mais tu ne décides pas du grand de ta voix. Je ne sais pas d’où ça vient, mais je suis ravie d’avoir cette voix grave que j’aime bien. 

PAN M 360 : Avez-vous des chansons préférées sur votre album? 

ZAHO DE SAGAZAN : Elles sont toutes mes bébés et chacune a des qualités propres, c’est très difficile de déterminer qu’une chanson est meilleure qu’une autre. Je dirais quand même que La Symphonie des éclairs est l’une des plus importantes. C’est une des seules que j’ai au départ écrite sans mon piano, c’est-à-dire dans un avion. Je regardais par le hublot et j’ai fait le constat très simple qu’il faisait toujours beau au-dessus des nuages. Or,  j’aime beaucoup les nuages, et lorsque l’avion s’y est trouvé, je me suis dit que si j’étais un oiseau, j’irais plutôt dans l’orage parce que c’est encore plus beau dans les nuages.


Après quoi je me suis fait chier pendant un an et demi. Je voulais absolument finir cette chanson, mais je ne voulais pas juste parler de la pluie et des nuages. J’avais trouvé la métaphore, mais je ne savais pas ce qu’elle métaphorait vraiment. (rires). Il y avait cette tempête, mais que voulait-elle dire ? Je ne savais pas. Finalement, j’ai trouvé : cette chanson  parle de la chose la plus importante en ce qui me concerne, ce pourquoi je me suis mise au piano et pourquoi le bonheur de la musique est entré dans ma vie. Tout d’un coup, j’ai compris pourquoi j’étais sensible à cette tempête et à quoi ça servait de l’être. J’ai donc bien fait de chercher longtemps, je suis ravie d’avoir trouvé.

Fille de Th,andie Klaasen chanteuse de renom en Afrique du Sud dans les années 50, 60 et 70, Lorraine Klaasen a grandi à Soweto mais… elle a passé le plus clair de son existence au Canada où elle habite toujours – London, Ontario. Pour les mélomanes montrélais, la sexagénaire est la première chanteuse africaine à les avoir séduits, quatre décennies plus tôt.

Encore aujourd’hui, elle est l’une des rares artistes sud-africaines résidant en Amérique du Nord à avoir préservé le son originel des townships sud-africains. Lorraine a été influencée par les géants de la musique sud-africaine des années 1950 et 1960, tels que Miriam Makeba (dont sa mère fut la choriste), Dolly Rathebe, Dorothy Masuka, Sophie Mgcina et Busi Mhlongo. 

À son retour à Montréal elle fait le point sur sa carrière et nous parle de son nouveau spectacle. Notre Mama Afro-Canada se dit encore choyée par la vie, satisfaite et heureuse d’une longue trajectoire évidemment marquée par des hauts et des bas.PAN M 360 vous offre cette interview audiovisuelle, dans le contexte du Mois de l’histoire des Noirs mis, mis de l’avant entre autres par les Productions Nuits d’Afrique.

Ce samedi au Théâtre Fairmount, 20h30, INFOS ICI

Cette année, PAN M 360 vous présente Igloofest sous un nouvel angle : celui des coulisses de l’événement, en mettant en lumière des travailleur.euses de l’ombre. Après Stéphanie Cléroux, directrice de production chez Multicolore, on poursuit cette paire d’entrevues avec TiND, responsable de la programmation VJing d’Igloofest cette année.

PAN M 360 vous propose de plonger dans l’univers créatif du collectif de VJs montréalais TiND, abréviation de « thisisnotdesign ». 

Actif depuis plus de vingt ans, TiND a entre autres collaboré avec la SAT et  Moment Factory,  l’organisation a su  évoluer avec les tendances musicales et visuelles, se forgeant une réputation solide dans la scène artistique de Montréal. Nous avons discuté avec Francis Théberge, l’un des cofondateurs du collectif.

PAN M 360 : Présentez-nous TiND en quelques mots.

TiND : On a fondé le collectif au début des années 2000, on était 3 membres à l’origine. On a commencé dans les raves, c’est le classique. Puis gros partys industriels, musique expérimentale. Notre spécialité, c’était vraiment les visuels qui étaient très rough, échantillonnés de la pop culture. Le classique VJ fin des années 90 début 2000. Plus tard, en 2005, on s’est constitués officiellement sous un collectif enregistré OSBL. Après on est tous devenus papa et maman, ce qui a diminué les activités du groupe. En ce moment je suis le principal membre actif avec ma femme qui s’occupe des archives et de l’organisation.

PAN M 360 : Comment la collaboration avec Igloofest  s’est-elle établie ?

TiND : Si je ne me trompe pas, on a fait le booking VJ la troisième année, donc c’était il y a plus de dix ans. Ensuite ça a été d’autres excellents VJs, dont Marion Carassou-Maillan alias VJ MA –  elle a vraiment travaillé fort pour nous faire une belle place. Ensuite, il y a eu Marc-Olivier Comeau alias VJ Binocle, habitué des grosses scènes et tournées aux États-Unis. Puis ça a été Catherine Turp de Moment Factory qui a fait le booking pendant des années. Cette année j’ai repris la programmation en ayant pour objectif de garder l’esprit de la scène VJ montréalaise. On s’occupe de la scène B, la plus petite scène et avec la programmation musicale montréalaise ça fait vraiment scène locale.

PAN M 360 : Comment les pratiques VJing ont-elles évolué avec le temps ?

TiND : Les têtes d’affiche viennent de plus en plus souvent avec leurs propres visuels. On a commencé à le sentir il y a plusieurs années, je dirais même avant la pandémie dans des festivals comme ÎleSoniq, Osheaga que j’ai fait quelques années. Je trouve que la place des VJs n’est pas tout à fait gagnée. On est obligés de jouer le contenu donné par les artistes sans avoir beaucoup de temps pour préparer. Ça arrive de plus en plus avec les gros headliners. Les choix d’artistes étaient peut-être plus équilibrés avec une meilleure représentation de l’underground. Évidemment, le domaine du visuel a beaucoup évolué, les technologies sont de plus en plus accessibles. Par exemple, quelqu’un qui connait très bien une console d’éclairage va pouvoir opérer du visuel assez facilement. 

PAN M 360 : Avez-vous carte blanche pour Igloofest ? 

TiND : Oui ! Igloofest nous laisse beaucoup de liberté. Le programmateur appuie les candidatures des artistes, puis le choix se fait sur les démos, que ce soit une série d’images ou idéalement un démo clip. C’est sûr qu’il y a une validation de la production, mais j’ai jamais vu d’artiste se faire refuser à moins que le contenu fusse vraiment inapproprié. Il y a une diversité de styles visuels représentée,  du plus expérimental (comme moi) à des trucs beaucoup plus motion plus proche du graphisme que tu vois dans la publicité animée. Ils ont l’œil, ils savent ce qu’ils veulent mais c’est vraiment une belle carte blanche. Cette année, on a fait de la place à des gens qui débutent carrément, on les a pris un peu sous notre aile. J’aime l’idée d’inclure plusieurs générations de VJs.

PAN M 360 : Par rapport à la création du contenu, comment  trouve-t-on un équilibre budgétaire entre son univers visuel, sa patte, son style et le style de l’artiste? 

TiND : Il y a des VJs qui sont très bons à s’adapter, créer ou remixer du visuel pour que ça fonctionne très bien. D’un autre côté, il y a des VJs qui ont des banques énormes de visuels, qui sont aussi très malléables en général ; ils ont un style qui va coller à peu près avec tout. Il s’agit de bien sélectionner ses clips, bien monter son set dans son logiciel,  peu importe la façon. Après, c’est un c’est une question de feeling de la musique sur place, et de métier. Parfois, on se rend compte que l’artiste joue très différemment des sets sur SoundCloud ou MixCloud qu’on a pu écouter pour se préparer. Il y a des surprises. Le rôle premier du VJ, c’est d’avoir assez de contenu qui puisse s’adapter sur différents styles et différents rythmes de musique, ça c’est important. Puis il faut être capable d’improviser sur place. Dans certains cas, il y a des mandats plus précis, on va demander de créer du visuel collé à l’artiste, ça demande une collaboration entre les labels puis les artistes, mais malheureusement c’est très rare qu’on soit en contact direct avec les labels ou les artistes.

PAN M 360 : Quels sont les défis pour les VJs à Igloofest ? 

TIND : Ça peut paraître étrange malgré qu’Igloofest est un gros festival, on est tellement bien appuyés par l’équipe technique sur place, c’est incroyable. Honnêtement c’est très facile. Autant tu peux jouer un simple signal qui prend tout l’espace et qui devient vraiment immersif, autant tu peux  découper chaque tuile, jouer différentes couches de visuel ou encore une couleur plus à gauche, plus à droite… C’est extrêmement souple. 

PAN M 360 : Vous soulignez l’importance des équipes techniques pour vous permettre de réaliser votre travail. À quoi ressemble la dynamique avec les éclairagistes avec qui vous collaborez de très près ? 

TiND : Je vais être très transparent avec toi: dans bien des cas, c’est une histoire amour-haine ! (rires)  Parfois haine, c’est plus parce qu’il y a une mauvaise communication entre les deux artistes. Je souligne que les gens d’éclairage autant que n’importe qui dans l’équipe technique, même si on les appelle des techniciens, moi je les appelle des artistes. Ça c’est clair, il n’y a pas de doute là-dessus. Par exemple, l’éclairagiste de la scène B cette année est fabuleux. C’’est un jeune homme de 19/20 ans qui a déjà joué pour MUTEK. Il est très patient avec nous, calme, la communication est excellente. Malgré moi qui suis chaotique et coloré, on réussit à trouver un équilibre, puis à un moment donné à s’accorder plus de place. Dès qu’il y a une bonne communication, ça fonctionne très bien, même si c’est improvisé. Car ces gens-là sont extrêmement bons pour improviser. Dans un monde idéal avec plus de budget de préparation, il pourrait y avoir un travail de synchronisation, ce qui produit un show incroyable pour le public. 

TiND – Igloofest x SAT

TiND – MUTEK 

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