Le guitariste François Couvreur est le directeur artistique de l’Ensemble Hopper, basé à Liège et de passage à Montréal pour la Semaine du Neuf. Au public de PAN M 360, il fournit plusieurs éléments de compréhension du répertoire au programme et présente aussi l’Ensemble Hopper, encore peu connu en Amérique du Nord.
L’ensemble belge, qui se fonde sur une version augmentée du fameux ensemble Pierrot Lunaire (flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano, en référence à une œuvre phare d’Arnold Schönberg), propose ici un « voyage extatique » à travers l’interprétation des œuvres des compositeurs James O’Callaghan et Pierre Slinckx.
Of definition of ground du Canadien James O’Callaghan (basé à Berlin), pour quatuor et électronique, » joue sur les ruptures rythmiques, baignées par un bruit de ground , soit ce son linéraire émis par la fréquence électrique ici évoqué et qui invite les interprètes à l’improvisation inscrite dans un cadre compositionnel.
Quant à H#1|2|3|4, de Pierre Slinckx, qui se produit également au sein de l’Ensemble Hopper, il s’agit d’un cycle en quatre parties « aux dimensions colossales, à l’orchestration extrêmement riche et fournie, qui ne finit pas de s’élever dans un climax renouvelé à chaque mesure. »
PROGRAMME
James O’Callaghan: Of definitions of “Ground” , 2019 pour flûte, clarinette, alto, guitare électrique et électronique
Flûtiste pionnière dans l’usage de techniques étendues (avec capteurs, notamment), compositrice, improvisatrice, électroacousticienne, artiste visuelle, artiste vidéo, Cléo Palacio-Quintin a également bâti Productions Fiolûtröniq, véhicule de sa foisonnante expression interdisciplinaire. Elle s’entretient avec Alain Brunet de PAN M 360 de son oeuvre au programme du Vivier Mix présenté dans le cadre de la Semaine du Neuf, programme impliquant aussi des artistes de Quasar (André Leroux) et du Nouvel Ensemble Moderne (NEM).
Tiré du programme de la Semaine du Neuf:
» Trois ensembles du Vivier se partagent la scène pour cette nouvelle édition du VivierMix dans une soirée qui fait raisonner deux œuvres mixtes de l’invité d’honneur Pierre Jodlowski et une œuvre de Cléo Palacio-Quintin.
ALÉAS nous invite à redécouvrir l’univers qui nous entoure à travers le prisme déformant d’un récit poétique transdisciplinaire.
André Leroux de quatuor Quasar interprète Le dernier songe de Samuel Beckett, cette œuvre de Pierre Jodlowski se construit autour d’un dialogue permanent entre le saxophone et l’environnement sonore qui l’entoure.
Dirigée par Lorraine Vaillancourt, le Nouvel Ensemble Moderne interprète Respire de Pierre Jodlowski. Issue d’un cycle de composition audiovisuelle qui interroge la place du corps dans notre monde sur la respiration elle-même, cette œuvre se focalise sur le mouvement du ventre qui devient l’objet d’une mécanique implacable entraînant le champ musical dans un balancement chronique. »
Thierry Dimanche, Cléo Palacio-Quintin: Aléas: Remous vaporeux , 2021 pour pour hyper-flûte-basse, guitare électrique, poésie (de Thierry Dimanche) et vidéo interactive
Pierre Jodlowski: Le dernier songe de Samuel Beckett , 2013 pour pour saxophone ténor solo et électronique
Pierre Jodlowski: Respire , 2008 pour pour flûte, clarinette, trompette, piano électrique, guitare électrique, percussion, quintette à cordes, vidéo et électronique
Pierre Jodlowski est un compositeur français, explorant le territoire infini des musiques mixtes, instrumentales, électroniques, écrites et improvisées, souvent multidisciplinaires. Soucieux de créer une trame dramatique et ainsi produire des œuvres sensibles et incarnées, il s’intéresse à l’intermédialité, à la programmation informatique, à la mise en scène, l’image et à l’interactivité. Sa productivité est remarquable, avec à son actif près de 80 œuvre des plus diversifiées. Force est d’observer qu’il ne s’inscrit pas dans pas dans les sillons orthodoxes de la musique contemporaine. Il puise effectivement dans tous les genres musicaux de son époque, du métal au free jazz. D’où l’intérêt pour PAN M 360 de le présenter, d’autant plus que plusieurs de ses compositions sont présentées à Montréal, durant la Semaine du Neuf, soit du 1er au 18 mars 2024.
Pour la Semaine du Neuf, Architek Percussion propose un « voyage sensoriel complet » avec Stircrazer I de Sabrina Schroeder. Cette composition met en relief chez l’auditoire le ressenti des percussions qui résonnent dans le corps, le tout assorti de sons délicatement conçu. En deuxième lieu, l’adaptation pour Architek Percussion de Folk Noir / Canadiana par sa compositrice Nicole Lizée se veut toujours une œuvre répartie en cinq mouvements sur des référents de culture/pop culture canadienne, le tout impliquant musique et vidéo. Pour en savoir davantage, le percussionniste Alexander Haupt en cause à PAN M 360 et représente ainsi Architek Percussion.
DANS LE CONTEXTE DE LA SEMAINE DU NEUF, ARCHITEK PERCUSSION SE PRODUIT LE LUNDI 11 MARS 2024 | 19:30, À LA
SALLE MULTIMÉDIA (MMR) DE L’ÉCOLE DE MUSIQUE SCHULICH DE L’UNIVERSITÉ MCGILL | CIRMMT. INFOS ET BILLETS ICI
Avant les Talibans, avant les Étatsuniens, avant les Soviétiques, il y a eu un Afghanistan qui osait penser à l’avenir. Un avenir fait de vie nocturne, de cinéma, de musique et de paix. Like Eagles (ou Mānand-e ‘Oqāb dans son titre d’origine) est selon toute vraisemblance le tout premier film tourné en Afghanistan, en 1964. On y suit, dans une réalisation surprenante de symbolisme et de modernité, une jeune fille qui part de la campagne pour aller assister à des célébrations nationales à Kaboul, la ‘’ville’’.
C’est à partir de ce film que l’autrice canadienne d’origine afghane Shaista Latif a eu l’idée d’offrir une réflexion sur ces promesses bafouées, et surtout sur notre propre rapport à la modernité, à l’identité et au nationalisme. Avec le concours du compositeur montréalais Sam Shalabi, le film en question devient l’objet d’un spectacle total où le texte, la musique et l’image sont chamboulés dans leurs rapports discursifs. J’ai rencontré les deux artistes, ainsi qu’Isak Goldschneider, clarinettiste et co-organisateur de la soirée grâce à Innovations en concert, qu’il dirige. Ensemble, ils nous parlent de cette aventure totalement inusitée, qui promet une belle soirée aux curieux et curieuses.
À l’occasion du festival La semaine du Neuf, organisé par Le Vivier, l’ensemble à percussions Sixtrum donnera un concert intitulé Transformations le lundi 18 mars au Conservatoire de musique de Montréal. Au programme, des œuvres inspirées par, et même jouées DANS, l’eau! En contraste complémentaire, deux pièces de Pierre Jodlowski, dont ce sera la première présence à Montréal. J’ai rencontré le Directeur artistique délégué de Sixtrum, Fabrice Marandola.
THÉÂTRE ROUGE | CONSERVATOIRE DE MUSIQUE DE MONTRÉAL
Programme :
Dominic Thibault: Célérité , 2020
Léa Boudreau: Jeux d’eau , 2020
Samuel Bobony: À grand fracas , 2020
Juri Seo: Shui , 2017
Ondřej Adámek: Fishbones , 2007
Pierre Jodlowski: 24 Loops , 2007
Pierre Jodlowski: Mécano 1 , 2004
SIXTRUM ENSEMBLE À PERCUSSION
FABRICE MARANDOLA
KRISTIE IBRAHIM
PHILIP HORNSEY
JOÃO CATALÃO
CHARLES CHIOVATO RAMBALDO
HUIZI WANG
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À l’occasion de La semaine du Neuf organisée par Le Vivier, l’ensemble collectif9 présentera Héros, une création à la fois musicale et vidéo immersive le vendredi 15 mars 2024 à l’Espace Orange du Wilder, dans le Quartier des Spectacles montréalais. Au programme, une conversation live, parfois improvisée et parfois prédéterminée, entre les musiciens sur scène et les compositeurs/vidéastes en régie. Un hommage très 21e siècle à Beethoven, joué pour la toute première fois en Amérique. J’en ai parlé avec le Directeur général et artistique de l’ensemble (aussi contrebassiste), Thibault Bertin-Maghit.
Dans le cadre de la Semaine du Neuf 2024, l’ensemble Paramirabo présentera le samedi 9 mars un concert dédié à trois compositions de Jimmie Leblanc. Comme fil conducteur, on retrouve l’expérience haptique, autrement dit l’expérience du toucher. Pour monter ce programme, le compositeur a revisité et retravaillé des œuvres composées il y a près de 10 ans. L’une d’entre elles, Ice, a été conçue en collaboration avec l’artiste Fareena Chanda et le physicien Stephen Morris. Par conséquent, on retrouve au cœur de ce projet un grand souci interdisciplinaire, axé sur l’expérience active de la musique et de l’art. PAN M 360 a pu s’entretenir avec Jimmie Leblanc et Fareena Chanda au sujet de la conception et de la réadaptation d’Ice.
Les trois pièces au programme du concert de samedi s’inscrivent toutes dans une même continuité et logique d’écriture. Tout d’abord, il y a eu and the Flesh was made Word., puis Ice, et enfin Clamors of Being, cette dernière se présentant comme un diptyque avec la première. Ces trois œuvres s’inscrivent dans une même continuité, répondant aux mêmes objectifs, mais où Ice se présente tout de même comme pièce à part.
Ice a été créé en 2015. L’élément déclencheur a été le festival torontois Subtle Technologies, qui a permis la rencontre entre compositeur, artiste et physicien. Jimmie Leblanc explique : « Il y avait plusieurs événements dans ce festival-là qui impliquaient les technologies, tout ça… Puis le projet, c’était de jumeler des compositeurs avec des artistes et des scientifiques. Il y a eu des rencontres où tout le monde présentait sa démarche, et il y a des groupes qui ont été faits. » L’intérêt commun pour Leblanc, Chanda et Morris pour les expériences haptiques les a fait se rencontrer, puis créer ensemble. « Il y avait l’idée de travailler sur la sensation de l’œuvre, qu’elle soit visuelle ou sonore, sur une espèce d’énergie ou sur le principe immersif de l’œuvre », rajoute le compositeur d’Ice.
Comme le titre l’indique, l’argument de la pièce concerne la glace, plus précisément sa formation : Stephen Morris s’intéressait à l’époque à la manière dont se forment les glaçons. C’est après une visite dans son laboratoire que le travail de création a commencé. Fareena Chanda a cherché à représenter visuellement les expériences du physicien, tandis que Jimmie Leblanc a voulu transmettre musicalement tout un éventail de textures. À ce sujet, il précise : « Les textures ont plutôt été pensées en fonction des différents états de la glace qu’on peut retrouver. Plus ou moins fluides, plus ou moins rudes, plus ou moins rugueux, abrupts, toutes sortes de sensations qu’on pouvait trouver. Le visuel allait un peu avec ça aussi. »
Pour le concert, il a fallu adapter un peu l’œuvre pour pouvoir la présenter dans un contexte différent de celui de sa création. « À l’origine, l’installation avait été imaginée comme en forme de U, comme un environnement dans lequel vous pouviez vous asseoir, avec trois écrans et un plancher en métal pour ajouter cet aspect haptique, sensoriel, pour permettre au public d’être immergé en faisant appel à tous les sens, » précise Fareena Chanda. Cela dit, l’œuvre sera présentée samedi au Centre PHI, dont la disposition et les modalités diffèrent beaucoup du lieu original de création. « Nous voulions maintenir l’expérience haptique et immersive de la pièce, en particulier la manière dont on se retrouve intégré à l’œuvre. Nous avons fait des recherches pour trouver des matériaux sur lesquels projeter les éléments vidéo et qui pourraient également retransmettre l’élément texture de la pièce. Je pense que cet endroit sera un environnement immersif plus grand que la première fois, » ajoute Fareena Chanda. Les partitions des trois pièces au programme ont également été révisées par Jimmie Leblanc, et on assistera alors à la création de cette nouvelle mouture.
Ainsi, ce concert promet d’être réellement interdisciplinaire. Cet aspect se manifeste de manières différentes, mais complémentaires, dans les démarches artistiques des deux artistes. Pour Fareena Chanda, l’interdisciplinarité fait partie intégrante de sa démarche créative : « Je travaille à l’intersection de l’art conceptuel, de l’installation, et j’utilise autant les médiums mixtes que les méthodes traditionnelles. Je pratique la recherche-création, où les ébauches et esquissent viennent à faire partie de l’œuvre finale. Et parfois, l’œuvre devient une sorte d’amalgame, par exemple une installation, comme dans le cas qui nous intéresse, où je veux que le public retrace le même parcours créatif que moi. »
« Pour ma part, en tant que compositeur qui fait principalement de la musique instrumentale, je dirais que l’interdisciplinarité vient de mon travail avec les interprètes. Leur spécialité est d’interpréter, la mienne est de composer, mais ce sont deux disciplines qui sont en constante interaction, au point où cela devient normal et on arrête de considérer cela comme interdisciplinaire. Par contre, lorsque je rencontre des projets comme Ice, il y a réellement une relation interdisciplinaire qui s’installe, où il faut créer avec d’autres artistes qui ont potentiellement des paradigmes conceptuels différents, » renchérit Jimmie Leblanc. Dans son travail, l’interdisciplinarité est un élément qui a le potentiel de nourrir son approche créative et celle de ses collaborateur.rice.s, réciproquement.
Le public est invité à participer à cette expérience immersive en version concert, dans laquelle nous serons plongé.e.s dès l’entrée en salle. Cet événement, comme le précise Fareena Chanda, aborde également plusieurs concepts plus abstraits. « Il y a cette relation entre ce qui est caché, le passage du temps, et cette œuvre qui invite le public à entrer dans cet espace en tant que participant actif. Très actif, même. Actif avec le corps et tous les sens. Dans toutes mes œuvres, mon objectif est d’inviter à s’embarquer pour un voyage, sans que cela soit fait de manière vraiment prescriptive. » L’installation sera également ouverte et accessible dimanche, avec un enregistrement de la partie instrumentale de la performance.
Le concert Ice sera présenté le 9 mars 2024 à compter de 18h au Centre PHI, avec l’Ensemble Paramirabo. Dans le cadre de la Semaine du Neuf du Vivier. INFOS ET BILLETS ICI!
Une conteuse écrivant aux confins de l’endroit où la musique country rencontre le chaos, Nora Kelly chante des contes attachants de chagrin d’amour et de rébellion. Avec son écriture musicale vive et profonde, Nora a charmé les cœurs de nombreux adeptes de la scène locale alternative-folk, publiant son premier album, Rodeo Clown, avec le soutien du label basé en Colombie-Britannique, Mint Records. Maintenant, six mois après le fait, après l’avoir vue se produire lors d’un concert à domicile, nous avons rattrapé Nora pour voir ce qu’elle a fait et comment la musique évolue.
PAN M 360 : Ton set de la semaine dernière était vraiment génial, et je suis heureux d’avoir la chance de te parler, Nora.
Nora Kelly : Merci, c’est gentil.
PAN M 360 : Alors, ça fait combien de temps depuis la sortie de Rodeo Clown maintenant ?
Nora Kelly : Il est sorti le 25 août 2023. Donc, environ six mois.
PAN M 360 : Eh bien, c’est un moment intéressant pour une sortie. Comment te sens-tu en regardant en arrière sur le lancement de ton premier album ?
Nora Kelly : De ma vie, c’était l’énergie la plus intense que j’ai jamais mise dans une sortie, et je pense que c’est pourquoi, de l’autre côté, c’était le moment le plus triste une fois que c’était fini. C’était un véritable montagnes russes émotionnelles. C’était tellement amusant, nous étions en tournée et faisions toutes ces vidéos, puis… tout est fini et tu recommences essentiellement à zéro. Donc, je pense qu’à ce stade maintenant, six mois plus tard, je suis de retour à la normale. Mais il y a eu quelques mois, surtout septembre et octobre, qui ont été un peu difficiles. J’étais comme une mère d’oisillon dont l’enfant venait de partir à l’université ou quelque chose comme ça. Je ne sais pas… tu fais tout pour construire quelque chose, puis tu repars à zéro pour la prochaine vague de sortie d’album.
PAN M 360 : Eh bien, cela a conduit à ces super chansons que j’ai entendues lors de ta performance, non ? Donc, tu ne t’en sors pas trop mal !
Nora Kelly : Non, j’en ai produit beaucoup. C’était le remède dont j’avais besoin. J’avais besoin d’élever plus d’enfants.
PAN M 360 : Et quelle direction prends-tu ici ?
Nora Kelly : Je veux un peu m’orienter vers les vibes de la country outlaw. Je pense qu’il y a beaucoup d’artistes de country outlaw incroyables comme Waylon Jennings ou Townes Van Zandt, mais ce sont tous des hommes et il n’y a pas tant de femmes hors-la-loi auxquelles aspirer. Peut-être que Lucinda Williams est un peu une hors-la-loi, dans son esprit. Donc, je veux un peu canaliser cela, car mes racines sont dans le punk, mais aussi explorer plus lyriquement une approche de narration. Ce n’est pas entièrement basé sur ma vie personnelle et ma croissance maintenant, mais je m’inspire des expériences d’amis et de choses comme ça. Je veux dire que c’est un peu partout. C’est tout sauf la cuisine, ce prochain album, mais je pense qu’avec le groupe, cela devient cohérent.
PAN M 360 : Donc, tu t’appuies vraiment sur les influences du punk ainsi que sur la country.
Nora Kelly : Oui, du cow-punk.
PAN M 360 : Eh bien, en fait, après t’avoir vue performer, j’ai vraiment découvert beaucoup d’artistes que je n’avais pas vraiment entendus auparavant, et ça m’a fait réfléchir, qu’est-ce que la country ? Où la ligne entre la musique folk et la musique country devient-elle floue ?
Nora Kelly : Oui, je veux dire, on pourrait faire un cours universitaire sur cette question, mais parce qu’il y a un débat autour de l’américana, c’est ainsi que beaucoup de musiciens de country de gauche à Nashville sont étiquetés, et les gens plus à droite ou plus conservateurs sont étiquetés comme de la country. C’est un peu arbitraire. Certains membres du groupe Nora Kelly diront parfois que nous ne sommes pas vraiment country, ce qui est en quelque sorte vrai. Je pense qu’en 2024, ce genre est devenu assez vague. Pour moi, il s’agit de l’arrangement, des thèmes et des instruments qui seront sur l’album. Certainement beaucoup de pedal steel, de violon, de banjo, tu sais. Nous nous imprégnons des sons et de l’essence de la country, mais je ne suis évidemment pas née et élevée dans le Kentucky ou quelque chose comme ça, donc oui.
PAN M 360 : Je constate que vous vous amusez bien avec cette idée, comme avec « Horse Girl », vous savez, cela semble très ironique. Vous utilisez ces clichés et tropes pour explorer des idées plus subversives.
Nora Kelly : Oui, exactement. Et je pense que certaines personnes dans le milieu country se prennent extrêmement au sérieux, donc c’est encore plus amusant de jouer avec le genre à mes yeux. Je pense que c’est quelque chose que les gens font en général, comme Lil Nas ou Orville Peck, ils le tournent de manière décalée, car cela choque beaucoup de gens tout en aimant le genre. Mais je pense qu’il y a encore beaucoup d’espace considéré comme sacré, réservé uniquement aux véritables stars de la country, et cela commence à changer maintenant, les gens se sentent plus à l’aise pour y plonger, je suppose.
PAN M 360 : C’est une bonne chose. J’ai trouvé cela plus agréable à écouter pour la première fois !
Nora Kelly : Oui, et cela a une histoire un peu sombre.
PAN M 360 : En fait, je n’avais jamais entendu parler de la country outlaw auparavant. Est-ce simplement un sous-genre ?
Nora Kelly : Oui, en quelque sorte. Johnny Cash en est un exemple classique. C’est cette énergie de cowboy criminel, vous savez…
PAN M 360 : Oui, cela vous convient bien !
Nora Kelly : Je veux juste que plus de femmes commettent des crimes.
PAN M 360 : Ha. Donc tout cela mènera à un nouvel album, je suppose, et il est en train de se frayer lentement un chemin vers nous ?
Nora Kelly : Nous essayons de sécuriser des subventions. Et oui, nous réfléchissons à avec qui nous allons travailler et tout, mais l’album est pratiquement écrit à ce stade. Du moins par moi, et nous travaillons encore sur certaines arrangements. Cela a été très amusant, cela me donne l’occasion de contacter des gens et de leur demander s’ils aimeraient prendre un café avec moi parce que je veux parler du prochain album. Donc j’ai l’impression d’avoir connecté avec certains musiciens montréalais cool dans le genre et la scène.
PAN M 360 : Avez-vous un nom pour le projet à venir ?
Nora Kelly : Pas encore de nom. Mais j’aimerais bien, mais oui, les chansons sont là. Il y a des éléments un peu gender-bending. J’approprie différents rôles de genre masculins dans certaines chansons. L’une parle d’être mineur dans les mines de sel du lac Huron, en Ontario, et l’autre d’être boxeur, vous savez ? Des choses comme ça.
PAN M 360 : Un tueur aussi ? Je me souviens avoir entendu une chanson de ce genre à votre spectacle.
Nora Kelly : Oh, l’une parle d’un mec odieux qui se fait tuer par son rendez-vous Tinder. Une ballade de meurtre, c’est un classique dans la country.
PAN M 360 : Je dois écrire une ballade de meurtre, moi aussi.
Nora Kelly : Oui, vous devriez. Je sais. Vous devriez, je pense que tout le monde devrait écrire au moins une ballade de meurtre.
PAN M 360 : Vous savez, c’est génial que vous vous amusiez avec tous ces personnages et tout. C’est une direction tellement intéressante et créative à prendre. Vous savez, beaucoup de gens chantent sur eux-mêmes, et beaucoup de gens ont cette propension à raconter des histoires. Vous devez beaucoup vous appuyer sur cela.
Nora Kelly : Oui, je m’appuie beaucoup là-dessus. Je pense que plus je deviens saine en tant qu’être humain, moins j’ai à écrire dans une chanson. Quand j’étais plus jeune, j’avais l’impression que tout était toujours très chaotique dans ma vie. Et j’avais beaucoup à mettre dans les chansons. Mais plus je vieillis, plus je dois me tourner vers la narration. Mais j’aime ça, en fait, et je pense que je deviens une meilleure auteure grâce à cela.
PAN M 360 : Oui, c’est vraiment cool. Et je me demande, y a-t-il une sorte de rituel dans lequel vous vous plongez pour écrire ?
Nora Kelly : Il est difficile de le réduire à une seule chose, mais une chose que j’ai remarquée, c’est que beaucoup de mélodies vocales et de paroles me viennent quand je me promène. Donc, récemment, j’ai abandonné mon iPhone pour un BlackBerry parce que j’ai remarqué que j’écoutais toujours de la musique ou des podcasts pendant que je me promenais. Et j’ai écrit beaucoup plus de chansons depuis que j’ai changé. Oui, je me promène juste, à l’ancienne.
PAN M 360 : Oui, eh bien, imaginez combien de personnes passent à côté de ça, vous savez ? Nous faisons tous cela, vous savez, nous nous distrayons tous de l’ennui.
Nora Kelly : L’ennui, c’est nul, je comprends. Et je veux juste écouter des livres audio sur des elfes fantastiques tout le temps ou quelque chose comme ça. Mais je n’écrirai aucune chanson et je ne serai pas vraiment aussi introspective que si je me forçais à le faire. C’est utile, mais ce n’est pas toujours amusant. Ce n’est pas toujours si amusant.
PAN M 360 : Alors, une excellente musique que vous voudriez que nous découvrions ?
Nora Kelly : Vous devriez écouter Wood Andrews, avec qui nous avons joué à ce spectacle. Je pense qu’il est vraiment spécial. C’est l’un de mes nouveaux amis, il joue une excellente musique country. Quels autres potes puis-je vous recommander ? Tonk est le meilleur groupe de style country, très similaire à R-Sound. En provenance de Vancouver, l’un de mes meilleurs amis joue dans ce groupe et ils font des trucs vraiment avant-gardistes. Vraiment fan de Gus Englehorn, c’est un peu comme les Pixies, des trucs bizarres.
PAN M 360 : Parfait. Et des concerts à venir ?
Nora Kelly : Eh bien, nous venons d’être sélectionnés pour Sled Island aujourd’hui ! À Calgary.
PAN M 360 : Eh bien, félicitations, merci beaucoup d’avoir pris le temps de parler à PAN M. Nous vous souhaitons tout le meilleur et nous espérons vous couvrir davantage à l’avenir, Nora !
Nora Kelly : Merci à vous tous.
Matana Roberts, que nous devons reconnaître comme une personne non-binaire, est devenu un leader conceptuel clair et puissant de cette musique au confluent de l’écriture contemporaine et de l’improvisation. L’artiste originaire de Chicago revient à Montréal, l’un de ses escales préférées où elle a déjà résidé, pour rendre compte (entre autres musiques) du 5ème chapitre de son ambitieux projet Coin Coin, lancé à l’automne 2023 sous étiquette Constellation.
Chaque partie de Coin Coin explore des contextes musicaux radicalement différents, des éruptions de free jazz et de post-rock du chapitre un au collage de bruit en solo du chapitre trois. Avec un nouvel ensemble imprégné de jazz, d’improvisation, de musique nouvelle et d’avant-rock, qui contribue à élargir la palette sonore existante du projet, Chapter Five ne fait pas exception, peut-on lire sur leur page Bandcamp..
Sur leur dernier enregistrement sorti en septembre 2023, Matana Roberts a été rejoint par son collègue saxophoniste alto Darius Jones, le violoniste Mazz Swift (Silkroad Ensemble, D’Angelo), le clarinettiste basse Stuart Bogie (TV On The Radio, Antibalas), le clarinettiste alto ;clarinettiste Matt Lavelle (Eye Contact, Sumari), le pianiste Cory Smythe (Ingrid Laubrock, Anthony Braxton), la chanteuse/actrice Gitanjali Jain et les percussionnistes Ryan Sawyer (Thurston Moore, Nate Wooley) et Mike Pride (Pulverize The Sound, MDC). L’album est produit par Kyp Malone de TV On The Radio, qui contribue également aux synthétiseurs.
Avant leur concert à Montréal le 8 mars 2024, Matana Roberts répond aux questions de PAN M 360.
PAN M 360 : Coin Coin Chapitre Cinq : In the garden…est votre dernier projet en tant que compositeur, improvisateur, saxophoniste et artiste visuel. Un album est sorti sur Constellation, il y a quelques mois. Alors, comment cet arrangement est-il » transcrit ; » dans une performance en direct ? L’instrumentation ? Interaction ? Geste?
Matana Roberts: Le travail n’est pas transcrit. C’est une combinaison de notation occidentale, de notation graphique, d’improvisation et d’une série de directives. Cela dépend vraiment du chapitre dont nous parlons. Le chapitre actuel n’a pas encore été joué, je ne peux donc pas encore répondre à toutes les questions, mais nous étudions les possibilités de le faire. Tous les chapitres représentent un langage sonore que j’essaie de codifier et qui s’appelle « panoramic sound quilting », et qui s’accompagne d’une série d’informations, de notations et de connaissances sur la musique improvisée et créative.
PAN M 360 : Comment décririez-vous brièvement l’évolution du vaste projet Coin Coin après 5 chapitres réalisés ? .
Matana Roberts: Tout ce que je peux dire, c’est que ce fut un véritable voyage qui se poursuit encore aujourd’hui. Je me sens très privilégiée d’avoir eu l’espace nécessaire pour créer ce travail, et je ne vois pas encore la fin !
PAN M 360 : Les motivations premières du projet Coin Coin ont-elles été préservées du point A à aujourd’hui ? .
Matana Roberts : Oui, en grande partie. Le travail de Coin Coin est un monument à l’expérience humaine, peu importe d’où nous venons, quel sang coule dans nos veines, nous sommes tous liés par les émotions, les épreuves et les tribulations de l’humanité.
PAN M 360 : Comment les nouveaux styles et influences musicales ont-ils également façonné le chapitre récent de votre vie créative, en tant que compositeur et artiste pluridisciplinaire ?
Matana Roberts : Je n’ai pas l’impression d’avoir été témoin de nouveaux styles ou de nouvelles influences, mais plutôt de la vie, de la vie, d’essayer d’avoir une existence holistique, de rester connecté à travers l’art et la communauté.
PAN M 360 : How your own human being and artistic identities have changed since the beginning of this project and how can we perceive it as listeners and observers?
Matana Roberts : J’évolue comme n’importe quel être humain. La seule option fiable que nous ayons est le changement. J’ai vécu de nombreuses expériences, de différentes manières, qui me permettent d’envisager une existence artistique. Je me sens très privilégiée de n’avoir jamais eu à me cantonner à un type de personne ou à une façon de faire.
PAN M 360 : : Les musiciens qui ont participé à votre dernier album sont assez éclectiques! ; Cela reflète également votre propre éclectisme et votre intérêt pour de nombreuses sources artistiques. Pouvez-vous nous parler des origines de ces différents collaborateurs et nous dire comment vous les avez rendus interactifs et créatifs ?
Matana Roberts : Quand ce projet sera terminé, il représentera une très large communauté à travers le genre, le support et simplement l’expérience de vie. Beaucoup des personnes qui figurent sur les enregistrements de Coin Coin représentent des gens que j’admire vraiment et qui m’ont aussi beaucoup soutenue pendant ma période de croissance, de changement et d’exploration de la créativité.
PAN M 360 : Bien sûr, une session d’enregistrement n’est pas une performance en direct. Vous pouvez inviter dans le studio des personnes qui ont d’autres activités, d’autres carrières solo ou d’autres engagements. Alors qui voyage avec vous ? Qui sont vos principaux collaborateurs en 2024 ?
Matana Roberts : C’est une question très difficile en 2024. De nombreux réseaux de musique sont en difficulté. Certains sont en train de mourir. Ce n’est pas beaucoup mieux dans les arts visuels. Je ne pense donc pas vraiment à ceux qui voyagent avec moi. Je pense simplement aux opportunités que je peux créer pour que davantage de musiciens et d’artistes puissent survivre. Je ne peux citer personne en particulier, car la liste serait trop longue et j’oublierais trop de personnes, mais je suis très reconnaissant d’avoir un grand nombre de personnes parmi lesquelles choisir, avec lesquelles créer et collaborer, et qui représentent des lieux, des perspectives et des inclinations très différents.
PAN M 360 : En tant que compositeur, Roberts s’inspire de stratégies associées à l’avant-garde de l’après-guerre, notamment les approches conceptuelles de John Cage et de Benjamin Patterson, membre de Fluxus, en matière d’écriture et de performance. Le travail immersif de Maryanne Amacher, dans lequel « le son et le corps collaborent presque », est une autre influence clé.
John Cage, Benjamin Patterson et Maryanne Amacher étaient des artistes visionnaires à leur époque. Nous comprenons que leur héritage avant-gardiste de l’après-guerre est crucial pour votre propre approche créative. Pouvez-vous nous donner quelques exemples de leurs visions compositionnelles au sein de la vôtre ?
Matana Roberts :Je ne suis pas en mesure de mettre en évidence quoi que ce soit qui ait un sens pour quelqu’un d’autre que moi. Dans l’ensemble, j’admire vraiment la façon dont ces artistes ont vécu et la manière dont ils se sont comportés et ont évolué dans leur travail. Je trouve leur présence dans et en dehors du canon profondément inspirante et fascinante, même tant d’années plus tard, après qu’une grande partie de l’œuvre a été créée. Pour moi, il semble qu’ils aient vraiment vécu leur vérité et qu’elle se retrouve dans leur travail.
PAN M 360 : Le projet visionnaire de Matana Roberts explore l’histoire afro-américaine à travers les ancêtres, les archives et les lieux. Tissant des éléments de jazz, de composition d’avant-garde, de folk et de spoken word, Roberts Porn raconte l’histoire d’une femme de leur lignée ancestrale, décédée à la suite de complications liées à un avortement illégal.
Depuis plusieurs décennies, la redécouverte de l’histoire afro-américaine reste très importante pour de nombreux artistes visionnaires afro-descendants. C’est toujours crucial et nous voulons savoir ce qu’il en est pour vous, en tant qu’être humain vivant en Amérique du Nord ?
Matana Roberts : J’ai vécu dans le monde entier et je voyage constamment. Je ne peux pas vraiment m’identifier à l’Amérique du Nord et me contenter de la revendiquer dans ma vision du monde à propos de mon travail. C’est là que je suis née, mais ce n’est pas là que je reste émotionnellement, personnellement et spirituellement. Je ne suis pas tant un citoyen américain qu’un citoyen du monde, et je prends cela très au sérieux. Il est également très important de souligner qu’indépendamment de ce que les gens continuent à dire sur le travail de Coin Coin, l’accent n’est pas mis uniquement sur l’histoire afro-américaine. La pièce de monnaie traite de l’expérience américaine, mais dans une perspective mondialiste plus profonde, et il est important qu’elle soit partagée. J’utilise ma propre ascendance comme point de départ pour aborder des questions humaines qui nous concernent tous, quelles que soient nos origines. Mon intérêt pour l’histoire n’est pas différent de celui de n’importe qui d’autre et ne devrait pas être limité culturellement comme certains le demandent. Je vous remercie de votre compréhension ;
L’histoire est cyclique. Tout ce qui se passe aujourd’hui, nous l’avons déjà vu auparavant, à d’autres niveaux, à d’autres moments, à d’autres rythmes, et nous devons nous tourner vers l’histoire pour apprendre constamment à aller de l’avant au lieu de reculer sans cesse.
PAN M 360 : À une époque où les droits reproductifs sont attaqués, son histoire prend une nouvelle résonance. ; Pouvez-vous nous donner quelques éléments supplémentaires de cette question à travers votre propre compréhension et votre réponse artistique à cette question ?.
Matana Roberts : La question est très claire sur le disque, et aussi dans les notes de pochette que j’ai personnellement écrites. Cela vaudrait la peine d’y jeter un coup d’œil, mais en gros, l’agence corporelle d’une personne lui appartient indépendamment de son sexe, de son genre, de sa race, de son statut social et économique. Votre agence corporelle ne devrait pas être dictée par l’État, et c’est là le problème.
PAN M 360 : En décortiquant des histoires de famille et en menant des recherches approfondies dans les archives publiques américaines, Roberts a créé un portrait tout en rondeur d’une femme qui est, comme le disent leurs paroles, « électrique, vivante, fougueuse, brûlante et libre ». Vous allez vous produire un 8 mars, qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être sur scène ce jour-là à Montréal ?
Matana Roberts : Je n’avais pas réalisé, avant que vous ne posiez cette question, que je venais jouer à Montréal le soir de la Journée internationale des droits des femmes. C’est très intéressant ! Mais dans l’ensemble, Montréal est l’une de mes villes préférées dans le monde. J’y ai vécu pendant un certain temps, elle m’a offert des choses spéciales, à maintes reprises, qui m’ont permis de réfléchir à ma propre éthique créative et à ma place dans le monde en tant qu’être humain. C’est l’une des rares villes au monde où, lorsque je me rends, j’ai l’impression d’être à nouveau chez moi, alors j’adore jouer à Montréal. J’aime venir au Canada et j’espère qu’il en sera ainsi pendant de nombreuses années encore.
PAN M 360 : Merci beaucoup pour vos réponses, Matana!
Matana Roberts : Merci beaucoup pour ces merveilleuses questions, tous mes vœux vous accompagnent !
Pianiste et directrice musicale de grand talent, Julie Lamontagne a longtemps roulé sa bosse dans l’écosystème musical québécois avant de prendre en main sa destinée de productrice et de record woman qu’elle est aujourd’hui. La voilà à la barre d’un tout nouveau label montréalais: Juliette recrute des artistes au féminin, exclusivement (ou presque) encadrées par des professionnelles sous la gouverne d’une musicienne au parcours exemplaire.
Dès l’enfance, Julie Lamontagne avait suivi en continu une formation classique de piano. À 13 ans, l’adolescente remportait le premier prix du Concours de musique du Canada. Au collégial et à l’université où elle se su se distinguer, elle fut l’élève de Lorraine Desmarais, d’André White et de Jan Jarczyk. Après quoi elle étudia à la Manhattan School of Music aux côtés de Garry Dial et auprès du pianiste légendaire Fred Hersch.
Son trio jazz fut très prisé au tournant de la décennie 2000, à l’Off-festival international de jazz de Montréal, elle remporte en 2003, le prix « Artiste de la relève ». Dans sa phase jazz, Julie Lamontagne a joué notamment avec le big band de Denny Christianson, Tony Royster Jr, Guy Nadon, Éval Manigat. Des albums de jazz enregistrés durant cette période témoignent de son talent supérieur en tant que soliste et leader d’orchestre: Facing the truth (Effendi) et Now what (Justin Time).
Après moult expériences acquises dans les grandes ligues du showbiz, Julie Lamontagne lance sa marque, sa patte: consacré exclusivement à la créativité musicale au féminin, le label Juliette est lancé ce 8 mars 2024, Journée internationale des droits des femmes. Sa fondatrice et propriétaire en cause à PAN M 360, dans une vidéo enregistrée à son quartier général.
Growl? Scream? Fry? Comment s’y retrouver dans toutes ces techniques vocales que l’on entend dans le punk, le métal et ses genres adjacents? L’écrivaine et animatrice radiophonique Jolène Ruest a recensé les femmes qui s’adonnent à ces techniques à travers le spectre de la musique underground et a créé la plateforme en ligne qui pourrait bien devenir l’outil de référence ultime pour les fans, les artistes et les équipes de programmation de spectacles : Gueuleuses.
Observatrice chevronnée des scènes musicales underground du Québec, Jolène a rencontré PAN M 360 pour répondre à quelques questions au sujet de cette plateforme qui sera officiellement lancée le vendredi 8 mars 2024.
PAN M 360 :Votre répertoire des gueuleuses va sortir ce vendredi. Ce projet s’inscrit-t-il naturellement en continuité votre ancienne émission de radio Jolène jase de gueuleuses à CISM? De quelle façon?
JOLÈNE RUEST : C’était juste une saison Jolène jase de gueuleuses, c’est drôle l’impact… C’est vraiment plus personnel. J’ai l’impression que Gueuleuses s’imbrique parfaitement dans mon parcours artistique et professionnel parce que c’est né de Spectacles Bonzaï qui est producteur du projet.
Après la saison de Jolène jase de gueuleuses, je continuais d’archiver plein de chanteuses qui scream et growl. Quand Colin a vu mon fichier Excel, il l’a envoyé au webmestre de Spectacles Bonzaï, puis il a dit « Moi j’aimerais ça, faire un site web avec ça ».
Et le webmestre, il était bien fan de Québec Punk Scene à son adolescence, donc il était comme « ouais, on fait un répertoire! ». Chez Spectacles Bonzaï on a aussi répertorié toutes les salles indépendantes du Québec. On aime ça lister des choses, visiblement! C’était le timing entre avoir travaillé pour Bonzaï et puis ce que je fais artistiquement.
Tu sais, dans tous mes livres, il y a comme des mentions de punk, de métal, de mosh pit. D’avancer cette réflexion-là, cette recherche-là, avec la job, on dirait qu’il y a un point qui se rencontre.
PAN M 360 :Comment l’idée du format d’un répertoire en ligne s’est-elle dessinée?
JOLÈNE RUEST : C’est vraiment parce que c’est notre troisième projet numérique chez Spectacles Bonzaï. Donc c’était déjà, en partant, dans la volonté que ce soit numérique.
Mais c’est drôle parce que Roxana de Your Last Wish, même si elle ne peut pas être au lancement, a tout de même voulu qu’on s’en jase et c’est exactement ça qu’elle m’a dit : « Mais là, ça va faire un livre ça? » Ah non, ça y est! Mais c’est une bonne idée. Mais je suis déjà sur d’autres projets d’écriture. J’avais déjà un projet d’écriture lié à la scène québécoise.
PAN M 360 :Est-ce qu’on parle d’un répertoire qui pourra être construit par la communauté internet, un peu à la Encyclopedia Metallum (metal-archives.com)? Y a-t-il un souci d’exhaustivité?
JOLÈNE RUEST : On ne peut pas être metal-archives à cause de la façon dont c’est informatisé. C’est vraiment compliqué de faire un Wikipédia ou faire un site où il peut y avoir plus qu’un gestionnaire de contenu. Ce que j’ai fait comme compromis… D’une part, je vais vers les gens. Je leur écris quand j’ai des doutes, pour diverses raisons. Avoir écrit à plusieurs gueuleuses, déjà je fais le pont pour avoir le contenu à la source, même si je ne l’ai pas nécessairement fait pour tout… Puis je vais le faire surtout après, parce que c’est plus simple à expliquer avec le site et du visuel.
Mais pour mieux répondre à la question, sur chaque fiche, on un bouton « suggérer une modification ». Pour moi, c’était vraiment très important, que ce soit ta chanteuse préférée ou que ce soit toi même, de pouvoir justement faire des modifications.
Mais c’est vraiment plus un point de vue informatique. On ne peut pas non plus s’embarquer dans un projet aussi complexe. Mais après, ça reste niché. Déjà juste la question : C’est quoi le gueulage? C’est très subjectif et ça va sûrement évoluer avec le temps.
PAN M 360 :Donc c’est vous la principale modératrice pour la recherche de nouvelles données?
JOLÈNE RUEST : Ouais. C’est clair qu’il va en manquer, au final.
Quand je parle de se questionner sur la notion de gueuler, le webmestre m’a dit : « Ah, la chanteuse de Against Me? » puis là j’étais comme « elle gueule tu, elle gueule pas? ». C’est sûr qu’elle chante fort là… et depuis je n’arrête pas d’y penser.
Mais tu vois, ça fait partie des conversations à l’interne. Sinon, Louise Girard, à l’époque, elle m’avait aidé. Et vu qu’elle va être présente au lancement, je lui ai repartagé la liste. Elle m’a renvoyé un band de l’Estrie qui n’a qu’un album sur YouTube. On est dans le pointu de la découverte.
J’espère que les gens seront au rendez-vous pour participer à la chose, parce qu’à chaque fois que j’ai eu des réponses de gueuleuses, c’était très positif et très très généreux. Mais sinon j’ai essayé quand même un peu de m’entourer. Il y a Christine Fortier aussi, qui m’a fait des suggestions.
Il y a tellement d’autres sites blogs qui l’ont fait par le passé, puis qui ont arrêté de faire des mises à jour, d’autres qui le font actuellement, d’autres qui le font seulement dans le punk, ceux qui le font dans le métal, etc. Ve serait vraiment pas humble de ma part de ne pas être reconnaissante de tout le travail de tous plein d’autres fans. Pour moi, c’est de mettre en valeur un effort collectif web et humain aussi sur le terrain là.
PAN M 360 :Quel rôle espères-tu que cette nouvelle plateforme puisse jouer au sein des scènes de musiques extrêmes?
JOLÈNE RUEST : La découverte, tout simplement. On vient de le dire, il ne manque pas de découvertes. C’est sûr qu’on touche à différents genres musicaux qui ne se rencontrent pas nécessairement, donc je pense que ça permet aussi d’aller chercher un large public.
C’est vrai que tu peux aimer le punk, mais ne t’aimes pas nécessairement quand ça gueule non plus. Il y a plein d’entrecroisements intéressants en termes de mélomanes puis de convergence vers un point en commun un peu inusité, le gueulage au féminin.
Mais sinon, d’avoir plus de représentation des femmes, des personnes de minorités de genre, c’est sûr que ça peut devenir un outil pour n’importe quel programmateur, radio ou festival. C’est une volonté d’avoir plus de femmes. Il y aura de moins en moins d’excuses pour dire qu’on ne les trouvait pas. En fait, tu es capable d’en trouver plein dans un milieu hyper niché, donc c’est cool.
PAN M 360 :À quoi peut-on s’atteindre lors de la soirée de lancement de vendredi au Quai des brumes?
JOLÈNE RUEST : À bien du fun!
J’ai l’impression que ça va être tous des amis, donc ceux qui ne le seront pas vont devenir mes amis. Il va y avoir des punks, des métalleux, des gueuleuses qui ne se connaissent pas du tout. J’ai invité toutes les gueuleuses du Québec pour qu’elles soient présentes! Après ça, c’est comme envoyer des lettres avec un pigeon : des fois ça se rend et des fois ça ne se rend pas!
Je pense qu’il va y avoir des rencontres inédites. Peut être que les chanteuses métal peuvent se connaître, mais tu sais, ils ne connaissent pas nécessairement les chanteuses punk. Je pense qu’il y a ce moment-là qui risque d’être très unique.
Sinon Kapitur, je sens que ça va être un bon spectacle. La rencontre avec Louise Girard aussi va être intéressante. Elle se prépare, elle est retournée dans ses recherches et on essaie de déterminer c’est qui les premières gueuleuses? On n’aura peut-être pas de réponse, mais c’est ça qui est le fun avec la soirée. C’est un moment où on construit l’histoire dans un angle féminin. Tu sais, elle n’est pas écrite! Il y a un petit peu de ça qui va se passer dans la soirée je pense.
PAN M 360 : Finalement, où est-ce qu’on peut entendre Jolène Ruest gueuler?
JOLÈNE RUEST : Sur la chanson « Pardon!? » de Ultra Vedge parue en 2021. Simon Gauthier, Il est gentil, il m’a invitée, mais moi je ne gueule pas très bien, donc je suis juste très reconnaissante. Mais j’attends les invitations!
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