Une voix qui virevolte comme un cerf-volant, du Radiohead mélangé à du post-rock, une touche de trip-hop et une bonne dose d’expérimentation : voilà les éléments qui constituent un album de O’Brother. Le tout aurait pu être réconfortant, mais c’est plutôt l’apocalypse qu’on entend arriver. C’est la course vers notre bunker, où une camisole de force nous attend. Et un choix à faire : la porter ou l’ignorer ? Elle nous regarde, réclamant qu’on l’enfile.
L’esprit maintenant doublement emmuré, on ne peut échapper à notre sort. Slipping, titre dépressif et tout en langueur, donne l’impression de tenir du verre brisé. Cristallin, affûté. Dangereux si on bouge trop vite. What We’ve Lost est de la même nature, avec ses paroles anxiogènes : « When the walls close in / you’ll take me into your final hours / after the wilting flowers / when your thoughts close in / will you remember what we lost? ». D’autres chansons évoquent également la perte de contrôle, avec des titres comme Killing Spree, Black Tide et Spill On The Carpet. Dans Leave Me Out, un amoureux nous annonce qu’il va nous quitter, et la scène semble se produire encore et encore. You and I : un disque terriblement efficace, redoutable, qui nous écrase au plancher et nous fait capituler devant les forces de la nature.