Le duo montréalais formé d’Anne-Marie Campbell et Simon Landry avait été remarqué avec enthousiasme à la suite du lancement de Cold Coast en 2014, puis de ses versions live et remixées en 2015. Six ans plus tard, le groupe nous présente Winter Love, un album-mosaïque aux styles soudés de manière singulière où la dream-pop et l’électro-pop incorporent des sons et arrangements rétro, soul et funk.
La voix de Campbell captivait déjà sur le premier album. Ici, on la retrouve suave et parfois altérée, notamment dans les couplets de la pièce éponyme. Elle continue de se distinguer sans conteste comme instrument à part entière tout en se mouvant dans les envolées atmosphériques des guitares et synthétiseurs. Selon la pièce, Campbell révèle avec désinvolture ou mélancolie les nombreuses déclinaisons du sentiment amoureux et des relations humaines qui habitent nos espaces d’intimité et de créativité. Sur First Thing in the Morning, elle chante « You make me want a new beginning, I know it’s a lot to confess », de même que sur Instant Classic « I want to be wrong, be right for you one day ». On repère dans les textes certains lieux bien de chez nous – Morin Heights, le Square Victoria – ce qui contribue à inscrire ces pièces dans l’imaginaire québécois et montréalais. Puis, un consentement implicite à la présence de cycles accompagne la trame des souvenirs et passages obligés qui sont évoqués, parmi ceux-ci les états d’âmes diurnes et nocturnes et le changement des saisons.
Winter Love est un album accompli qui invite aux réécoutes introspectives pour y saisir toute l’ivresse de ses rêves éveillés. En cette saison automnale, le moment de sa sortie n’aurait pu être mieux choisi.
