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Pays : France Label : Metal Blade Genres et styles : baroque / black metal / breakcore / death-metal / néoclassique Année : 2020
Igorrr

Spirituality and Distortion

· par Alex Labonté

Igorrr est le projet du « scientifique fou » français Gautier Serre (aussi membre de Corpo-Mente), et bien qu’il existe depuis 2005, le groupe ne se produit sur scène que depuis 2017. C’est lors de cette même année que Savage Sinusoid a été lancé, et cet album a causé toute une commotion au sein de la scène metal. Que nous réserve Igorrr maintenant ?

Le cœur de l’œuvre du groupe se base sur les contrastes : crasse et pureté, vulgarité et raffinement, saccadé et fluide, violence et douceur. Des ambiances pour le moins « bipolaires », mais, chose étonnante, on ne s’y perd pas pour autant, l’album étant plus unifié que le précédent. Sur Spirituality and Distortion, on retrouve de l’oud, du violon, de l’accordéon, du clavecin et du kanoun, en plus des habituelles guitares, batterie et basse présentes. Cela pourrait nous étourdir, mais on ne peut qu’applaudir cette variété. Dans le cas d’Igorrr, ça fonctionne. 

Les sonorités moyen-orientales siéent à merveille au son du groupe, comme en témoignent Camel Dancefloor, Overweight Poesy ou Downgrade Desert. Des passages baroques et des virées dans le breakcore alternent et se superposent sur Nervous Waltz, sorte de valse démente et surréaliste où la guitare est peu présente. Le son du groupe se situe malgré tout à la base dans le metal : black metal (Paranoid Bulldozer Italiano ou Kung-Fu Chèvre) ou death metal (Parpaing). Cette dernière aurait presque pu passer pour une chanson ordinaire dans ce style, jusqu’à ce qu’apparaisse un rythme déconstruit de chiptune sur lequel George « Corpsegrinder » Fisher (de Cannibal Corpse) s’époumone. 

Et comme si toute cette innovation n’était pas suffisante, la bande de créateurs cinglés a une autre particularité : celle de ne chanter dans aucune langue connue. Gautier Serre, Laurent Lunoir et Laure Le Prunenec utilisent un langage créé à partir d’émotions spontanées et de l’intuition (à part pour les titres des chansons). On peut voir le dictionnaire ici. Particulier.

Bref, Spirituality and Distortion aurait vraiment pu se perdre dans ses propres méandres, mais l’urgence créatrice schizophrène qui émane du produit final se savoure note après note, et ce, dès la première écoute.

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