Des beats, du jazz et de la soul : c’est ce que nous offre SAUL, un duo formé de Jack Stephenson-Oliver – claviériste de Vels Trio – et Barney Whittaker, mieux connu sous son pseudonyme Footshooter. Comme leur premier EP, Mutualism est riche en rythmes syncopés et les collaborations sont à l’honneur, avec la présence de quelques-uns de leurs ami.e.s musicien.ne.s des scènes jazz et hip-hop de Londres et de Melbourne.
La première pièce, The Light, est chantée par Allysha Joy, membre du collectif australien 30/70. Le chant rauque et chaleureux de Joy est encouragé par des claps, des shakers et le rythme frénétique des hi-hats. Le piano Rhodes et la basse sont joués de manière on ne peut plus class, comme pour demeurer à la hauteur de cette voix inspirant le respect. Ensuite sur Can’t Wait, le saxophoniste James Mollison, membre d’Ezra Collective, balance sans prétention de longues notes soutenues. Ainsi s’installe une valse de motifs entre les synthés et le saxophone. À mi-parcours, Mollison se lancera dans une improvisation exultante. Sur Flowers, c’est la performance de la DJ, rappeuse et productrice Lex Amor qui rend la pièce si bonne. Artiste aux influences R&B et dont l’accent nord-londonien est saillant, ses paroles se déversent de sa voix intimiste. Le rythme de la pièce est organique : on pourrait presque le méprendre pour un battement de cœur. Puis, sur Coalesce, l’artiste sud-londonien Natty Wylah cherche à répondre aux grandes questions existentielles dans un rap ponctué de breaks : « Don’t you want to find somewhere better, somewhere different… » Des synthés Moog aux mélodies qui se chevauchent et une basse au groove indiscutable soutiennent cette pièce rayonnante, à la poésie éloquente et libérée. La dernière pièce, Breaking Moon, est chantée par aden, multi-instrumentiste d’origine new-yorkaise et établie à Londres. Mêlant les mélodies vocales et le spoken word, on découvre avec étonnement l’étendue et les fioritures de sa voix alors que progresse la pièce. Le contraste entre le rythme effréné de la pièce et la force tranquille d’aden est saisissant.
Mutualism confirme la raison d’être de SAUL et nous convainc de sa pertinence : fidèle au titre de l’album, le temps d’une chanson, ce duo ouvert d’esprit devient la douce moitié d’artistes à la notoriété variable mais au talent certain. Et tout le monde en ressort gagnant.