Boulons, cicatrices, électricité… on pourrait presque croire que Wayne Static est toujours vivant avec Project Regeneration de Static-X. Cet album aux allures de Frankenstein est le premier du groupe en 11 ans, et pour cause : le chanteur est décédé en 2014 d’une overdose. À la suite d’une tournée avec les membres originaux survivants (Tony Campos, Koichi Fukuda et Ken Jay) pour fêter les 20 ans de Wisconsin Death Trip en 2019, le groupe a retrouvé des bandes de chansons restées inédites. On entend donc ici les derniers enregistrements de Wayne Static, issus des maquettes de la période Start A War et assemblés par ses comparses.
On a le sentiment d’être face à une sorte d’épouvantail monté avec soin, où pas un brin ne dépasse. Le résultat est stérile, froid, clinique. Peut-être est-ce ce à quoi on peut s’attendre lorsqu’on tente de ramener un mort à la vie… Malgré une cohérence apparente et de nombreuses bonnes pièces, dont une ballade à la toute fin, on se demande quelles sont les intentions réelles derrière ce projet, car ça frôle parfois le mauvais goût.
Par exemple, dans le clip Hollow, datant de février, Wayne Static apparaît en tant que squelette animé (portant toujours sa longue chevelure hérissée iconique). Ensuite, dans celui d’All These Years, Xer0, le mystérieux nouveau frontman du groupe, se cache derrière un masque « zombifié » de Static. Commémoration macabre ? Célébration d’un héritage musical ? Stratégie marketing exploitant la nostalgie ? Façon étrange de vivre un deuil ? La frontière qui sépare le bon goût de la vulgarité est bien mince. Si le spectre de Wayne Static rôde autour de l’industrie musicale et de ce disque, on se demande bien ce qu’il en pense…
