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Kali Malone – Living Torch

· par Isabelle Marceau

Connue pour son répertoire d’orgue où elle met en œuvre des systèmes d’accords aux structures minimalistes, sur Living Torch, Malone se lance dans une exploration des timbres via des enregistrements de trombone, de clarinette basse, une boîte à bourdon, un générateur de signaux sinusoïdal, un synthétiseur ARP 2500, un synthétiseur modulaire et le programme Pure Data.

Cet album de deux longues et riches pièces éponymes fut commandé par Portraits GRM, géré en collaboration avec Shelter Press, spécialisé en musique expérimentale, et INA GRM, le Groupe de Recherches Musicales, dont l’objet de recherche est le son et l’électroacoustique.

Vu les manipulations sonores de Malone, l’identification de certains instruments lors de l’écoute pourrait être trompeuse. Mais la présence de notes émises par le souffle, ainsi que la pression et le relâchement de cordes contribuent à construire un certain ensemble orchestral imaginaire.

Sur Living Torch I, des notes à la texture écorchée et jouées à bout de souffle semblent provenir d’une clarinette basse. Une boîte à bourdon produit des oscillations sombres pendant toute la durée de cette pièce ensorcelante, souterraine. Les oscillations se poursuivent sur Living Torch II, mais des cordes pincées jouées en boucle s’y ajoutent : cette combinaison évoque la vielle à roues, instrument à cordes médiéval joué à l’aide d’une manivelle. Le souffle de notes soutenues et synchrones est un probable duo de clarinette basse et de trombone. Puis, la mélodie monte en un crescendo de distorsion statique, créant une cacophonie aux couches multiples.

L’album réussit à nous faire apprécier ces textures de sons tout en évoquant l’illusion de la linéarité. Sans impatience, comme sous hypnose, son écoute s’apparente à l’observation de longs fils générés à l’infini, s’enroulant sur eux-mêmes ou s’étirant dans le vide.

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