×
Pays : États-Unis Label : The Null Corporation Genres et styles : ambient / drone / électronique / expérimental Année : 2020
Nine Inch Nails

Ghosts V-VI

· par Roxane Labonté

Dans la foulée du #Stayhome et douze ans après Ghosts I-IV, Nine Inch Nails nous invite à nous évader en nous offrant gratuitement un abum double contenant plus de 2 h 30 (!) de musique instrumentale. Ici, le groupe ne nous offre pas une simple escapade, mais bien un environnement sonore qui reflète les événements entourant la pandémie. Comme s’ils portaient le poids du monde sur leurs épaules, Trent Reznor et son collaborateur de longue date Atticus Ross nous invitent plutôt à regarder directement dans l’inéluctable série d’événements alarmants qui se déroule devant nous.

Toutefois, enfilez vos combinaisons, car on sort dans l’espace avec Ghosts V-VI. On se retrouve en orbite autour de l’angoisse, avec une pléthore de pièces cryptiques, lancinantes, voguant sur l’ambient et parfois vers le new age, avec quelques moments de drone. Rien d’extraordinaire cependant, on reste dans l’exploration de sons éthérés et d’ambiances glauques créés à l’aide de synthés, de pianos parfois désaccordés, de rares guitares et d’échantillonnages obsédants. Les pièces comportent des fréquences anxiogènes – Hope We Can Again donne carrément des acouphènes.

NIN possède toujours cette capacité de créer une impression de menace imminente en arrière-plan, peu importe la douceur apparente de certaines des pièces… comme un ennemi géant et invisible qui approche peu à peu, caché par une soie épaisse. La tristesse est aussi flagrante; les grandes mains de Reznor savent aller au fond de notre cerveau pour en extraire les larmes cachées et ainsi irriguer les canaux de nos yeux asséchés.

Dans la deuxième partie, appelée Locusts, les murs se referment encore plus sur nous, si une telle chose est possible. Les titres oppressants comme Trust Fades, Your New Normal ou Turn This Off Please contribuent à la chose. The Cursed Clock, avec ses notes incisives qui vrillent le crâne, en est aussi un bon exemple. Des cuivres inquiétants sèment la zizanie et nous entraînent au cœur des ténèbres sur Around Every Corner et The Worriment Waltz. L’album termine sur Almost Dawn, avec un battement de cœur. Ou… seraient-ce les pas de ce spectre qui a finalement pris chair ?

Inscrivez-vous à l'infolettre