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Neptunian Maximalism

Éons

· par Roxane Labonté

Neptunian Maximalism (aussi écrit NNMM), collectif belge œuvrant dans le drone metal, le free jazz et la musique psychédélique, explore rien de moins que l’évolution de la race humaine à travers son triple album Éons. La toile Vajrabhairava, du peintre japonais Kaneko Tomiyuki, figure comme pochette d’album. Cet oni (démon) aux multiples visages et aux bras de serpents caractérise bien le concept de NNMM, qui bifurque à gauche et à droite sous d’inquiétants auspices.

Pendant plus de deux heures, on est entraîné à travers de sombres couloirs dont on ne sort pas indemne. Une transe est induite dès la première partie, To The Earth (Aker Hu Benben), où ces bien étranges maîtres dégageant une aura occulte et spirituelle nous montrent le chemin. On repère un filon d’or traversant les murs épais, dessiné par les cuivres qui illuminent les abysses pour créer un orchestre drone-jazz délirant. 

Au niveau vocal, Éons se caractérise par des invocations chamaniques (et l’appel aux esprits des anciens, paraît-il), des cris inspirés de bruits d’animaux et… le protolangage des homo sapiens tel que reconstruit par Pierre Lanchantin (un chercheur et archéologue britannique de l’Université de Cambridge). Des chants de gorge occasionnels se mêlent aussi à ces litanies blasphématoires. Dérouté ? On peut certainement l’être.

Dans la deuxième partie, To The Moon (Heka Khaibit Sekhem, l’ensemble de cuivres tonitruant se fait un peu plus discret, le groupe naviguant dans les eaux noires mais toujours mystiques de son stoner/doom metal. La section rythmique prend une plus grande importance ici. Les plaques tectoniques bougent sous nos pieds, de la lave se promène, grâce à une plus grande présence de la basse. Les percussions déconstruites et saccadées apportent encore plus de notions tribales à l’ensemble. Les pièces sont parfois bien informes et on se demande ce qui est improvisé et ce qui est composé.

To The Sun (Ânkh Maât Sia), troisième et dernière partie, présente un travail sur le pouvoir des fréquences, des tonalités et des vibrations avec le drone comme point central. Ces méditations aux allures de rituels impies ont de fortes ressemblances avec la musique de Sunn O))). Bref, de la Terre, en passant par la Lune, jusqu’au Soleil, du drone, au jazz, vers le metal, ça s’en va dans tous les sens, mais ce chaos est si bien organisé qu’on arrête de vouloir le comprendre intellectuellement. On le ressent, un point c’est tout.

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