Mirabelle : retour aux sources

Entrevue réalisée par Arielle Caron
Genres et styles : ethereal wave / folk / synth-pop

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Mirabelle, que nous avons d’abord connu en tant que Laurence Hélie, a abandonné ce nom en 2020 pour se diriger vers une musique complétement différente. En effet, elle nous a surpris avec son premier album Late Bloomer, dont le mélange de synth-pop et d’ethereal wave s’éloigne drastiquement du country-folk avec lequel nous l’avions découvert.

La chanteuse beauceronne revient en force aujourd’hui avec un nouvel EP de cinq chansons, Flickering Lights, dans lequel nous pouvons observer un certain renouement avec la musique sortie sous le nom de Laurence Hélie.

PAN M 360 l’a rencontrée afin de parler avec elle de Flickering Lights, de son processus de création et de son processus de réconciliation avec son ancienne musique.

PAN M 360 : Ta musique a beaucoup évolué lorsque tu es passée de Laurence Hélie à Mirabelle. Comment penses-tu qu’elle a changé depuis ta première sortie en tant que Mirabelle en 2020?

Mirabelle : Quand j’ai décidé de changer de nom, il fallait vraiment que je fasse une coupure totale avec Laurence Hélie pour pouvoir aller plus loin dans mes idées. J’avais besoin de me trouver, de m’écouter et d’arrêter de faire des compromis. Maintenant que cette coupure a été faite, je me suis donné le droit de retourner aux sources avec l’EP. Par exemple, même si je compose toujours à la guitare acoustique, j’ai décidé de lui laisser une plus grande place sur l’EP. Quand je fais de la musique, c’est important que je fasse ce que je veux. L’industrie de la musique impose parfois des contraintes, mais moi j’ai décidé de faire les choses comme je le sens, car c’est ce qui me fait du bien.

PAN M 360 : De quoi Flickering Lights parle-t-il?

Mirabelle : J’ai écrit l’EP à l’automne et l’hiver 2020, peu de temps après la sortie de Late Bloomer. À ce moment, je vivais beaucoup d’anxiété à cause de la pandémie. Comme beaucoup de gens, je me sentais un peu prisonnière à Montréal. Je viens de la Beauce, donc je m’ennuyais des grands espaces, de mes parents, de ma maison. L’écriture des chansons m’a comme servi d’antidépresseurs. À chaque jour, je m’asseyais par terre avec ma guitare dans la salle de bain, qui me servait un peu de studio. C’est comme si j’avais besoin de me retrouver, de respirer. Je me suis enfermé pour écrire des chansons sur mon besoin de respirer (rires). L’anxiété que j’ai vécu pendant la pandémie n’est pas le thème de l’album, mais c’est ce qui lui a fourni l’inspiration.

Il y a beaucoup de nostalgie de mes chansons. « Acid Rain » parle de l’époque avant l’arrivée des téléphones cellulaires, qui me manque beaucoup parfois et « Good Sad Story » parle de comment que je m’ennuie de mon village. Ma préférée est « Worry Stones », qui parle des moments quand ça ne va pas bien.  

PAN M 360 : Quel a été ton processus créatif pour la création de l’EP?

Mirabelle : Au début, je suis entrée en studio avec Warren Spicer et Christophe Lamarche-Ledoux, qui ont co-réalisé les chansons « Acid Rain » et « Good Sad Story ». J’écoutais avec eux les démos que j’avais enregistré dans ma salle de bain, et on voulait absolument conserver leur essence ; c’est pourquoi on a décidé de laisser une plus grande place à la guitare acoustique.

Jean-Philippe Fréchette, connu en tant que Navet Confit, a co-réalisé les trois autres chansons de l’EP. Nous sommes des amis de longue date ; on a appris à jouer de la musique ensemble et on avait un groupe de musique au secondaire. L’amitié n’a pas changé, on a la même complicité qu’avant. Il me supportait dans mes idées pour l’album, même si elles pouvaient avoir l’air farfelues.

Ça a été éparpillé sur un an, parce que les choses commençaient tranquillement à reprendre dans l’industrie. Warren est dans un groupe, donc on le voyait seulement deux ou trois jours à la fois, puis on ne le revoyait pas pendant plusieurs mois. Bref, la création de l’album a été longue et éparpillée, mais j’en suis très fière.

PAN M 360 : De quoi t’es tu inspirée? As-tu des influences musicales?

Mirabelle : C’est drôle, mais quand j’écris de la musique, je n’en écoute pas ; je suis vraiment dans mon petit monde. Par contre, je pense que les albums evermore et folklore de Taylor Swift, m’ont aidé à renouer avec ma guitare. Aussi, je pense que je ne me départirai jamais de mon éducation grunge. Ma façon d’écrire des chansons et de chanter seront toujours influencées par la musique que je faisais à l’adolescence. On dirait que ça reste en nous pour toujours. Mon inspiration des années 90 a toujours été là, même quand je m’appelais Laurence Hélie.

PAN M 360 : Tu as sorti trois titres en français depuis que tu es passée de Laurence Hélie à Mirabelle. Après la sortie de Late Bloomer, tu avais mentionné à PAN M 360 que chanter en anglais te permettait d’écrire avec moins de retenue. As-tu réussi à surmonter ce besoin de te détacher de ta langue maternelle?

Mirabelle : Tout ça fait partie de la confiance que j’ai trouvée. Quand je m’appelais Laurence Hélie, je faisais souvent affaire avec des auteurs; j’écrivais ma musique, mais c’était souvent quelqu’un d’autre qui co-écrivait ou qui écrivait mes textes. Je pense que je n’avais pas le courage de le faire moi-même. Le fait d’avoir écrit un album en anglais m’a permis de m’affranchir et de m’assumer en tant qu’auteure-compositrice. J’ai vraiment du plaisir à écrire mes chansons. Je suis fière de mes textes, je trouve qu’ils me ressemblent. Quand je fais de la musique, je veux endosser à 100% ce que je fais, ce qui n’était pas tout à fait le cas quand je chantais les mots des autres. Il faut que ce soit naturel pour moi, et là ça l’a été.

PAN M 360 : Pourquoi ne voulais-tu pas chanter en français sur ton EP?

Mirabelle : C’est juste arrivé comme ça. Personne ne m’impose des contraintes. J’avais pensé à mettre une chanson en français, mais quand est venu le temps d’écrire les textes, ils sont arrivés en anglais et je n’ai pas voulu forcer la chose. Mais il y en aura d’autres!

PAN M 360 : Est-ce que ton ancien nom te manque parfois?

Mirabelle : Je pense que je n’étais pas heureuse là-dedans et que j’avais besoin de faire une coupure sèche avec Laurence Hélie. Cependant, l’autre jour, je préparais un spectacle avec un collègue et on a préparé une reprise de Laurence Hélie à la Mirabelle. J’ai vraiment aimé ça! Ça m’a fait quelque chose de réécouter la chanson pour la travailler et finalement je trouvais ça pas si mal. Il a fallu que je passe au travers quelque chose pour pouvoir revenir sur le passé et en être fière. Par contre, ça ne me manque pas, je n’ai jamais été aussi contente de ce que je fais depuis que je suis Mirabelle. Mais je regarde la musique de Laurence Hélie avec tendresse.

PAN M 360 : Quels sont tes plans pour 2023?

Mirabelle : J’espère faire des spectacles. Je ne veux pas arrêter d’écrire, parce que c’est ça qui me fait du bien. J’espère aussi retourner en studio. Ma compagnie de disque ne le sait pas encore, mais j’aimerais ça!

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