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Mat Vezio effectuera sa rentrée montréalaise ce mercredi au Ministère. Il s’agira du premier spectacle officiel de la tournée Couleur Ciel Ecchymose, qui est également le titre de son album le plus récent, sorti en mai dernier. PAN M 360 l’a rencontré afin de discuter avec lui de cet évènement qui s’annonce marquant.
PAN M 360 : Tu avais rencontré PAN M 360 peu de temps après la sortie de Couleur Ciel Ecchymose. Lorsqu’on t’a demandé si tu étais satisfait de ton œuvre, tu as répondu qu’il était trop tôt pour le savoir. Six mois après sa sortie, quelle est ta réponse?
Mat Vezio : Il y a plusieurs éléments à ma réponse. L’album en tant que tel, le vinyle, le CD et les chansons qui ont été enregistrées en studio entrent dans la même catégorie. Puis, il y a les spectacles, que je n’ai pas eu le temps de développer tant que ça après la sortie de l’album. Quand on a commencé à faire les chansons sur scène, ça a fait en sorte qu’elles se sont ancrées encore plus en nous, en tant que groupe. On se les est réappropriées, les chansons, on les a remaniées un peu, on a instauré une dynamique différente de celle de l’album. J’ai aussi reçu mon vinyle cet été, ce qui m’a mené à faire quelques écoutes, et avec le recul, je suis très fier de ce qu’on a fait. Ghyslain-Luc Lavigne a fait un travail de fou au mixage, et mes musiciens aussi. Quand tu es bien entouré comme ça, tu doutes moins.
J’ai souvent la même impression quand je fais des spectacles en tant que batteur : je ne suis pas satisfait sur le coup, mais en me réécoutant je réalise que ça s’est bien passé. Je pense que le problème, c’est que j’étais vraiment trop proche de l’album. J’ai fait les arrangements, j’ai écrit les textes et je l’ai réalisé, donc ça a fait en sorte que je n’étais plus capable de l’écouter. L’album était en nomination au GAMIQ dimanche pour « Album folk de l’année » et « Vidéoclip de l’année », donc je me dis que ça ne peut pas être si pire que ça!
PAN M 360 : À quoi peut-on s’attendre de ton spectacle au Ministère mercredi?
Mat Vezio : On a monté un spectacle complet, où mes trois albums vont être présentés. Ça fait presque un an qu’on le prépare, et dans le dernier mois, on a fait toute la préproduction avec une coach scénique et un metteur en scène. Le spectacle parle d’immigration, à travers mes origines et tout ça. L’entreprise Pestacle, qui fait la scénographie, a construit des décors. C’est quand même d’envergure, je n’ai jamais fait de spectacle avec des décors aussi intenses! Il va avoir quelqu’un aux éclairages et Alex Fallu sera au son. C’est une grosse opération avec plein de gens qui y participent.
Il n’y aura pas d’invités, ce sera juste nous trois. Je trouve qu’on a construit quelque chose de solide. La dynamique du groupe est vraiment agréable, et il n’y a pas de moments dans le spectacle qui semblent vides, ce qui peut arriver parfois, surtout lorsque les musiciens changent au fil du temps. Ce sont les mêmes musiciens qui m’accompagnent depuis plus d’un an, donc ça a créé une certaine stabilité. Quand je suis en avant sur scène, je suis en confiance.
PAN M 360 : Comment transportes-tu ton album sur scène?
Mat Vezio : Ça dépend. Il y a des moments où je me permets de garder une certaine douceur, mais j’accentue aussi les moments plus rocks de mes chansons. En étant trois musiciens, la dynamique est particulière. Mon claviériste joue avec ses deux mains et ses deux pieds, en plus de jouer de la basse et de chanter, et mon batteur joue aussi du synthétiseur. À un moment donné, tu ne peux pas trop leur en demander non plus! Ce qui reste pour dynamiser la chose, c’est la guitare, donc j’ajoute des solos, j’amène des sons différents comme ça. Quand l’album est sorti, j’avais tendance à aller vraiment plus dans le rock sur scène et de ne pas assumer les moments plus doux que j’avais créés. Mercredi, il va y avoir des moments plus intimes, acoustiques, et d’autres qui vont déchirer un peu plus.
PAN M 360 : Comment te sens-tu face à ta rentrée montréalaise mercredi? Nerveux? Excité?
Mat Vezio : J’ai vraiment hâte! Ça fait longtemps qu’on le prépare. J’étais en tournée en tant que batteur à travers le Canada pendant les dernières semaines, et j’avais hâte de revenir pour m’y mettre : la préproduction a commencé quand je suis revenu. On a fait deux bonnes journées de répétition en fin de semaine, où on a joué les chansons sans arrêt. Je suis bien entouré, donc ça me met en confiance.
PAN M 360 : Ton site internet mentionne que tu prépares actuellement un roman. Comment le projet a-t-il vu le jour? Que peux-tu nous dire sur celui-ci?
Mat Vezio : À la base, j’avais écrit un texte pour le magazine Zinc sur la misanthropie, et c’est à ce moment-là que la maison d’édition Le marchand de feuilles m’a demandé d’en faire un roman. Ça parle d’un enfant qui est dans un environnement un peu malsain du côté familial, où il y a de la violence conjugale ; le livre raconte sa perception des choses. Au début, il agit comme plus comme son père, puis éventuellement il réalise qu’il est beaucoup plus lié avec sa mère qu’il pensait. Je suis encore en train de l’écrire donc je ne peux pas t’en dire plus!
PAN M 360 : Comment trouves-tu ça, comme tu as l’habitude d’écrire de la musique?
Mat Vezio : C’est complètement autre chose! Dans la chanson, tu peux écrire des trucs plus abstraits, poétiques. Quand j’ai commencé mon roman, je pratiquais l’écriture automatique, mais tranquillement mon défi est devenu d’écrire quelque chose de plus concret. Le fait que ce soit un enfant qui parle dans mon roman, ça fait en sorte que je n’ai pas le choix de trouver des phrases simples et d’être très concis.
Pour la musique, je pars d’une mélodie que je chante un peu n’importe comment. Sur cette mélodie-là, il y a un piétage qui se crée, et les contraintes pour les paroles sont particulières parce que j’essaie de les intégrer à la mélodie. Avec le roman, je ne pars de rien. Je dois avoir un laisser-aller beaucoup plus grand, car je ne peux pas m’attendre à ce que ce soit bon tout de suite. Ça crée aussi de belles surprises : mon personnage est complètement ailleurs que ce que j’avais imaginé.
Quand j’écris des paroles de chanson, c’est comme si j’avais des émotions qui s’accumulent en moi, et quand elles débordent, je les mets sur papier. Pour l’écriture de roman, je ne peux pas attendre que ça déborde; il faut que je m’assoie et que j’écrive.
PAN M 360 : Penses-tu que c’est quelque chose que tu pourras refaire?
Mat Vezio : Je vais assurément le refaire! J’ai déjà d’autres projets d’écriture en tête. L’écriture, c’est quelque chose qui est arrivé en premier dans ma vie. La musique était présente parce que mon entourage en faisait, mais j’ai découvert l’écriture par moi-même. Je me suis toujours senti plus près de l’écriture que de la musique. Quand j’ai commencé à jouer de la batterie professionnellement, c’est comme si je m’étais installé dans une sorte de confort, et j’ai pris une pause d’écriture pendant très longtemps. C’est quand j’ai voulu m’y remettre que l’occasion d’écrire un livre est arrivée.
PAN M 360 : Qu’envisages-tu pour la suite de ta carrière? Qu’est-ce qui s’en vient pour toi?
Mat Vezio : Je ne sais vraiment pas! C’est vraiment bizarre la musique, ce n’est pas comme si tu travaillais dans une banque, par exemple, ou dans n’importe quel endroit où il y a des échelons clairs que tu peux monter. C’est une courbe qui monte et descend, et elle n’est pas influencée par l’effort que tu mets ou le talent que tu as. C’est sûr que j’ai des attentes envers moi-même, par rapport à ce que je veux offrir aux gens musicalement, mais je ne peux pas avoir des attentes par rapport à ma carrière, parce qu’elle peut arrêter demain matin. C’est sûr que je vais continuer à faire des albums, mais prochainement, je vais mettre l’effort sur l’écriture de mon roman, et je verrai après où tout ça va me mener. Je vais prendre ça une chose à la fois, et quand j’aurai le goût de recomposer, ça va venir. J’ai déjà une pensée pour le prochain album, mais pour l’instant je laisse ça aller.
Photo : Camille Gladu-Drouin.
MAT VEZIO SE PRODUIRA AU MINISTÈRE LE MERCREDI 30 NOVEMBRE 2022, À 20 H. INFO ET BILLETS ICI.
