blesse et l’album « normal », l’après Zen Bamboo

Entrevue réalisée par Arielle Caron
Genres et styles : pop-rock / power-pop

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Léo LeBlanc, Charles-Antoine Olivier et Xavier Touikan, tous issus de Zen Bamboo, reviennent  en force après la dissolution du groupe en 2020. 

Plutôt que de s’apitoyer sur leur sort, les trois musiciens ont été pris d’un élan de créativité et se sont mis au travail, laissant leur passé derrière eux. Ils sont maintenant blesse, et proposent une pop-rock abrasive aux accents hyperpop. 

Qui dit nouveau nom dit nouveau départ, nouvelles expériences et nouvelles occasions. 

PAN M 360 a pu discuter avec les trois musiciens de cette transition et de leur premier album normal, qui paraîtra le 24 mars prochain. 

PAN M 360 : Pour commencer, pouvez-vous nous parler de normal ? Qu’est-ce que vous abordez dans ce premier album?

XAVIER : Quand on a commencé, c’était pas longtemps après la fin de l’autre band, donc l’album englobe un peu cet état d’esprit. C’était un moment assez émotif pour nous, donc on a exprimé ces émotions. L’album est un mélange de ça et de n’importe quoi d’autre qu’on peut vivre. Comme on est les trois à écrire les chansons, les sujets sont un peu hétéroclites.

CAO : Comme Xav l’a abordé, ça a été un moment quand même touchant, parce que dans notre ancien groupe, ça faisait 7-8 ans qu’on avait un rôle de musiciens. Léo était guitariste, moi j’étais drummer, Xav était à la basse, et on ne dérogeait pas vraiment de ça. Puis quand le groupe s’est dissous et qu’on a continué à trois, la personne qui écrivait les chansons n’était plus là. Si on voulait continuer à faire de la musique, il fallait que ce soit nous qui écrivions. Ça a été un moment touchant de prendre  la parole. On a commencé à valoriser notre point de vue sur le monde, sur nos émotions, sur notre vie. Ça a été comme une émancipation artistique . Ça a été prolifique, parce qu’on voyait la vie d’une autre façon. Ça nous a mené à transférer ces émotions dans la musique et dans notre technique de production, qui ont évolué dans un melting pot.

LÉO : C’étaient des trucs nouveaux,  l’écriture de chansons, on nl’avait jamais fait ça avant. On vivait cette expérience-là à trois, cette nouveauté-là. Aussi, musicalement,  il y a beaucoup de choses qu’on aurait aimé essayer avant, mais qu’on ne s’était pas permis. On a saisi ce nouveau départ pour essayer tous les trucs qu’on trouvait excitants. C’est vraiment comme un vent de fraîcheur, on se sentait sur une nouvelle vague, une nouvelle drive.

CAO : On a écouté beaucoup de musique aussi. On s’est partagés tous nos albums préférés des cinquante dernières années, et on a cherché tout ce qu’on aimait le plus en musique. Puis, on a essayé de constituer notre langage avec ça.

PAN M 360 : Comment la création de l’album s’est-elle déroulée? 

XAVIER : Souvent, quelqu’un arrivait avec une petite base d’idées, comme des paroles et quelques accords. Après, on se mettait à trois et on essayait directement de réaliser la chanson. On passait des heures et des heures à faire des démos vraiment extensifs qui ressemblent beaucoup à la version finale. Puis, il y a plein de nouveaux trucs qui s’ajoutaient. Pour quasiment toutes les chansons, ça finissait par dévier de la chanson originale. On peut dire que c’est un album qu’on a découvert en le faisant.

CAO : Les émotions qu’on vivait en faisant les démos, l’arrangement et la production nous aidaient à écrire la chanson. On prenait alors un instrument acoustique et on pouvait vraiment la solidifier. On avait déjà de l’huile dans le moteur pour bien les écrire. Il y avait déjà un lien avec comment la chanson allait sonner, ça nous aidait. On faisait souvent des aller-retour : on écrit un peu, on arrange, puis l’arrangement nous donne une nouvelle idée pour l’écriture, et l’écriture nous donne une nouvelle idée pour l’arrangement, jusqu’à ce que ça forme un tout cohérent.

PAN M 360: Qui fait quoi dans le processus? Comment faites-vous pour mettre vos idées ensemble?

XAVIER : On a tous un peu nos forces et nos faiblesses. On travaille souvent en ce qu’on appelle des « shifts ». Quand quelqu’un a une idée, il va sur l’ordi et il essaie des trucs. On met un timer, et après on change de shift.

CAO : On travaille beaucoup à partir d’un ordinateur et d’un clavier MIDI. Dans le fond, c’est un peu comme si on transportait le studio avec nous. On est constamment dans une méthodologie qui rappelle l’enregistrement et le studio plus que les répétitions. On ne joue pas vraiment de musique ensemble quand on fait un album ; on travaille plus en faisant les arrangements sur l’ordinateur, donc on est plus des réalisateurs. On ne se limite pas à nos instruments non plus ; ça peut être moi qui fait les drums une fois, puis l’autre ce sera Xav ou Léo.

Xav : C’est sûr que quand on a enregistré l’album en studio avec Valentin Ignat, on a pas mal joué nos rôles de base. CAO a joué quasiment tous les drums, j’ai pas mal joué toute la basse et Léo a pas mal fait toutes les guitares. Mais au moment de la création, tout le monde fait ce qu’il veut.

PAN M 360 : Donc, vous créez chacun de votre côté au début?

CAO : Oui. Quand toutes les idées sont là, mais que ça ne sonne pas comme on veut, on va travailler en studio avec un réalisateur, on va refaire les idées qu’on avait et peut-être les pousser encore plus loin. C’est sûr que si tu réunis quatre têtes créatives, il y a des nouvelles idées qui arrivent.

PAN M 360 : Comment ce processus créatif a-t-il changé depuis que vous êtes passés de Zen Bamboo à blesse?

LÉO : C’est un 180 degrés. Avec Zen, on montait les chansons en jouant de nos instruments. Quand on a fait les premiers démos pour Glu, on n’en avait jamais fait avant. Ça nous a permis de comprendre que tu peux faire des démos. (rires) Après, avec blesse, c’était vraiment notre outil de composition.

PAN M 360 : Nous avons déjà pu écouter quelques extraits de normal, dont la chanson creusercreuser. Comment cette collaboration avec Sophia Bel a-t-elle vu le jour?

XAVIER : On s’est juste dit que ce serait cool! (rires) La chanson sonnait un peu punk-rock, et ça allait tellement bien avec son esthétique. On aime beaucoup ce qu’elle fait.

CAO : La chanson a été écrite avec en tête une question de deux personnages qui ont la voix principale et qui échangent.

XAVIER : À la base, c’était moi et Léo qui la chantions, et il y avait déjà le concept de question-réponse et du refrain harmonisé. C’est après ça qu’on s’est dit qu’on pouvait faire une collaboration.

LÉO : On s’est dit que s’il y avait quelqu’un d’autre de moi qui devait la chanter, ce serait Sophia Bel! (rires) C’était un peu comme un éclair de génie. Il n’y a pas eu d’autre option. Si elle le voulait, il fallait que ce soit elle. Finalement, quand on l’a faite, c’était encore plus malade que ce qu’on pensait.

PAN M 360 : Le lancement de normal aura lieu le 30 mars prochain à la Casa del Popolo. À quoi peut-on s’attendre de ce spectacle?  Comment transportez-vous l’album sur scène?

XAVIER : On va jouer tout l’album. Ça devrait sonner quand même comme l’album, avec des petites différences. C’est le processus en ce moment ; vu qu’on ne le jouait pas vraiment avant, il faut le travailler encore plus pour l’adapter en live. Il y a beaucoup de travail pour trouver des réponses à certains trucs, pour que ça sonne le mieux possible. Je pense que tu ne sais pas à quoi t’attendre quand tu vois le spectacle. C’est une démarche qu’on explore. Ce que je trouve intéressant, c’est de voir comment on se débrouille pour jouer ces chansons-là. On est juste trois dans le band, mais on a enregistré comme si on était 200! (rires)

LÉO : Quand on a commencé à réaliser les chansons en studio, on ne voulait pas faire de compromis sur l’album pour le jouer en live. On voulait juste faire la musique qu’on voulait faire. Après ça, on savait qu’on allait devoir travailler avec.

CAO : On a dû dealer avec le fait qu’on n’est pas assez de têtes pour jouer ce qu’il y a sur l’album. C’est un peu ça le défi principal, et ce qui va rendre ça unique.

PAN M 360 : Comment s’est faite la transition de Zen Bamboo à blesse?

XAVIER : C’était à la fois dur et facile. C’est un band qu’on avait pendant six ans, c’était un peu comme un premier amour, donc c’est sûr que c’est difficile de se séparer de ça. Mais, d’un autre côté, il y avait des trucs toxiques là-dedans, donc ça a été facile de sortir de ça et de faire la musique qu’on voulait faire.

LÉO : Au début, c’était difficile de réaliser qu’on avait travaillé super fort sur quelque chose qui, d’un coup, n’existait plus. Mais ça nous a aussi permis d’avoir cette discipline dans blesse. Je pense qu’on a travaillé plus fort sur ce qu’on fait en ce moment que ce qu’on faisait avant avec Zen Bamboo. Cette transition nous a motivé à travailler fort.  

CAO : Ça a été beau en même temps, parce que ça a été une prise de parole à laquelle on n’avait pas eu accès avant. Ça nous a amené à être des artistes pluriels.

PAN M 360 : Finalement, qu’est-ce que vous envisagez pour la suite de blesse?

XAVIER : On veut faire des shows le plus possible, et continuer à faire de la musique. On n’arrête jamais. Il y a beaucoup de trucs de tout ça qui sont assez nouveaux pour nous, donc on est vraiment excités de voir comment ça va se développer encore dans le futur. C’est un monde de possibilités qu’on voit avec des nouveaux yeux.

CAO : On veut développer notre son encore et encore, et puis devenir des meilleurs auteurs.


LÉO : Je pense qu’on est rendus dans la partie apprentissage de ce projet-là. C’est une des parties les plus importantes. On est tout le temps en train d’apprendre, on va par l’avant. C’est vraiment un great feeling.

Le lancement de l’album normal aura lieu à la Casa del Popolo les 29 et 30 mars prochain. Les billets sont en vente ici!

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