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Beat Sexü : lentement et sûrement

Interview réalisé par Isabelle Marceau

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En février dernier, Beat Sexü lançait le EP Deuxième Chance sur lequel ses membres ont travaillé pendant la pandémie, faute de pouvoir faire la tournée qui était prévue à la suite du lancement de leur premier album intitulé Deuxième Fois. Mais ce fut, finalement, une occasion de plus pour eux de constater ce de quoi la formation était faite. De plusieurs matériaux, en fait: avant-pop, psych-pop, musica popular brasileira, tropicalia, funk, afro-pop, afro-latino et plus encore.

Roulant sa bosse sans prétention depuis de nombreuses années, on ne pourrait parler de Beat Sexü sans discuter du rôle essentiel qu’ont tenu les membres fondateurs au sein de la scène musicale de la ville de Québec…ce qui explique le parcours éclaté du groupe. Mais qu’à cela ne tienne : Beat Sexü n’est pas pressé.


PANM360 s’entretient avec Jean-Étienne Collin-Marcoux dans le cadre de la première prestation du groupe au FME le 3 septembre.

PAN M 360:  Vous êtes très connus dans la scène locale de la ville de Québec, et ce, depuis de nombreuses années. Mais pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas aussi bien, comment est né Beat Sexü et qu’est-ce que Pantoum, qui est central à la naissance de Beat Sexü?

Jean-Étienne Collin-Marcoux:  En effet, Beat Sexü et Pantoum sont intimement liés parce que les deux membres fondateurs de Beat Sexü, Jean-Michel Letendre-Veilleux et moi-même, avons également fondé le Pantoum en 2012. On était plusieurs musiciens émergents dans la ville de Québec à sentir qu’on avait besoin de créer quelque chose à Québec pour nous aider à mettre en commun nos ressources. On n’avait pas nécessairement accès à des studios d’enregistrement, parce qu’il n’y en avait pas vraiment à Québec ou ceux auxquels on aurait pu avoir accès étaient trop chers. Au niveau des salles de spectacles, il y avait le Cercle et l’AgitéE, mais il en manquait une avec une programmation qui tendrait un peu plus vers l’exploration et l’émergent. Et on ne sentait pas qu’il y avait un espace où l’on pouvait vraiment se rencontrer et partager. Notre idée était donc de créer un studio d’enregistrement et une petite salle de spectacle avec un espace où les musiciens pourraient se rencontrer et mettre leurs idées en commun. Au fil des années, c’est devenu un lieu de diffusion officiellement reconnu par les institutions gouvernementales et culturelles. C’est dans le balbutiement de tout ça que Jean-Michel et moi on a décidé de créer ce qui était au début un genre de collectif, mais qui est finalement devenu un groupe. On avait des groupes chacun de notre côté, mais on voulait faire une musique dansante qui nous permettrait de faire plus de shows dans les festivals. Et ça nous donnait une nouvelle occasion de créer, parce qu’après avoir démarré Pantoum, on a rencontré plein de monde et on avait de nouvelles idées.

PAN M 360: Plusieurs années se sont écoulées entre votre EP Première fois sorti en 2014 et votre album Deuxième fois sorti en janvier 2020; aviez-vous tellement à cœur d’aider les groupes de la scène locale de Québec que vous aviez de la difficulté à vous dire « ok, on se concentre sur Beat Sexü »?

Jean-Étienne Collin-Marcoux: C’est vraiment ça. Depuis Beat Sexü, Jean-Michel et moi on a commencé à jouer avec Anatole, un projet qui s’est beaucoup développé. Et Anatole nous a mené au projet d’Hubert Lenoir. J’ai aussi commencé à jouer beaucoup avec Gab Paquet. Jean-Michel a aussi développé des projets de son côté. La formation du groupe a changé aussi et se sont joints entre autres Odile Marmet-Rochefort, qui est vraiment devenue la collaboratrice du groupe, et ensuite, avec l’album et le dernier EP Deuxième Chance, on a fini par assumer qu’Odile en faisait vraiment partie. L’album Deuxième Fois, on ne le finissait jamais parce que j’avais des offres de tournées et le Pantoum se développait à une vitesse fulgurante. Aussi, en parallèle, on a démarré Pantoum Records. Donc, ce sont toutes des choses qui ont fini par prendre énormément de place. Reste qu’on a fini par prendre le temps de le faire! Mais ensuite il y a eu la pandémie, donc on n’a pas pu faire de tournée. On a donc décidé de faire un EP et ça a été super bénéfique pour l’esprit du groupe parce que ça nous a rentré dedans de finir l’album et de ne pas pouvoir faire les shows qui étaient planifiés. Mais on a réussi à revirer cela de bord et à se dire « ok, on va prendre ce temps-là pour revenir à nos sources, repartir à zéro et faire quelque chose de complètement différent ».

PAN M 360: Votre son maintenant, tu le définirais comment, particulièrement avec la venue d’Odile?

Jean-Étienne Collin-Marcoux: Je pense que le EP Deuxième Chance, contrairement à tout le reste, est plus mature et plus calme, même si c’est plus éclaté dans les idées. Reste qu’il est plus minimal dans les arrangements. Il y a moins de synthétiseurs : ce sont des voix qui sont utilisées. Odile est une chanteuse hors-pair. Au début elle est rentrée dans le groupe comme claviériste, mais finalement on s’est rendu compte que, puisque sa force principale était le chant, c’était plus bénéfique et qu’elle retirait beaucoup plus de plaisir et de satisfaction à chanter. Alors on a mis cela de l’avant. C’était moi qui chantais principalement dans le groupe et avec les années je me suis amélioré. Avec notre nouvelle collaboratrice, Marie-Ève Harel-Michon, on a vraiment développé l’utilisation des trois voix ensembles, il y a beaucoup plus de chants à l’unisson, et je pense que ça change vraiment la couleur du groupe. Avant, c’était plus axé sur les arrangements instrumentaux et sur la musique, tandis que ce dernier EP est vraiment plus axé sur des grooves de batterie et de basse qui sont très simples et qui ne prennent pas nécessairement trop de place. Ça respire beaucoup plus comme musique.

PAN M 360: Vous avez clairement un fan base à Québec, mais qu’en est-il à Montréal ou ailleurs? Et la pandémie interrompant la tournée de l’album, quels échos avez-vous eus malgré tout?

Jean-Étienne Collin-Marcoux:  J’en parlais justement récemment avec des amis à Montréal. Je pense que, dans la tête de beaucoup de gens, on est relativement un vieux groupe parce qu’on a fait les Francouvertes en 2015 et que dans le circuit montréalais et dans la musique francophone au Québec, ça fait quand même longtemps qu’on est là. À chaque été, même si on n’a rien sorti, on joue beaucoup. Et à chaque fois qu’on joue à Montréal il y a du monde, mais on n’a jamais tant fait déplacer de grosses foules. J’ai l’impression qu’on est le genre de groupe que les gens connaissent, que les gens apprécient et que c’est une croissance perpétuelle, mais très lente (rires) ! On voit toujours de nouveaux visages, des anciens aussi, et les gens suivent vraiment ce que le groupe fait. Alors je sens vraiment qu’il y a un intérêt. Et je sens que c’est comme ça aussi partout où on joue en province : il y a toujours du monde, on ne joue jamais dans des salles vides. On voit aussi que dans les statistiques d’écoute, c’est vraiment constant : les albums sont beaucoup écoutés. Et puisqu’on est impliqués dans d’autres projets, on ne voit pas Beat Sexü comme un groupe qui doit se développer dans l’urgence.

PAN M 360:  Comment envisagez-vous votre show au FME ? 

Jean-Étienne Collin-Marcoux:  J’ai vraiment hâte parce que c’est la première fois que j’y vais avec l’un de mes projets – et c’est drôle, on y va aussi avec Gab Paquet. Alors j’ai hâte parce que je vais soutenir mon projet et non le projet de quelqu’un d’autre. C’est dur d’envisager ce à quoi ça va ressembler avec ce qui se passe dans l’actualité en ce moment, mais si c’est fidèle à ce que j’ai vécu par le passé, je pense que ça va vraiment être agréable. C’est la première fois que Beat Sexü va jouer à Rouyn, alors on a hâte de découvrir ça et de voir comment ça va se passer.

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